Un monument de l’âge d’or du sport automobile
De 1927 à 1957 (hormis les années de guerre évidemment), les Mille Miglia font partie des courses les plus prestigieuses au monde. Cette course sur route ouverte, qui part de la charmante ville de Brescia en Lombardie (ville historique mais aussi villa natale du fabricant d’armes Beretta), pour aller vers Rome, puis revenir sur Brescia, sur environ 1600 kilomètres, a été remportée par les plus grands pilotes italiens comme Guiseppe Campari, Tazio Nuvolari, Piero Taruffi ou encore Alberto Ascari. Seules 3 éditions ne sont pas revenues à des italiens, dont celle de 1934 remportée par l’allemand Rudolf Carraciola et la dernière, en 1961, par Gunnar Andersson sur une Ferrari 250.
Comment ça 1961 ? Ce n’était pas en 1957 la dernière ? Pour les puristes oui. En 1958, 1959 et 1961, il s’agit d’un rallye, et non plus de la course dans son esprit du début. Le coup d’arrêt est arrivé en 1957, une édition endeuillée par l’accident d’Alfonso de Portago, qui cause, outre celle du pilote, la mort de 9 spectateurs. Un accident tragique, qui n’arrivait que deux ans après celle du Mans, et qui à l’époque avait suscité une vraie cabale contre le sport automobile et contre Ferrari en particulier, accusé – notamment par le Pape en personne – de « dévorer » la vie des enfants d’Italie. Rien que ça. C’est en 1977 que les Mille Miglia ont été ressuscités, mais dans le cadre d’une course historique, davantage orientée vers la régularité et la parade devant le public.
Le futur s’invite à la fête
Passé, présent et futurs se croisent, puisque les constructeurs ont toujours utilisé les Mille Miglia, déjà à l’époque, pour faire la démonstration de leur savoir-faire et tester des innovations. La course, qui arrive dans une ambiance festive en plein coeur de la ville de Brescia (le tout sans excès de sécurité et sans tensions, le public pouvant approcher et voir de près les bolides, dont certais étaient garés dans la rue, tranquilles, alors qu’ils valent des fortunes !), permet aussi de voir le bond considérable dans la technologie automobile entre les véhicules de la fin des années 20 et ceux du début des années 50.
Comme souvent sur les courses historiques (cela s’est vu au Tour Auto cette année), les constructeurs allemands sont en force. Pas tant dans le plateau historique, mais beaucoup dans les voitures ouvreuses et staff. Comble, en Italie même, Alfa Romeo était un peu de la fête, avec un Tonale et la Giulia en série 100e anniversaire du Quadrifoglio, Ferrari n’était pas en reste (296 GTB, quelques 812 Superfast, Roma, etc), Maserati a fait rouler une superbe MC20 à la couleur chromée variant selon les angles, mais c’est surtout Mercedes, et dans une moindre mesure Audi et BMW, qui étaient dominants dans les voitures ouvreuses. Mercedes en a profité pour faire rouler son concept EQXX, cette berline électrique ultra-profilée qui a récemment réalisé des records d’autonomie jusqu’à 1200 kilomètres. Un chiffre symbolique, et le choix des Mille Miglia n’est pas un hasard pour en faire étalage.
Un plateau fabuleux
Côté plateau historique, l’Italie a eu logiquement la plus grande part du plateau. Alfa Romeo (11 victoires dans la course d’époque) comptait à elle seule 47 voitures engagées sur les 417 du total. On a pu admirer évidemment les 8C Spider 2300 Zagato, qui s’imposa en 1933 avec Nuvolari, mais aussi des Giulietta, des 1900 SS, des 6C 1750 SS, GS, 6C 2300, 8C 2600 MM, les modèles des Carabinieri, le 4×4 AR51 « Matta » développé pour l’armée au début des années 50 (et qui gagna la classe véhicules militaires en 1952 !), des Giulietta Sprint, etc.
Ferrari était représentée évidemment par la 250 S et son fabuleux V12, mais aussi des 195 Inter, 166MM. On a pu aussi admirer des Cisitalia 202, toutes sortes de Fiat (Balilla, Topolino, 1100, etc.), des Lancia Lambda Spider/Torpedo, Aprilia Berlina, Aurelia, la Maserati A6 GCS, ou encore la marque aujourd’hui disparue OM, dont le modèle 665S remporta la première édition en 1927. L’Allemagne n’a pas été en reste : beaucoup de BMW 328, des Porsche 356 et surtout quelques remarquables Mercedes 300 SLR, dont une avec en passager l’ancien pilote de F1 er vainqueur du Mans Jochen Mass)
La France n’était pas oubliée, avec une floppée de Bugatti, surtout des T37 de 1927, dont une pilotée par Carlo…Ferrari (ça ne s’invente pas). On a pu apercevoir une Dauphine, une DS, une Deutsch Bonnet, une Salmson GS 1100, Delahaye 135 CS, une Talbot Lago T26, et même une Citroën Traction Avant !
Côté anglais, pas mal d’Aston Martin Le Mans ou DB2, Lagonda M45 Rapide, des Jaguar XK120 OTS, Triumph TR, des MG…Ce serait difficile de tout citer face à une telle diversité du plateau !
La 41e édition des 1000 Miglia s’est terminée, après un parcours de 2 200 kilomètres sur les cinq jours de compétition, par le triomphe d’Andrea Vesco et Fabio Salvinelli, au volant d’une Alfa Romeo 6C 1750 Zagato de 1929. Il s’agit du quatrième titre consécutif pour Vesco, sur six participations au total.