Décès d’Aleardo Buzzi, ancien pilier de Marlboro

Pendant des années, faisant partie des principaux cadres dirigeants de Philip Morris International avec John Hogan (décédé en 2021), il a introduit le géant mondial du tabac Marlboro dans le monde des courses, d’abord en F1 et en rallye, puis progressivement dans toutes les catégories, y compris les motos. Après tout, Marlboro a d’abord été associé au cowboy sur son cheval, donc il était presque logique que la marque de tabac s’associe à l’homme moderne au volant de sa monture motorisée.

Originaire de Biasca, dans le canton du Tessin, Buzzi est entré dans le monde de la course sur la pointe des pieds, faisant ses débuts avec un petit parrainage pour Jo Siffert. Puis la marque de cigarettes rouge et blanche est apposée sur les BRM en 1971-1972, avant de faire un grand coup en devenant le sponsor titre de McLaren à partir de 1974. Juqu’en 1996, l’écurie fondée par Bruce McLaren et la firme américaine auront ensemble amassé neuf titres mondiaux des pilotes, sept titres des constructeurs et 96 victoires en Formule 1.

Un acteur influent dans les coulisses de la F1

Buzzi est un homme influent, très proche de nombreux pilotes qui seront parrainés, comme Alain Prost, Niki Lauda, Ayrton Senna ou encore Mika Hakkinen. Quand Lauda claque la porte de Ferrari en 1977, c’est chez lui, dans sa villa suisse, qu’il se réfugie pour échapper au tumulte des médias. L’homme est aussi capable de peser sur la stratégie des équipes et sur les coulisses. En 1980, en pleine guerre FISA-FOCA, il fait ainsi comprendre à McLaren qu’elle perdra le soutien financier du groupe si elle rejoint le groupe des « rebelles » emmené par Ecclestone, qui envisage de créer un championnat parallèle contre la FISA. C’est encore lui que Ferrari mandate pour jouer les intermédiaires entre les clans Balestre et Ecclestone dans cette guerre de pouvoir, ce qui aboutira à la conclusion des Accords Concorde.

C’est lui aussi qui appuie le projet de Ron Dennis, le « Project Four », pour fusionner dans le « Marlboro Project 4 », qui sera à l’origine du succès de McLaren dans les années 80 et que l’on retrouvera avec l’appelation MP4 des monoplaces britanniques, utilisée jusqu’en…2016 avec la MP4/31. En 1981, il impose son protégé et compatriote Andrea De Cesaris chez McLaren puis, après une saison catastrophique, le replace chez Alfa Romeo, dont les monoplaces deviennent aussi rouge et blanche.

Le règne de Marlboro sur la F1

Personne d’une grande classe et charismatique, Buzzi avait réussi à convaincre Enzo Ferrari d’accepter le parrainage, alors que le Commendatore estimait que de ses voitures émanaient  » de la fumée d’huile et non de tabac « . En réalité, lorsqu’ils se sont rencontrés, Buzzi et Ferrari se sont immédiatement entendus et celui avec le Cavallino a été une combinaison très prolifique. Marlboro accepta d’abord de payer les salaires des pilotes Ferrari et de n’apparaître que sur les combinaisons, avant de commencer à occuper des espaces sur les monoplaces de Maranello à partir de 1984. A partir de 1997, les McLaren redeviennent grises en passant chez West et c’est Ferrari qui devient le fer de lance de la firme américaine. Marlboro contribue alors de manière significative au budget général de l’écurie ainsi qu’au mirifique salaire de Michael Schumacher, déjà pris en charge pour partie par Shell.

Malgré l’arrêt progressif de la publicité pour les cigarettes et l’interdiction tout aussi progressive de la publicité non seulement sur les voitures mais sous toutes ses formes, Marlboro a néanmoins continué de s’associer à Ferrari, avec le fameux tour de passe passe du code barre en lieu et place du nom de la marque, mais avec toujours un logo officiel de la Scuderia et même un capot moteur permettant malicieusement d’identifier le logo de la marque.

Un peu à l’image de ce que représente Red Bull aujourd’hui, et plus encore, le Marlboro de Buzzi a donné à la F1 cette impulsion vers le sponsoring mondial qui n’existait pas auparavant. Entre les années 70 et 90, la marque aussi financé la promotion d’équipes de formules de promotion, des écoles de conduite, des grands prix. Elle s’est diversifiée dans l’endurance, le rallye et même la moto. Un nombre incalculable de pilotes ont vu leur ascension et leur carrière soutenue par Malrboro, à l’image d’Arturio Merzario, qui a toujours porté son fameux Stetson et sa ceinture Marlboro. En 1990, c’est le règne du sponsor rouge et blanc : la McLaren d’Ayrton Senna, la Toyota de Carlos Sainz et la Yamaha e Wayne Rainey, tous trois champions du monde de F1, de WRC et de 500cc cette année-là, conduisent des bolides ornés de la livrée rouge et blanche.

 

 

(2 commentaires)

  1. La première étape du plan Todt pour faire revenir la Scuderia Ferrari au sommet dans les années 90, c’était Marlboro. Sans Marlboro, pas de budget, ni pour payer Schumacher (étape 2), ni pour développer un V10 performant et recruter les cadors techniques de Benetton qu’étaient Brawn, Byrne et consorts (étape 3)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *