L’icône d’un temps révolu
La vague nostalgique n’est pas prête de s’arrêter, alors que cette automobile de la démesure est peu à peu en train de disparaître. La Diablo, c’était l’essence même de la supercar de l’époque : un design radical (signé Marcello Gandini, mais qui fut néanmoins adouci par la maison-mère de l’époque, Chrysler, ce qui poussera le maître italien à se lâcher avec la Cizeta-Moroder V16), une mécanique furieuse, un confort anecdotique, un pilotage réservé aux vrais pilotes sans assistance, un véhicule capricieux et un brin dangereux, loin des TGV sur route actuels bardés d’électronique.
Pourquoi ce choix ? Voici les mots du directeur d’Eccentrica Cars, Emanuel Colombini, qui est collectionneur de voitures classiques et également pilote amateur de le Lamborghini Super Trofeo. « La Diablo était ma voiture de rêve quand j’étais enfant, je me rappelle celle brillante et rouge sur la couverture de Quattroruote (célèbre magazine italien, NDLR). A cette époque, c’était la supercar qui battait tous les records ! Ces souvenirs et ces émotions sont remontées à la surface quand je l’ai vu encore, il y a de cela une dizaine d’années, dans un concessionnaire, presque oubliée mais séduisante comme toujours. En parcourant son design et son esthétique, nous nous sommes rendu compte du potentiel que ce modèle pourrait avoir si seulement nous mettions à jour les lignes et améliorons les « défauts » – faute d’un meilleur terme – de la double direction Gandini&Chrysler. Ensuite, j’ai eu l’occasion de tester une Diablo Gt que j’ai ensuite ajoutée à ma collection et c’est là que j’ai réalisé qu’une Diablo rendue utilisable avec la mécanique et les composants d’aujourd’hui pouvait être une voiture unique en son genre avec une dynamique de conduite inégalée – je l’appelait, et le fait toujours, un kart à pédales de 600 chevaux. Si vous ajoutez au mélange son design intemporel et spécifique combiné à un moteur V12 atmosphérique de 5700 cm3, il était impossible que nous n’obtenions pas un chef-d’œuvre ! »
Modernité et vintage
Le véhicule a été développé avec des partenaires réputés, puisque les pneus ont été faits sur mesure par Pirelli, le système de freinage par Brembo et Marantz a été sollicité pour la partie audio. Même si la voiture donneuse date de la première série, lancée en 1990, cette Diablo Eccentrica se rapproche visuellement des dernières séries de la Diablo d’origine avec un restylage de la face avant, soit la GT de 1999, la GTR et la VT 6.0, produite en 2000-2001, sans l’aileron arrière et qui en fait reposait déjà sur la base de la future Murcielago.
Si la longueur du véhicule ne change pas, les voies avant et arrière ont été élargies. Evidemment, en se penchant sur les détails, bien que la silhouette globale soit dans l’esprit de la Diablo, on devine un aérodynamisme plus léché et retravaillé, notamment au niveau des jupes latérales et des prises d’air sur le toit, inspirées de la Diablo SV et dont la forme anguleuse, dans les canons Lamborghini, diffère des bossages plus arrondis qui se trouvaient sur la Diablo des années 90. L’avant a été redessiné, dans l’optique d’une meilleure fluidité, avec une calandre basse trapézoïdale, mais certains y verront peut-être une petite perte de caractère, un adoucissement malvenu étant donné le pédigrée de la bête.
Les rétroviseurs tout en carbone reprennent, en plus petit, le design d’origine avec une double branche mais intègrent un petit bandeau lumineux pour le changement de voie. De nombreuses pièces ont été modifiées, en usant du carbone ou du titane par impression 3D. Le design horizontal de la zone arrière a été repris du modèle d’origine et amélioré avec de nouveaux détails comme des pare-chocs en carbone minces, deux grandes prises d’air où se trouvent les radiateurs principaux et deux feux arrière emblématiques, qui ont été réinterprétés sur la base des derniers développements dans le domaine de l’éclairage automobile.
