Le CARaaS l’avenir de l’automobile ?

Le CARaaS c’est en bon anglais « car as a service », alias « la voiture comme un service ». Kézako ? En informatique, cela fait des années que le SAAS a vu le jour et s’est développé. Le « software as a service », c’est la disparition de la licence logicielle et des disquettes/CD/DVD/clé USB (selon votre âge). En gros, le logiciel ne vous appartient pas, vous payez pour y avoir accès. Le logiciel en lui-même est à distance la plupart du temps.

Pour l’automobile, c’est la « non possession » physique de la voiture, remplacée par un « service voiture ». C’est différent d’une location longue durée (LLD, LOA, etc.) classique en cela que l’on ne loue pas la voiture, on paie le service qui donne accès à ladite voiture. Gros avantage, certains de ses services donnent droit à un panel de voiture plus étendu que la location d’un seul modèle.

La pleine possession de moins en moins tendance

Les différents constructeurs s’y mettent. Le CARaaS est assez répandu aux USA et débarque en Europe. Cela bouleverse nos habitudes en France, nous qui aimons bien la possession, même si LOA et LLD sont de plus en plus en vogue. Chez Porsche par exemple, on peut souscrire au service, puis réserver n’importe quel modèle, pour la période que l’on souhaite. Le service va même jusqu’à apporter le véhicule où vous voulez, et vient le rechercher quand vous le souhaitez.

C’est une location à la carte, mâtinée d’une conciergerie. Cela permet par exemple de ne pas avoir de voiture au quotidien, et d’en prendre une quand on veut, et avec le modèle que l’on veut (pratique pour les départs en vacances, etc.). Pour certains, cela permet de changer régulièrement de voiture et de les rendre quand ils veulent.

Pour les constructeurs, c’est un moyen comme un autre de continuer de maintenir autant que faire se peut les volumes de véhicules neufs produits. Cela permet également de capter plus de marge puisque les utilisateurs paient l’utilisation de la voiture, une partie de la voiture, et le service qui va autour. En cela, c’est comparable au mouvement d’il y a plusieurs années quand les constructeurs ont compris l’intérêt d’avoir leur propre organe prêteur/banque.

Le futur de la voiture sera partagé

D’un point de vue « écologique », c’est mitigé. Cela encourage à une forme d’autopartage et en cela, cela mutualise des dépenses énergétiques et de pollution par rapport à un véhicule en pleine propriété. Mais, d’un autre côté, cela crée des opportunités d’usage qui n’auraient pas forcément existées (effet rebond).

Selon différents cabinets comme Deloitte, le « Vehicle-as-a-Service » voit son chiffre d’affaires global croître fortement et régulièrement. De 2020 à 2025, Deloitte prévoit par exemple un quadruplement du CA. Il y a aussi eu un effet Covid-19 avec des gens, sans véhicule ou très petit, qui ont préféré un véhicule à la demande pour ne pas avoir de promiscuité avec la foule en ces temps de pandémie. Pour 2025, Deloitte prévoit 22 milliards d’euros pour le véhicule-en-tant-que-service sur EU5, c’est-à-dire Allemagne, France, Espagne, Italie et Royaume-Uni.

Le CARaaS est un peu à la croisée des chemins entre la pleine propriété et le véhicule à l’usage (car sharing ou autopartage, location). En ajoutant des services en sus, les entreprises de ce secteur, ou les constructeurs qui s’y lancent, attirent de plus en plus de monde.

Le monde automobile en France risque de vivre une fracture sociale entre ceux qui pourront se payer ses services, et ceux qui ne pourront pas. Certains, à qui la voiture est indispensable au quotidien, devront garder leur voiture le plus longtemps possible pour ne pas se retrouver immobilisé au milieu de « nulle part ». D’autant plus vrai avec l’électrification à marche forcée imposée par l’Europe.

(5 commentaires)

  1. Elles deviennent quoi les voitures au bout de 5 ans? Parce que j’imagine qu’on aura toujours le droit à une voiture récente avec ce système.
    En informatique, un serveur qui a 5 ans, il commence à être faiblard, au vu de la gourmandise des logiciels à chaque nouvelle version. Une voiture qui a 10 ans fait encore parfaitement ce qu’on lui demande, à savoir nous déplacer. Je ne suis pas certain que ce soit très écolo cette idée de consommer les voitures comme on consomme de l’informatique.

    L’exemple de la Porsche me fait penser à un truc, même si il faudra certainement vérifier les petites lignes. ça pourrait être sympa de demander une livraison le matin devant le musée des 24h du Mans, avec une récupération le soir au même endroit. Non non Mr le loueur, ce n’est pas du tout pour passer la journée sur le Bugatti. o:-)

    1. Après 10 ans on fait comme avec les voitures d’aujourd’hui : on les envoie dans la poubelle de l’Europe : l’Afrique (allez, l’Albanie au mieux).
      C’est ça la vraie écologie moderne : recycler des choses obsolètes chez des pauvres qu’on méprise juste ce qu’il faut pour que la balance charité / intérêt de l’inconscient bascule du bon côté

    2. @seb : comme avec les LOA et LLD, elles sont mises sur le marché de l’occasion.

      Pour Porsche, aux USA, le principe est de payer un « abonnement » mensuel (il est de 3 600 dollars + taxes tout de même) et on choisit le véhicule que l’on souhaite. On peut faire 2000 miles par mois (3218 km donc).

      Si on prend un véhicule unique, au mois ou au trimestre, c’est 1500 miles mensuels, et le prix dépend du véhicule. De 1700 à 3200 dollars (prix de base). On paie la flexibilité de changer….

      https://www.porsche.com/usa/accessoriesandservices/porschedrive/subscription/

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