Code de la route : connaissez-vous le feu piéton-cycliste ?

Le feu mixte piéton-cycliste a été expérimenté à Strasbourg (67). Visiblement, cela a donné satisfaction puisqu’un arrêté du Ministère de l’Intérieur du 13 juin 2022, publié au Journal Officiel du 5 juillet 2022 généralise cette signalisation. Concrètement par rapport à un feu piéton, le feu piéton-cycliste comme son nom l’indique affiche un piéton et un vélo. Le « bonhomme rouge/vert » n’est plus tout seul. L’objectif est de clairement indiquer aux cyclistes qui pourraient se trouver sur une bande cyclable adjacente à un passage protégé qu’ils doivent s’arrêter ou peuvent passer. Clarifier les règles est toujours un plus pour la sécurité. A noter que ce n’est pas une nouveauté dans le monde puisque de nombreux pays l’ont déjà adopté.

Autre nouveauté généralisée : le compte à rebours. Ces décomptes, on les croise souvent dans les zones de travaux avec feu temporaire. L’idée ici est d’afficher aux piétons un décompte avant que le bonhomme ne passe au vert. Mis en test à Strasbourg (67), Vannes (56) et Neuilly-sur-Seine (92), ce décompte a amélioré le respect du feu jusqu’à 5% selon les études locales des mairies concernées par l’expérimentation. En clair, quand on sait qu’il reste par exemple 15 secondes de feu rouge, on est plus enclin à patienter que de passer au rouge, quitte à prendre un risque. Là encore, la France est en retard puisque le feu piéton a décompte existe dans de nombreux pays. Certains y ajoutent le décompte au bonhomme vert.

Evidemment, tout cela n’est pas magique. Les piétons et les cyclistes ont payé un lourd tribut dans les chiffres de la mortalité routière de 2021. 414 piétons tués ainsi que 227 cyclistes. Si certains cyclistes se tuent seuls en chutant (environ 70), la majorité est percuté par un automobiliste (responsable ou non). Tout ce qui peut améliorer la cohabitation des moyens de transport est bon à prendre. Le compte à rebours pour les feux des motorisés n’est pour le moment pas à l’ordre du jour. Certaines études montrent une anticipation du feu vert aidée par le décompte.

Sas vélo et panneau M12, ces méconnus

D’ailleurs à ce propos, connaissez-vous le sas vélo et le panneau M12 ? Le sas vélo n’est pas nouveau. Il est introduit dans le Code de la Route en 1998 ! Mais, c’est encore ignoré par un paquet de conducteurs. C’est une zone protégée devant les feux tricolores. En clair, il y a deux lignes d’effet des feux : une pour les vélos (et uniquement les vélos ! pas les scooters et motos) et une autre ligne d’effet, reculée pour les véhicules motorisées. Ce sas permet aux cyclistes d’être en théorie protégés d’un véhicule qui se porterait à leur hauteur en dépit de la distance minimale de 1 m en agglomération.

Et vous le sas, vous le respectez ? Sachez qu’en tant qu’automobiliste ou motard, dépasser sa ligne d’effet des feux est considéré comme griller le feu rouge. C’est une infraction définie à l’article R412-30 du code de la route. Et cela vaut une amende de 4e classe.

Quant au panneau M12, il est plus récent et moins répandu sur tout le territoire. C’est un petit panneau triangulaire (cédez le passage) à destination des cyclistes. Il les autorise à passer au feu rouge, en fonction de la direction qu’ils prennent ensuite et de la direction affiché sur le panneau.

Partageons la route en toute cordialité

Expérimenté à partir de 2008 en France, ils sont là aussi très souvent inconnus des conducteurs qui pensent alors « tous les cyclistes grillent les feux rouges » (en grommelant). Attention tout de même, c’est un cédez le passage et non une priorité. Le cycliste doit :

  • laisser passer les piétons qui ont le feu vert
  • céder le passage aux véhicules venant des autres voies
  • franchir le feu une fois que toutes les priorités ont été cédées

Avec ces ajouts quasi-continus de nouvelles règles et nouvelles signalisations, il peut être opportun de réviser son code régulièrement avec lesdites nouveautés. Se mettre dans la peau d’un cycliste urbain peut aussi ouvrir les yeux sur certains comportements d’automobilistes dont on n’a pas forcément pleinement conscience derrière le volant. La route se partage, on l’oublie souvent.

(15 commentaires)

  1. Faudra m’expliquer dans le même genre pourquoi on a pas l’orange qui s’allume avec le vert, pour prévenir que ça va passer à l’orange puis au rouge. Chez nous, c’est toujours la surprise !
    Et dans l’autre sens, l’orange qui s’allume avec le rouge pour prévenir que ça va passer au vert, pour améliorer la réactivité des usagers et faire passer plus de véhicules aux feux.
    Je ne sais plus dans quels pays ça existe, j’ai toujours trouvé ça intelligent.
    C’est sûr que pour piéger les usagers avec des radars de feux, c’est moins pratique.

    1. Il y a eu des tentatives, et comme à chaque fois des abus. Certains partaient à l’orange et se retrouvaient face à ceux qui passaient à l’orange mur. Il n’y a qu’à regarder chez les anglais…ils finissent par considérer que c’est « vert ».

