Rétro F1 : Monaco 1982 et 1992, des fins de course folles !

30 ans déjà – Monaco 1992 : Senna indoublable

1992 est l’année Williams-Renault, ainsi celle de son pilote vedette,Nigel Mansell. La FW14B, associée au V10 français et à ses redoutables aides électroniques, est une machine de guerre imbattable. Mansell semble enfin pouvoir briguer ce titre qui lui a échappé à plusieurs reprises. Ayant totalement pris l’ascendant sur son équipier Patrèse, le fougueux moustachu a remporté les cinq premières courses de l’année ! De son côté, le champion en titre, Ayrton Senna, ne peut que constater les dégâts : sa McLaren-Honda n’est pas au niveau de la Williams-Renault et manque de fiabilité. Le brésilien compte trois abandons et seulement deux petits podiums.

Senna semble résigné dans ce qui est pourtant « son » grand prix, qu’il a remporté 4 fois de rang depuis 1988. Néanmoins, les Williams-Renault sont une nouvelle fois impériales. Mansell réalise sa sixième pole en six courses, pulvérise le record du circuit et devient le premier pilote à dépasser les 150 km/h de moyenne en Principauté. Patrèse est second tandis que « Magic » doit se contenter du 3ème chrono, à plus d’une seconde de Mansell.

Le dimanche, la course ressemble à une promenade de santé. Au 70e tour, Mansell compte 30 secondes d’avance sur Senna. L’anglais devrait enfin gagner cette course qui lui a toujours échappé. La messe est dite…mais soudainement, Mansell semble rencontrer des soucis. Il rattrape une soudaine embardée sous le tunnel, puis manque son freinage à la chicane et tire tout droit. L’Anglais regagne son stand. Ses mécaniciens ne décèlent rien d’anormal et remplacent les pneus en une dizaine de secondes car la roue arrière droite a été récalcitrante. Lorsque Mansell reprend la piste, Senna est passé depuis quatre secondes !

Avec ses pneus neufs, Mansell part en chasse, alors que Senna doit composer avec des pneus usés. En quelques tours seulement, la Williams a comblé le retard sur la McLaren. A l’entame du 76e et antépénultième tour, Mansell est blotti dans l’aileron arrière de Senna et va tout tenter pour le doubler. Il zigzague et cherche à intimider son adversaire. Décalages tarfifs et secs au bureau de tabac, à la sortie du tunnel, dans la montée du Casino ou à la Rascasse, Mansell trépigne et cherche l’ouverture, mais Senna use de toute sa science pour fermer les portes et bloquer les trajectoires. Pendant trois tours, c’est un combat de rue sans pitié. Mansell harcèle le brésilien mais ne trouve pas d’ouverture. Senna l’emporte pour seulement deux dixièmes, après avoir défendu bec et ongles sa place. Il signe sa 5e victoire en principauté, égalant le record de Graham Hill. Dépité, désabusé et épuisé, Mansell sort de sa monopalace et s’écroule au sol. Il lui faudra l’aide de commissaires pour rejoindre le podium. La victoire lui a échappé alors qu’elle lui tendait les bras. Une bataille de géants !

40 ans déjà – Monaco 1982 : un fin signée Hitchcock

Le grand prix de Monaco 1982 survient après celui de Belgique où Gilles Villeneuve a tragiquement trouvé la mort. C’est donc dans une ambiance pesante que le F1 circus arrive en principauté, à cela s’ajoutant aussi les tensions politiques entre le président de la FIA, Jean-Marie Balestre, et les constructeurs sur fond de projet de limitation de consommation des moteurs turbo.

Côté moteur, Renault innove en introduisant une injection électronique qui métamorphose le V6 Turbo du losange. Jusqu’à présent, le délai de réponse du turbo et son manque de souplesse s’avéraient désastreux à Monaco, un circuit sinueux où les monoplaces françaises étaient toujours en souffrance. Mais tout cela est du passé ! Arnoux signe la pole position devant la Brabham-Ford de Ricardo Patrèse, tandis qu’Alain Prost, gêné par…Arnoux, n’est que 4ème.

Arnoux décolle au départ et mène largement la course, jusqu’au 15e tour où une touchette à l’entrée de la piscine l’envoie en tête à queue. Bien qu’ayant récupéré sa monoplace, il cale et doit abandonner. Alain Prost récupère la tête et devance Patrèse, Pironi et De Cesaris. Le paquet de « furieux » roule groupé puis Prost prend peu à peu les devants, comptant jusqu’à 8 secondes d’avance. Mais à l’approche du 60e tour, la pluie commence à tomber, notamment sur la partie haute du circuit, vers le Casino.

Prost commence à faire des signes à la direction de course, mais le grand prix se poursuit. Au 74e tour, à quelques boucles de la fin, à la sortie de la chicane après le tunnel (qui se passe rapidement à l’époque), au moment de remettre les gaz, Prost se fait surprendre. La Renault décroche brutalement et percute violemment de face la glissière avant de rebondit violemment de l’autre côté. Le français se prend un bon « coup du lapin » au passage, tandis qu’une roue poursuit sa route vers les grillages. C’est l’abandon.

Patrèse récupère la tête…mais il part en glissade et fait un tête à queue au 75e tour, dans l’épingle du Loews ! Catastrophe ! Aidé par les commissaires de piste, il parvient à relancer son moteur mais Pironi et De Cesaris sont passés…

Dernier tour. Pironi entame cette ultime boucle en tête, mais roule au ralenti. Et dans le tunnel, il est à l’arrêt ! incroyable ! L’humidité a provoqué un court-circuit sur l’allumage de sa Ferrari ! Sur le muret des stands, le staff Ferrari attend le français…en vain. De Cesaris devrait récupèrer la tête et filer sur son Alfa Romeo vers une première victoire…mais il est arrêté au Casino ! Panne d’essence ! catastrophe pour l’italien.

Finalement, c’est Patrèse, sauvé in extremis de son erreur deux tours plus tôt, qui l’emporte, dans la confusion la plus totale. Certains attribuent la victoire à Mansell, qui a fini la course en boulet de canon et avait passé Pironi à l’entame du dernier tour, mais l’anglais avait en fait un tour de retard…

Patrèse remporte ainsi sa première victoire dans un final dantesque. Une belle revanche pour l’italien, qui avait été vilipendé par ses pairs quatre ans plus tôt. Réputé coriace et rude en piste, Patrèse avait été accusé d’avoir provoqué le carambolage du départ du grand prix de Monza 1978 qui avait entraîné la mort de Ronnie Peterson. Jeté en pâture par une grande partie des pilotes du moment, il avait écopé d’une course de suspension et avait vu sa réputation sérieusement entachée. Une vraie renaissance !

 

 

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