L’intérieur est conforme à l’esprit restomod, dans un savant mélange rétrofuturiste. On soupçonne les designers d’être des geeks également. On retrouve, comme dans la Diablo d’origine, cet énorme tunnel de transmission central, qui donne l’impression au conducteur et au passager d’être installés dans une barquette de course. La finition au scalpel, l’alcantara et le carbone (notamment pour la colonne de direction, comme la Diablo GTR) trahissent sa modernité, mais on apprécie le volant vintage sans boutons, les commandes physiques sur la console centrale sans écran tactile et, cerise sur le gâteau, une instrumentation digitale dont le graphisme, typé console 8 bits, rappelle celle de la DeLorean de Marty McFly, en particulier le panneau de réglage de la date ! N même temps, la page de présentation d’Eccentrica titre « retour vers le futur ». Les puristes apprécieront évidemment la boîte manuelle à grille, mais dans le monde du restomod, certaines règles ne peuvent être transgressées.
Le V12 Bizzarrini optimisé
Sous le capot, on retoruve évidemment un monument : Le moteur V12 d’origine de 5,7 litres Bizzarrini, dont les origines remontent au début des années 60 quand il fut conçu par l’ingénieur italien -récemment disparu – pour la Lamborghini 350 GT. Cette vénérable mécanique a été modifiée pour apporter des améliorations techniques telles que de nouvelles soupapes et de nouveaux arbres à cames, augmentant légèrement sa puissance maximale (550 ch à 7 000 tr/min contre 492 C sur la Diablo d’origine) et son couple maximal (600 Nm à 6 5000 tr/min). Tant qu’il conserve son caracère rageur et sa sonorité démoniaque, tout va ! L’objectif est d’atteindre un excellent rapport poids/puissance (inférieur à 2,9 kg/CV). De plus, le châssis tubulaire en acier a été renforcé et durci pour offrir une plus grande stabilité et sécurité au véhicule. Dans ses premières simulations virtuelles, elle se comporte comme une véritable hypercar avec une accélération de 0 à 100 km/h en seulement 3,5 secondes, une vitesse de pointe de 335 km/h et une accélération latérale en virage de 1,2 g.
Un système de freinage sur mesure
Pour dompter cette bête, Eccentrica a demandé à Brembo de développer un système de freinage spécifique et exclusif, composé d’un monobloc sculptural à 6 pistons et de disques fendus qui rappellent les lignes géométriques de la Diablo. Grâce à un procédé de fusion innovant avec la technologie 4D, les étriers de frein Brembo permettront au véhicule fini de freiner de 100 Km/h à 0 en seulement 34 mètres, soit 7 mètres de moins par rapport au modèle d’origine et plus de 20% de réduction de distance de freinage. Le choix de la couleur des étriers est un rappel visuel des systèmes de course utilisés à la fin des années 1990, avec une couleur rappelant les étriers de course oxydés avec le logo rouge utilisés à cette époque dans les compétitions. La même couleur est également utilisée plus tard dans d’autres détails du prototype.
Pourquoi prendre une Diablo donneuse ? Pour éviter un procès pour plagiat ?
Ils ne pouvaient pas refaire un châssis adapté vu qu’ils virent tout ou presque ?
C’est très très joli, finition et design vraiment léchés, bravo.
bah ce n’est toujours pas une Countach
Enfin pour le moment c’est une jolie 3D. Y a-t-il une vraie auto qui roule?
Superbe !!!
🙂
Pour avoir vu quelques Diablo au Mans Classic, notamment une GTR qui n’a pas les projecteurs escamotables, cette Lambo est toujours aussi impressionnante.
Eccentrica n’a pas dénaturé le modèle. Il y a juste les compteurs avec les gros pixels jaunes qui font tâche.