Russie : produire des Moskvitch pour contrer les pénuries de pièces ?

Le maire de Moscou veut produire à nouveau des Moskvitch sur l’ancien site de Renault

Le maire de Moscou a pour projet de produire à nouveau des voitures Moskvitch dans l’usine moscovite Renault, site que le groupe automobile français a été contraint de céder pour 1 euro symbolique, en raison des sanctions découlant de la guerre en Ukraine.

Il a ainsi déclaré que l’usine de Renault sera réaffectée à la production de voitures de tourisme de la marque dont la dernière fabrication remonte à deux décennies.

Sergueï Sobianine promet «d’ouvrir une nouvelle page» de l’histoire de cette usine où ont été assemblés les modèles de cette marque légendaire jusqu’en 2001 … en nationalisant l’usine.

“Le propriétaire étranger a décidé de fermer l’usine Renault de Moscou. Il en avait le droit, mais nous ne pouvons pas permettre à des milliers de travailleurs d’être laissés sans emploi”, a expliqué l’édile.

Segments attitrés

Pour rappel, le système de production automobile de l’URSS était planifié et n’incorporait pas les règles de libre concurrence du modèle capitaliste. Ainsi, les constructeurs avaient leur « pré carré » et leurs segments attitrés. A ZIL les limousines de luxe gouvernementales, à GAZ les grosses berlines et à AvtoVAZ (Lada) ou Moskvitch l’entrée de gamme partagée entre les petites voitures et les compactes.

Des véhicules thermiques puis électriques

Le fabricant de la Moskvitch, conçue pour être une voiture robuste et abordable, a été privatisé après l’effondrement de l’Union soviétique puis déclaré en faillite. Près de 200 000 Moskvitch – littéralement « natif de Moscou » – sont encore immatriculées en Russie, dont 46 000 ont plus de 35 ans, selon les statistiques de Autostat.

Sergueï Sobianine a déclaré que l’usine de Moscou, une fois reprise, fabriquerait d’abord des voitures conventionnelles à moteur à combustion, mais qu’elle produirait des voitures électriques à l’avenir.

Toutes les usines automobiles de Russie à l’arrêt

L’ensemble du parc industriel automobile de Russie est à l’arrêt en raison des pénuries de composants et de pièces détachées induites par les sanctions occidentales. Les constructeurs sont confrontés à un épuisement des stocks d’électronique, de produits techniques en caoutchouc, d’engrenages, de roulements. S’ils ont toujours la possibilité de faire appel à d’autres fournisseurs ou de produire ces pièces localement, selon les spécialistes, 4 à 7 mois minimum seront nécessaires pour mettre en place des chaînes logistiques. Le prix des pièces détachées a quant à lui augmenté de plus de 30% en deux mois.

Allégement des normes : ABS ou airbags ne sont plus nécessaires

La Russie a parallèlement allégé les normes en vigueur pour la fabrication de véhicules sur son territoire, autorisant la production de voitures sans ABS ou airbags. Tentant ainsi de trouver une solution pour faire face à sa manière aux pénuries. Pour cela, le gouvernement russe a promulgué un décret le 12 mai, qui restera en vigueur jusqu’au 1er février 2023. La Russie, selon ce même décret, réduit aussi considérablement les normes environnementales. Celles-ci reviennent à un niveau équivalent aux véhicules produits en 1988.

Ironie du sort : pour l’adaptation de ces véhicules et notamment des Moskvitch, la Russie pourra peut-être aller chercher des infos à Cuba  ?