      Il y a eu des tests avec un decompte aussi….pareil 🙂

    2. On pourrait faire un feu orange défilant jusqu’au rouge au 21eme siècle.

      Ah, la voiture qui freine via ISA ou un ADAS est plus probable

  2. Ça se rencontre souvent une piste cyclable parallèle à un passage piétons? Je ne sais pas si je n’ai jamais fait attention ou si je n’en ai jamais vu. En tout cas, je n’arrive pas à m’imaginer dans quel cas ce feu piéton-cycliste peut être mis en place.

    PS: Ça montre bien qu’une petite mise à niveau régulière du code de la route plutôt qu’un code de la route « à vie » serait une bonne chose.

    1. en tant que cycliste régulier, je peux te confirmer que ce cas de figure est très fréquent. en fait, chaque fois qu’une piste cyclable parallèle à une route arrive à un carrefour, il y a toutes les chances que la piste partage un feu avec les piétons….

      1. J’essaierai de faire plus attention la prochaine fois, je pensais que les vélos avaient les mêmes feu que les voitures dans un cas comme ça, même si j’ai déjà vu un petit feu tricolore avec un vélo de dessiné à coté du petit feu tricolore des voitures.
        Merci pour la précision en tout cas.

        1. En fait il y a bcp de passages piéton doublés par des bandes cyclables. Cela permet de couper les carrefours de manière plus sécurisée.

          Il y a aussi les giratoires à feux, etc.
          On a tendance à ne pas y prêter attention car c’est souvent une signalisation horizontale (peinture) et non des panneaux.

  3. bravo thibaut pour cet article qui rappelle quelques fondamentaux. quand j’entends certains automobilistes critiquer les cyclistes, je leur demande s’il connaissent le sas vélo, et là c’est le drame…

    1. Ce sont surtout les piétons qui critiquent les cyclistes. A croire que juchés sur un vélo, la vue d’en haut mérite qu’on ne s’arrête plus pour le piéton qu’on redevient 20 minutes plus tard au mieux.
      Existe t’il un utilisateur de la route autre que le cycliste qui paraît aussi pressé que celui-ci pour respecter si peu les autres et avoir besoin de se faufiler plutôt que de mettre pied à terre et attendre pour se relancer péniblement comme si cela revenait à un travail de forçat ?

      (oui, le conducteur de T-Max que je crois être encore pire).

      1. « ce sont surtout les piétons… » : j’attends une preuve de cette affirmation gratuite.
        Vu le nombre de piétons blessés voire tues par une automobile en comparaison avec un vélo, cette affirmation serait grotesque

  4. @Twin Spark : je ne parle pas de morts mais d’incivilité !

    Ce qui est grotesque est d’évoquer plus de morts du fait du choc résultant du déplacement rapide d’une masse de plus d’une tonne concernant 38 millions d’automobiles que par l’effet de percutement d’un cycliste muni d’œillères ou ne comprenant pas la résistance de freinage d’un pneu mince en environnement piéton.

    Pas besoin d’accident pour l’incivilité, ils se débrouillent comme nombre automobiliste à être hautains, mais ajoutant un caractère si certains de faire du bien à la planète ou à leur corps qu’ils en oublient les autres.

  5. L’origine des difficultés, de la cohabitation auto/vélo/piéton n’est autre que le comportement des individus. Le risque change mais l’incivilité demeure. Ce n’est pas la voiture qui est responsable de l’accident pas davantage que le vélo ou les semelles du piéton, c’est toujours l’individu.
    Je propose, en plus d’une signalisation efficace que les mauvais comportements soient sanctionnés, à pied, à vélo, en voiture. J’ai bien conscience que ça n’arrivera pas au nom certainement des malnommées libertés individuelles.

    1. Si un piéton traverse en dehors des passages piétons, il risque une amende.
      Si un vélo roule sur un trottoir, il risque une amende.
      Si une voiture ne s’arrête pas à un Stop, elle risque une amende.
      Si ces 3 usagés de la route utilise leur moyen de locomotion respectif en état d’ébriété, ils risquent une amende.

      Bref, les libertés individuelles n’ont rien à voir là dedans puisque les mauvais comportements sont déjà sanctionnés, à pieds, à vélo ou en voiture. On ne peut pas mettre un flic à chaque carrefour ou derrière chaque usagé. J’avais lu un gradé dire qu’il trouvait dommage que les gens avaient peur du gendarme alors qu’ils devraient avoir peur de la mort. Mais comme il y a peu de sanctions pour les petites incivilités, beaucoup se permettent ces petites incivilités.
      Il y a une ville aux pays-bas, dont le nom m’échappe, qui a supprimée toutes signalisations. Toutes les intersections sont devenue des priorités à droite. Les usagers n’ont plus qu’à s’occuper de leur environnement plutôt qu’à chercher les panneaux pour savoir ce qu’ils ont le droit ou pas de faire. Résultat, ça responsabilise les usagers, et ça a diminué le nombre d’accident.

      1. Vous parlez des usagers qui risquent une amende c’est intéressant mais chacun sait qu’à pied comme à vélo le risque d’être sanctionné est extrêmement faible. Une règle qui n’est pas contrôlé devient vite inutile et ceux qui ne la respectent pas se croient autorisés à l’enfreindre toujours plus.

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