Vous allez dire, encore un article passéiste, il faut vivre avec son temps, c’est l’électrique l’avenir. Eh bien oui, le Rallycross est un format qui se plie volontiers aux supercars électriques. L’accélération puissante, 650 chevaux, des courses de 5 ou 6 tours sur des circuits de 1 km environ. Bref, aucun souci pour un dragster électrique.
Sauf que…le son/bruit des moteurs pétaradants participent aussi à la fête pour les spectateurs. Avec ces voitures Scalextric taille réelle, le spectacle est là pour les yeux, moins pour les esgourdes.
Le FIA WRX reprenait pleinement ses droits ce weekend en Norvège, terre de RX comme la Suède ou la France. Le plateau était de 8 voitures ! Normalement, le plateau est plus garni et cela permet aux organisateurs de faire 4 manches éliminatoires puis deux demi-finales et une finale. Les 12 premiers des éliminatoires étaient alors qualifiés pour les demis, puis les 3 premiers de chaque demi pour la finale.
Ici, aucun suspense autre que des points puisqu’avec 8 protagonistes ils n’étaient que 4 par demi-finales. Au final, Timmy Hansen et Johan Kristoffersson ont recommencé leur bagarre pour ce championnat. Kristoffersson l’emporte devant Hansen. Veiby, local de l’étape, monte sur le podium devant la Suédoise Klara Andersson, 22 ans, qui pilote aussi en Extreme-E. A noter qu’en finale ils n’étaient finalement que 5 comme le prévoie le nouveau règlement. C’est Bergström qui en a fait les frais et s’arrête en demi.
Où va le Rallycross mondial ?
Devant une telle Berezina, on peut se demander où va le FIA WorldRX. Quand il a été lancé en 2012 (et devenu championnat du monde FIA en 2014), c’était à la demande des constructeurs qui voulaient un peu « professionnaliser » la discipline du rallycross resté championnat « à la papa » avec même dans certaines catégories des voitures sorties de casse plutôt que des protos.
Sauf que les constructeurs étant ce qu’ils sont, ils ont lancé une guerre des budgets et des têtes d’affiche. Cela attire du monde, cela plait, bref, le bonheur. Patatras, le promoteur qui avait lancé la série, IMG est remplacé en 2020 par Red Bull (WRX Promoter GmbH, filiale du limonadier). On aurait pu penser que Red Bull continuerait dans la lignée d’IMG, mais non.
Déjà, les budgets sont partis en cacahuète. Les voitures plus chères, mais surtout un calendrier qui envoyait au Canada, en Afrique du Sud, à Abu Dhabi. Niveau logistique, les coûts ont explosé pour les privés (et les pros). Résultat, ce qui faisait le sel du WRX, à savoir des privés qui s’alignaient pour tenter d’être dans les 12 premiers, a disparu. Le plateau s’est vidé comme une passoire. En 2019, ils étaient 15 à faire le championnat en entier et 39 à participer à au moins un événement. Les deux épreuves avec le moins de participants étaient, sans grande surprise, le Canada et l’Afrique du Sud avec 17 partants tout de même.
2020 fait encore illusion avec un peu plus de 20 participants malgré le contexte Covid. En revanche, l’an dernier, ils étaient 10 ou 11 par épreuve, 7 à peine au Portugal. 25 pilotes ont au moins participé à l’une des manches.
L’électrique ou le promoteur ?
Certains mettront en avant le passage à l’électrique. Certes, cela signifie qu’il n’y a pas de véhicule d’occasion à louer ou acheter pour un privé. Mais les kits de conversion s’adaptent sur des véhicules d’ancienne génération et cela pourrait passer. Non, le mal est à chercher ailleurs.
6 destinations cette année. A part la Norvège, la Letonnie, le Portugal, la Belgique, l’Espagne et l’Allemagne vont organiser des doubles événements pour arriver à un nombre de courses intéressant. Mais ce n’est pas suffisant pour faire un championnat passionnant pour les spectateurs.
En effet, sous l’égide d’IMG, les paddocks étaient accessibles au public. Un énorme plus que de voir les Solberg, Loeb, Hansen, Ekström, Kristoffersson, ou autres grands noms à quelques mètres à peine, voir centimètres. Et pour les spectateurs, c’était la fête en continu. Ecrans géants qui passent et repassent les actions pendant les courts temps morts, Le championnat RX2 en soutient sur bien des manches, Monster Energy (tient une autre boisson) qui faisait animations, musique, etc.
Désormais, les paddocks WRX sont visibles de loin, les écrans géants sont limités en diffusion et l’ambiance n’est plus là. Le WRX époque IMG diffusait énormément de vidéos et d’images sur internet. Avec Red Bull c’est verrouillé, sujet à souscription d’abonnement, comme le WRC (autre filiale de Red Bull). 50 € le pass saison, 8 € par épreuve…
Ce weekend en Norvège, on avait deux Peugeot Hansen sponsorisées par Red Bull, et deux VW (Kristoffersson et Veiby) sponsorisées par…Red Bull. Bref, il va falloir rapidement revoir la copie sous peine de suivre le WTCC puis le WTCR dans la tombe des championnats oubliés.
