F1 : la FIA adoube tout le monde pour le plafond budgétaire 2022

C’était un sujet chaud dans le paddock depuis plusieurs semaines, alors que des rumeurs circulaient sur d’éventuelles nouvelles infractions, mais la FIA a tranché et rendu son verdict : Les 10 équipes de Formule 1 ont réussi à respecter le plafond des coûts, qui pour 2022 a été fixé à 140 millions de dollars. Cette annonce est également irrévocable, aucune équipe ne peut porter réclamation sur ce résultat des audits FIA, d’autant que, contrairement à des cas d’infraction sportive ou d’incidents de course, la FIA n’a pas à dévoiler aux équipes les données financières confidentielles de leurs pairs.

Evitez une redite de 2021

Les équipes sont tenues de soumettre des comptes de leurs dépenses annuelles par rapport au plafond de coûts pour l’année au plus tard en mars suivant. Introduit dès le début de la saison 2021 dans le but de limiter les dépenses et d’assurer la viabilité à long terme du championnat, le règlement financier avait été mis à l’épreuve dès l’an passé, alors que Williams et Aston Martin, pour « manquement à la procédure », et surtout Red Bull, responsable d’un « manquement à la procédure et un dépassement financier mineur (moins de 5 % du plafond de coûts) » avaient été épinglés.

En conséquence, Williams et Aston Martin avaient reçu des sanctions financières, Red Bull avait été condamné à une amende plus importante ainsi qu’à une réduction de son allocation pour les essais en soufflerie de 10%, une sanction jugée bien clémente et dérisoire par beaucoup d’autres directeurs. Frédéric Vasseur, le team manager de Ferrari, avait récemment qualifié les sanctions infligées à Red Bull de « grosse blague ».

L’enjeu était important cette année, car c’est la viabilité et la confiance dans le plafond budgétaire qui étaient dans la balance. Certains craignaient que beaucoup d’équipes aient été tentées de dépasser les limites, ne craignant pas grand-chose suite aux sanctions pour Red Bull jugées clémentes et qui auraient fait jurisprudence, quand d’autres avaient émis des craintes sur la capacité des équipes à contenir leurs dépenses et à rester dans les clous dans un contexte d’inflation.

Des procédures de contrôle renforcées

Suite aux soumissions pour 2022, la FIA a examiné tous les documents de rapport soumis par chacune des 10 équipes et a ensuite délivré des certificats de conformité à toutes. Par rapport à la première année d’enquête, la FIA a accru les moyens humains alloués aux vérifications, a renforcé les points de contrôle, les contacts et les questionnements avec les équipes. « De plus, toutes les activités non liées à la F1 entreprises par les équipes ont fait l’objet d’un contrôle approfondi, qui comprenait de multiples visites sur place dans les installations des équipes et des procédures d’audit minutieuses pour évaluer la conformité au règlement financier.

Un verdict FIAble ?

Malgré ce satisfécit de la FIA, les suspicions ne retomberont pas si facilement, tout simplement parce qu’elles sont inhérentes au cadre ultra-concurrentiel de la F1 et à son histoire, jalonnée de tricheries, de manigances, de contournements des règles et d’arrangements en coulisses (rappelez-vous l’accord secret entre Ferrari et la FIA sur le moteur fin 2019). Certains diront que les équipes ont mieux appris à tricher et à faire mentir leurs écritures, d’autres diront que la FIA ferme les yeux pour ne pas être de nouveau décrédibilisée, alors que les équipes continueront de se soupçonner mutuellement dans une guerre psychologique larvée. La domination de Red Bull cette année, malgré les sanctions, alimente ainsi le doute sur la conformité de la monoplace.

L’exemple des départements spéciaux

Pour exemple sur cette surveillance permanente et le jeu du chat et de la souris qui peut s’engager, la FIA a dû légiférer cette année sur la question épineuse des « départements de projets spéciaux », qui ne sont pas liés officiellement à la F1 mais qui pourraient être mobilisés de façon détournée. La FIA a réglé une faille potentielle dans le Règlement Financier de la Formule 1, afin d’empêcher les écuries de recourir à du personnel en dehors des restrictions de dépenses.

Ces dernières années, beaucoup écuries ont alloué du personnel hautement qualifié pour travailler sur des projets techniques séparés, afin d’exploiter l’expérience acquise en Formule 1 et de l’exporter. Red Bull possède une filiale Advanced Technology, McLaren dispose d’Applied Technologies, Mercedes a développé Applied Science et Aston Martin possède un département Performance Technologies. Toutes ces divisions ont travaillé sur des projets soit de voiture de route, comme la Valkyrie pour Red Bull au temps du partenariat avec Aston Martin, soit de voile en Coupe de l’America, le dada d’Adrian Newey ou dans la mobilité.

Des soupçons ont émergé sur la possibilité d’utiliser ces projets pour développer de manière déguisée leurs programmes F1 sans que cela ne soit comptabilisé dans le cadre du plafond budgétaire, les transferts de savoirs étant « gratuits » en interne entre les départements et leurs équipes de rattachement. La FIA a ainsi réagi en début d’année via une directive technique récemment entrée en vigueur, dans laquelle est formellement stipulé aux écuries qu’elles ne seraient pas autorisées à transférer des éléments de propriété intellectuelle provenant de projets menés en dehors de leurs activités F1 sans qu’ils ne soient soumis au plafond budgétaire.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *