Les débuts de la marque Monotrace se font à Saint Etienne. En 1924, les Ateliers du Rond-Point débute la production d’une voiture particulière copie sous licence de la Mauser Einspurauto allemande. Mauser est plus connu comme fabricant d’armes que comme constructeur (ils tenteront quand même un véhicule 4 roues plus conventionnel plus tard).
Les établissements Monotrace sis à Courbevoie près de Paris reprendront aux ateliers du rond-point, la production de la petite automobile en 1926. Malheureusement, la voiture ne trouve pas son public et l’entreprise bat rapidement de l’aile. Malgré un nouveau changement de direction et la reprise par Joseph-Auguste Roten, le constructeur mettra définitivement la clé sous la porte au début des années 1930. Monotrace avait vécu.
Le gyrocar
Pourtant, l’idée est séduisante, et elle a été reprise il y a quelques années par Carver. Le véhicule, un gyrocar, est un hybride entre la moto et l’automobile. La silhouette fait penser à une moto avec deux roues principales l’une derrière l’autre. Mais, on n’est pas à cheval sur la selle, mais assis dans un fauteuil. Les modèles deux places ont deux fauteuils l’un derrière l’autre comme dans un double phaeton.
Sur les premiers modèles comme c’était le cas sur la Mauser, la fourche est dégagée et menée par un hybride entre volant et guidon. Sur les modèles plus évolués, une carrosserie avec un radiateur vient habiller le tout. Des versions auront des parebrises, d’autres non. Le radiateur permettait, via un réseau de tuyaux en cuivre, de refroidir le moteur.
Mais, ce qui fait la spécificité de la Monotrace, ce sont deux roues latérales. Plus petites, elles servent à stabiliser le véhicule à l’arrêt. Elles se déplient et se replient à la demande du conducteur via un levier latéral. A basse vitesse, on peut les conserver déplier pour avoir 4 roues au sol. Et en prenant de la vitesse, l’effet gyroscopique maintient l’équilibre du véhicule, n’ayant plus besoin des petites roues. Le moteur, lui est à l’arrière. Il entraine, via une chaîne, l’unique roue arrière comme sur une moto.
Monotrace utilisera un gros monocylindre de 510 cm3, basculé, qui développait 12 chevaux. Il était accouplé à une boîte à trois rapports. Chaque modèle était personnalisable comme cela se faisait à l’époque, avant que l’avènement du Taylorisme/Fordisme ne tue ces petits constructeurs artisanaux. On peut donc rencontrer des Monotrace biplaces, monoplaces, commerciales (façon fourgonnette à une place), avec ou sans capote légère (de vrais cabriolets), etc.
D’autres exemples comme le Ford Gyron
Certains modèles n’avaient qu’un feu avant comme une moto, d’autres en avaient deux, de part et d’autre de la grille de calandre. L’aventure Monotrace n’a pas laissé beaucoup de véhicule. On peut en voir un au Musée Henri Malatre de Rochetaillé-sur-Saône (69), au côté d’une Rochet-Schneider, autre marque disparue (fusion avec Berliet). Mais cela c’est une autre histoire. Il y a en revanche, plus de Mauser Einspurauto qui ont été fabriquées et sont parvenues jusqu’à nous.
A noter l’extraordinaire restauration d’un modèle Monotrace suisse par Stauffer AG. On peut y découvrir la restauration complète du véhicule avec quelques photos. Le musée Henri Malatre expose plusieurs « insolites » comme un Velocar Mochet dont nous vous avons narré l’histoire en 2019. A 6 € l’entrée, il vaut le détour pour qui s’intéresse à la bagnole et aux vieilles pierres (il est dans le château de Rochetaillé à côté de Lyon).
D’autres constructeurs, et non des moindres, s’intéresseront au gyrocar. On peut citer Ford qui en 1961 présente un prototype de voiture gyroscopique futuriste, la Ford Gyron. Comme évoqué ci-avant, Carver a repris l’idée. Mais comme pour Monotrace, les ventes restent confidentielles.
Oui, ça fait penser à la Carver, propulsée par un 4 cyl de moto BMW.
J’ai eu l’occasion d’en voir une, avec le train « d’atterrissage » qui se déploie à l’arrêt, très impressionnant véhicule.
Un des meilleurs épisode Top Gear de la bonne époque : à 7:20
https://youtu.be/zaoHClXuNHA
Peraves Ecomobile