Notre avis, par leblogauto.com

Une proposition du maire de Moscou qui intervient alors que toutes les usines automobiles du pays sont à l’arrêt et que les acheteurs se font de plus en plus rares. Pas si « loufoque » que çà donc … mais plutôt symptomatique d’un secteur en pleine crise …

Le marché automobile russe s’avère en effet laminé par les sanctions internationales mises en place suite à l’offensive menée par la Russie en Ukraine. Les acheteurs manquent à l’appel. Signe que l’économie russe ne va pas aussi bien que ce qu’affirme fièrement Vladimir Poutine … et que la population est inquiète pour son avenir, et son portefeuille …

Les ventes de voitures neuves se sont en effet effondrées de près de 80 % au mois d’avril. Dans le cadre des sanctions occidentales, les véhicules de plus de 50 000 euros ne peuvent plus être importées dans le pays, les oligarques doivent faire grise mine … Pas sûre qu’une Moskvitch les satisfasse pleinement …

L’incertitude règne : le secteur a perdu ses repères et ne sait absolument pas combien de voitures doivent être produites et combien il y aura de clients pour les acheter. « Le marché est désormais dicté par l’acheteur qui a de moins en moins d’argent » selon l’expert du marché automobile russe, Alexandre Pikoulenko.

Enfin, rappelons qu’en 2015, Renault avait lancé la procédure pour racheter la marque Moskvitch, suggérant qu’il pourrait relancer la production de cette voiture légendaire de l’époque soviétique.

Sources : Courrier International, France Info, Capital

(39 commentaires)

        1. TGV contre pétrole

          Petrus contre pétrole

          Versailles contre pétrole

          puis discrètement, fonctionnaires contre pétrole, avec bonus. Pour un fonctionnaire transféré, un syndicaliste offert…

    1. avec un salaire minimum en Russie de 140€/mois, quelle voiture (qui peut résister au climat et aux infrastructures) ils vont s’acheter?

  1. Forte chute des ventes de voitures neuves en France. Le marché ne se remet pas. D’abord parce que les besoins sont moins pressants. Ensuite, c’est le résultat de la paupérisation, un phénomène enclenché depuis au moins 1990 en ce qui concerne l’automobile.
    Marasme nucléaire français. Et oui : tout investissement doit être un jour désinvesti. Le nuke français tombe en ruine.
    Comme le dit Gail Tverberg, tout système économique a ses accélérateurs et ses freins. Là, ils sont en train de se serrer. Très sec.

  2. Votre article est marqué par une russophobie sans nuance. D’abord, la production n’est pas à l’arrêt, notamment dans les véhicules utilitaires (Kamaz, Gaz, Uaz). Ensuite, ce sont les constructeurs européens qui se sont suicidés : Renault, Volkswagen et Skoda, en cessant leur production. Les Japonais (Nissan, Toyota) et Coréens vont reprendre une production normale d’ici peu. La Russie s’est certes trop reposée sur des composants occidentaux et donc même Lada est très touchée par l’embargo. D’où les allègements de normes pour relancer la production.
    La marque Moskvitch sera utilisée pour de nouveaux modèles et non celui conçu dans les années 60. Les Chinois, qui ont déjà des usines en Russie et prennent une part du marché importante sont sur les rangs pour y fabriquer leurs modèles.
    Enfin, vous vous contredisez : la baisse du marché est due à la baisse de la production temporaire, à l’arrêt des importations et non à une prétendue paupérisation des Russes.
    Et si vous croyez que les oligarques ont encore une fascination pour l’occident décadent, alors que leurs biens y ont été saisis, je crains bien que vous vous trompiez avec votre humour facile!
    C’est bien l’Europe le grand perdant de cette affaire, au profit des Asiatiques.

    1. Les constructeurs européens appliquen les décisions politiques prises par leur pays pour protéger l’Europe de leur dangereux voisin.
      Il faut maintenant que les décideurs politiques aient le courage de condamner les pays qui commercent avec ce même dangereux voisin.
      C’est ce qu’on appelle un blocus.
      Si la situation perdure, nous allons y arriver. Obligation de prouver que les biens importés en Europe n’ont pas été produit à partir de matière première provenant d’un pays en train d’envahir un pays voisin.

