Porsche a célébré les 40 ans du Groupe C

Une époque folle

Ah le début des années 80 ! La folie du turbo en F1, les monstres du Groupe B en WRC et les monstres également de l’Endurance en Groupe C ! Une décennie où les mots puissance et vitesse n’étaient pas des gros mots mais une quête ! Porsche a célébré les 40 ans des débuts de la catégorie Groupe C, qui a connu son apogée à la fin des années 80 avant de péricliter au début des années 90 face à la toute puissante Formule 1.

En 1982, la FIA instaure le groupe C en remplacement des Groupe 5 (prototypes fermés) et Groupe 6 (prototypes ouverts). Loin des contraintes et exigences actuelles, le règlement ne prévoyait pas de production minimum, et autorisait la création  de voitures de courses de plus en plus puissantes, légères et performantes. Avant 1989 et l’introduction de la chicane, les bolides du Groupe C flirtaient avec les 390 Km/h dans la ligne droite des Hunaudières. Pendant une grande partie des années 80, Porsche a dominé la catégorie avec les Porsche 956 et 962 qui ont gagné le Mans de manière ininterrompue entre 1982 et 1987.

Réunion 5 étoiles

Pour célébrer l’évènement, Porsche a rameuté les gloires de cette époque, avec Derek Bell (quadruple vainqueur en 1981 avec la 936, en 1982 avec la 956 et en 1986/1987 avec la 962C), Jochen Mass, Hans-Joachim Stuck et Bernd Schneider, qui a couru sur une 962 au Mans en 1991 avant de passer chez Mercedes et d’y connaître la gloire en DTM.

Porsche a réuni à Leipizig la voiture gagnante des 24 Heures du Mans 1982 avec le numéro de châssis 956-002, la 956 avec le numéro de châssis 956-005, qui a remporté les courses de 1 000 kilomètres au Nürburgring et à Spa, mais aussi la 962 aux spécifications IMSA de 1984, qui a affiché le temps de qualification le plus rapide à Daytona, et la 962 C qui a remporté la Supercup en 1987, toutes deux ayant également retrouvé leur gloire d’origine. Était également présent le plus jeune représentant du Groupe C, quatrième au Mans en 1990 : la 962 C avec le numéro de châssis 962-015.La réunion a également été suivie par l’ingénieur d’essai de l’époque Helmut Schmid et – se joignant par vidéo – Norbert Singer, le chef du projet et père métaphorique de la voiture légendaire.

Deux monstres au palmarès extraordinaire

Le palmarès du duo 956/962 est en effet impressionnant : cinq titres constructeurs et équipes, 43 victoires individuelles en courses WEC, cinq titres pilotes WEC, sept victoires au général aux 24 Heures du Mans (de 1982 à 1987 avec les 956 et 962 et avec la 962 Dauer Le Mans GT en 1994), quatre titres IMSA, 52 victoires individuelles dans les courses IMSA et cinq victoires aux 24 Heures de Daytona.

Lancée en 1982, la 956 fut une révolution pour Porsche, puisque c’était la première voiture de course du constructeur qui avait recours à la monocoque en carbone (introduite par McLaren en F1 en 1981) et à l’effet de sol. Le 6 cylindres en ligne 2649 cc, à double turbocompresseur KKK, délivrait de 600 à 620 ch. Dès les 1000 km de Spa 1982, les deux 956 sont équipées du nouveau système Bosch ; le très convoité Motronic 1.2, marquant ainsi le début de l’essor rapide de l’électronique dans le sport automobile. Durant sa carrière, la 956 verra la cylindrée de son moteur évoluer, passant à 2857 cc en augmentant la course des pistons de 66 mm à 70,4 mm, (réservé au championnat IMSA).

Arrivée en 1984, la 962 C repose sur la 956, mais affiche un empattement allongé de 120 mm. En Europe, elle était initialement animée par un moteur six cylindres à plat biturbo de 2 869 cm3 et développait environ 680 ch, voire même plus de 700 ch les années suivantes. Avec sa carrosserie parfaitement profilée, cette bête de course s’autorise des vitesses de pointe de plus de 350 km/h. La 962 C est également l’une des premières voitures de course à avoir testé la transmission à double embrayage (PDK) de Porsche à très haute vitesse, une boîte de vitesses utilisée aujourd’hui par tous les modèles de série de la marque.

Une dernière ruse en 1994

Le règne de Porsche a pris fin à la fin des années 80 avec l’arrivée de concurrentes plus récentes, d’autant que la 962 était surtout préparée et engagée par des teams privés, face à des constructeurs. Les Jaguar XJR, Sauber-Mercedes C9/C10 et autres Peugeot 905 prirent le pouvoir, mais le Groupe C s’écroula en 1993, faute de participants et face à une explosion des coûts intenable. Une occasion se présenta alors pour faire rebondir de manière inattendue la « mamie » 962. Dès cette année, l’ACO décide de créer un nouveau groupe, le GT1, offrant la possibilité de courir avec la construction d’un minimum d’un exemplaire, et à même de relancer l’intérêt de la course !

Profitant du trou d’air provoqué par la fuite des constructeurs, Jochen Dauer va s’engouffrer dans la brèche règlementaire en produisant une version « de route » de la 962, modifiant légèrement la voiture pour répondre aux exigences de la FIA, et ainsi faire courir les 962 au Mans en catégorie GT1, avec un véhicule développé et rentabilisé depuis bien longtemps. Pari gagné, puisque la Dauer Porsche LM remporte l’édition 1994 des 24 heures du Mans.

 

(2 commentaires)

  1. Les années 80, c’est aussi les restrictions de consommation, en Endurance comme en F1, à l’image de Prost sortant de sa McLaren en roue libre pour la pousser jusqu’à l’arrivée du GP à Hockeneim en 86.
    Et puis c’est l’ennui aussi, de ses nombreuses éditions des 24h où les Porsche se battaient entre elles. Il faudra attendre l’arrivée de Jaguar et Sauber-Mercedes (et Mazda !) pour avoir de la compétition.

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