Vive le rallycross français
Sinon, pour ceux qui veulent voir du rallycross dans une ambiance à l’ancienne, il y a bientôt le Rallycross de Loheac (Ille-et-Vilaine). C’est le championnat de France et pour en prendre plein la vue c’est l’idéal. Gratuit pour les moins de 16 ans en enceinte générale (accompagnés d’un adulte), 50 € l’enceinte générale durant tout le weekend et 30 € la place assise en tribune (départ) pour le weekend. En plus, il y a de quoi aller voir le Manoir de l’Automobile (Michel Hommell) qui vaut le coup d’oeil.
Tant que les organisateurs de course de voitures électriques ne comprendront pas l’importance du son dans les sports mécaniques, c’est l’insuccès assuré. Le son permet de suivre acoustiquement ce que le pilote fait : il accélère, il freine, il change de vitesse ..; Visuellement ces différentes étapes ne sont pas perceptibles. C’est la raison pour laquelle les courses de Fomula E sont insipides quelles que soient les qualités de pilotes présents.
Oui enfin le succès ou non d’une série, ce n’est pas juste une question de bruit et d’odeur… J’ai l’impression que la Formule E jusqu’à présent marche plutôt bien, mais je ne sais pas si c’est une illusion ou si cela marche pour de vrai, en tout cas il y a des constructeurs, des pilotes et des candidats pour accueillir les courses…
Pour le reste c’est souvent la même histoire, un championnat ou une formule marche bien, quelques constructeurs s’en emparent (c’est « facile » de gagner quand on est la seule structure constructeur au milieu des privées) en espérant une visibilité mondiale grâce à la FIA pour « amortir » les quelques millions investis. Sauf que cette recherche de visibilité et de rentabilité s’accompagne souvent d’une explosion des coûts et d’une internationalisation (qui engendre elle aussi des surcoûts) vers des circuits inconnus où le public n’est pas au rendez-vous (pas joli joli à la télé…). Le constructeur qui gagne doit investir des sommes de plus en plus importantes pour s’imposer (course à l’armement), ceux qui ne gagnent pas ne veulent pas être des loosers et quittent le navire, les petites structures historiques sont parties depuis longtemps et celui qui gagne s’en va à son tour parce que bon, on comprend vite qu’il est tout seul… Rideau, fin de l’histoire…
Les exemples sont nombreux:
– Dans les années 90, le BPR marche très bien, les voitures sont belles, variées, privées (y compris des Morgan, des Lister…), la FIA prend le sujet en main et crée le GT1. L’euphorie est de courte durée, les coûts explosent, les amateurs s’en vont, le championnat disparaît
– Toujours dans les années 90, le DTM s’européanise, puis il devient ITC sous l’égide de la FIA. Les coûts explosent, Opel et Alfa s’en vont, les nouveaux ne viennent pas, Mercedes est tout seul. Rideau
– Idem avec le WTCC il n’y a pas longtemps, un championnat sympa devient un faire-valoir pour Citroën, ça s’arrête. Le TCR pour le moment évite l’écueil il me semble en interdisant les engagements officiels des constructeurs (mais bon la règle est facile à contourner)
– Le Rallycross marche bien, les constructeurs arrivent, les budgets explosent… Fin de l’histoire…
En dehors de la Formule 1, les différentes formules mondiales vivotent ou coulent les unes après les autres. Le WRC n’a jamais eu plus de 3 constructeurs engagés et a toujours la nostalgie du Groupe B (moi aussi). L’endurance a des hauts et des bas. Le rallye raid fait toujours rêver les amateurs d’aventure et peut compter sur des plateaux importants, à défaut d’une exposition médiatique constante dans le temps.
ça fait quand même quelques années que WRX décline et c’est quand même en bonne partie du aux organisateurs qui ont sorti un calendrier inadapté qui a légitimement poussé la plupart des privés vers la sortie. L’électrique arrive malheureusement trop tard!
Très bonne analyse.
A la base, le rallycross était nord-européen, avec des championnats nationaux populaires et un championnat d’Europe qui était la chasse gardée des Scandinaves.
Les voitures étaient aussi spectaculaires que leurs pilotes généreux niveau attaque, et la variété des carrosseries achevait de conquérir le public.
Le WRX actuel peut mourir, il est tellement ennuyeux. Il en va de même pour le trophée Andros et l’ETCR, qui voit s’affronter 8 voitures, par manches éliminatoires, c’est d’un ennui !
Rien de passéiste dans cet article. Le problème est que quand on a connu les heures de gloires du rallycross avec Jean-Luc Pailler et ses Citroën, du rallye avec les groupes B, du BTCC dans les années 90 ou du DTM dans les années 80, c’était tellement intense que l’époque actuelle paraît complètement insipide et sans saveur.
Le succès des épreuves VHC n’est pas près de faiblir.