      1. R-one
        Personne ne le fera. Si tel est le cas, cela voudrait dire que le reste du monde va devoir baisser leur consommation de 5%, ou que les autres producteurs augmentent de 5% (= travailler plus pour gagner moins!!!). La Russie, c’est environ 10% de la production mondiale, dont la moitié exportée.

        Bref, l’embargo n’est que façade.
        Le pétrole russe sera acheté par les Chinois et Indiens.
        Et ce que les Chinois et Indiens n’achèteront plus chez les autres, alors ce sera pour nous

        https://www.connaissancedesenergies.org/la-chine-premier-importateur-mondial-de-petrole-brut-en-2017-220218
        La Russie va vendre 1 million de barils de plus à la Chine…et l’Europe va importer 1 million de barils de plus à l’Arabie Saoudite. En sortant du port saoudien, les navires vont tourner à droite au lieu à gauche, traverser le canal de Suez…

        Pareil avec l’Inde qui importe plus de 2 millions de barils des pays du Golfe

        https://prixdubaril.com/comprendre-petrole-cours-industrie/70801-combien-de-petrole-l-ue-importe-de-russie.html

        L’UE importe 2.2 millions de barils de pétrole par jour. En jonglant, changer les destinations habituelles des pétroliers. Les seuls trucs qui changent, ce sera le délai de livraison pour les pétroliers (le trajet Russie Europe est bien plus court que le trajet Russie Inde) ainsi que de remplacer l’équivalent du pipeline Russie-Europe. Les capitaines navigueront à la vitesse max, et peut-être quelques pétroliers supplémentaires à construire (ou les navires poubelles navigueront quelques années de plus)

        Bref, personne ne voudra un embargo total, un blocus…

  3. Au premier temps, il y a eu le déluge. Et ensuite les dinosaures se sont amenés. Mais un jour, ils tombèrent malades et se sont transformés en pétrole. Alors les Arabes se sont amenés avec leur Mercedes Benz…

  4. tu confonds ces différentes phrases:

    -l’UE n’achètera plus de pétrole aux Russes

    -la Russie ne vendra plus de pétrole aux Européens

    -la Russie ne vendra plus de pétrole à personne

    1. ps: n’est ce pas toi qui avais posté que l’Inde a importé 800.000 barils de pétrole par jour, contre 30.000 habituellement?

      1. Oui et bien !?
        Pas sûr que Biden va autoriser ça bien longtemps… Que les Anglais ne se fassent pas entendre, les Américains qui leur livrent maintenant depuis 10 ans beaucoup d’armes ont des moyens de pression plus importants.
        Surtout que les carburants et pétroles vendus par l’Inde sont tous deux vendus « sous le manteau ».
        Je n’ai dit aussi que le pétrole vendu par la Russie en plus que la normale pour la Chine et l’Inde… C’est aussi au détriment d’un autre fournisseur qui cherchera dans 6 mois à brader son pétrole.
        Alors forcément le risque que le prix du baril fasse le yo-yo ces prochaines années.

  5. Jamais la France n’a autant ouvert sur leur marché aux Chinois

    Jamais les Français n’ont eu autant d’argent sur leur compte courant

    C’est factuel, n’est ce pas…

    1. C’est aussi que les Français ont moins dépensé dans des chinoiseries…
      Et surtout qu’ils ont été privés de sorties et de vacances luxueuses.
      …Les Russes ont l’habitude, ils n’ont pas la chance des Français et du coup ils ne sont pas endettés.

  6. Mais vous croyez que les Russes ont envie de rouler dans ces vieux machins qui ne tiennent pas la route et boivent comme des (censuré) ?
    De toute façon la guerre n’en a plus que pour quelques semaines disent tous les experts, le temps que Poutine soit « mis à la retraite » ou qu’il finisse comme Staline, dont la rumeur raconte qu’on l’a laissé volontairement par terre toute une nuit pour accélérer l’inéluctable

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