Lors d’un entretien au Financial Times durant le salon IAA Mobility 2023 de Münich, Luca de Meo, le patron du groupe Renault, a estimé que l’introduction en bourse (IPO) d’Ampère devrait permettre de lever entre 8 et 10 milliards d’euros. Une valorisation flatteuse pour la division qui rassemblera toutes les activités de Renault dans les véhicules électriques, mais aussi les logiciels embarqués.
L’IPO doit intervenir au printemps 2024, et on assiste à un classique des IPO, les évaluations et les batailles de chiffres entre experts analystes et entreprises. Jusqu’à présent, aucune valorisation n’avait été avancée par Renault ou ses dirigeants. Avec ce pas de plus, on arrive dans le concret.
Sauf que certains analystes se montrent plus frileux (ou prudents) sur la valorisation, avançant plutôt le chiffre de 3 à 4 milliards d’euros comme UBS. La banque suisse se montre dubitative sur les objectifs en volume d’Ampère, mais aussi sur la marge opérationnelle. Renault estime qu’Ampère ce sera 1 million de VE par an en 2031 avec une marge opérationnelle de 10%. C’est, selon UBS très optimiste compte tenu de la concurrence féroce des constructeurs automobiles chinois.
Pour rendre la lecture de l’IPO encore plus floue, Barclays pense de son côté qu’Ampère vaut 5 milliards d’euros, tandis que AB Bernstein éclate le score en estimant une valorisation entre 20 et 30 milliards d’euros. De 3 à 30 milliards d’euros, c’est un sacré grand écart qui a de quoi donner des migraines aux dirigeants du groupe Renault. Luca de Meo lance d’ailleurs un appel aux investisseurs pour qu’ils soutiennent l’introduction en bourse d’Ampère et permettent ainsi à l’industrie automobile européenne de résister à « l’invasion chinoise ».
A quoi sert la séparation des activités thermiques et électriques ?
Avec Horse et Ampère, Renault va séparer les motorisations. Pourquoi faire cela ? Car, aussi étrange que cela puisse paraître, les deux activités réunies au sein d’une même société valent moins que chacune séparée, même si elles appartiennent in fine à la même société. Plusieurs cas ont eu lieu, avec des fortunes diverses, et pas forcément en distinguant les motorisations.
Ferrari a été sortir de FCA, via une IPO, et sa valorisation a crevé le plafond alors que dans FCA, elle était limitée. A l’opposé, Porsche a été introduit en bourse par le groupe Volkswagen sans que ce soit un succès (au contraire). Pour Renault, ce sera un moyen de lever des fonds pour investir dans la transition électrique. Cela permet aussi de faire rentrer des investisseurs dont on ne veut pas forcément dans les autres entités.
Les mauvaises langues diront que c’est aussi un moyen de séparer les activités pour mieux se séparer de l’une d’elles quand le moment sera venu. La valorisation n’est pas toujours pertinente. En effet, certains investisseurs s’enflamment pour des sociétés, sur des promesses, sans retour sur investissement possible. Luca de Meo prend l’exemple de VinFast. C’est l’exemple du moment en effet. Malgré des ventes faméliques (à peine plus de 11 000 véhicules en 6 mois), la valorisation du constructeur est énorme.
« Regardez la valorisation des entreprises européennes. Pensez-vous que VinFast puisse valoir plus que BMW? Soyons sérieux ! » tonne l’Italien.
Bizarrement, avant de lire l’article, j’ai tout de suite pensé qu’UBS devait avoir des doutes sur ces chiffres !
C’est intéressant de citer VinFast, on sait que tout valorisé en bourse qu’elle soit, ce genre de marque ont une épée de Damoclès au dessus des cordons de la bourse. L’effondrement du Bitcoin, le bide (l’escroquerie ?) des NFT et les marques qui naissent et meurent dans la même année par paquets devraient servir de leçon. Mais non, la bourse est remplie de petites princesses capricieuses qui crient au secours et s’affolent pour un rien en courant dans tous les sens. Et c’est ça qui dirige le monde.
Séparer les activités permettra, les jours venu, de ne pas trop subir les procès… car oui, un jour, les constructeurs traditionnels seront attaqués en justice
Et ils l’auront bien mérité
Si on ne peut plus faire une IPO en gonflant les chiffres, alors à quoi sert d’aller en bourse ?