Interdisons les autoroutes !

Une autoroute, c’est une deux fois deux voies, ou plus, avec bande d’arrêt d’urgence, sécurisée avec une double barrière centrale, des grillages hauts pour éviter au maximum l’intrusion d’animaux. C’est d’ailleurs grâce à son côté sécurisé que l’on peut y circuler à 130 km/h. Il ne faut pas oublier de nombreuses aires de repos, qui peuvent accueillir d’onéreuses stations-services. En résumé, une autoroute, c’est cher à construire, mais également à entretenir et à utiliser.

Un coût financier et écologique immense pour la société

Selon le SETRA (Service d’Etudes sur les Transports, les Routes et leurs Aménagements), un kilomètre d’autoroute en France coûte environ 6,2 millions d’euros hors-taxe à construire. Et au coût de construction, on ajoute donc entre 70 000 et 100 000 €/an du kilomètre pour l’entretien. Evidemment, ce coût se répercute directement sur le prix des péages. On pourra débattre 107 ans des marges des sociétés concessionnaires. Mais, rien que le prix inhérent à l’autoroute et son caractère sécurisé est colossal.

De plus, d’un point de vue emprise au sol (alias la surface de terre occupée par l’autoroute) c’est, là aussi, très important. Une autoroute à deux voies, c’est 4 fois 3,50 m (ou 3,75 m dans certains cas) d’asphalte pour les voies de circulation. On y ajoute 2 fois 3,50 m de bande d’arrêt d’urgence (BAU) avant d’arriver à de l’herbe ou des haies. Si on ajoute un terre-plein central de 2 à 4 m de large, le « ruban d’asphalte » est donc large d’au-moins 23 m.

En supprimant les autoroutes, on supprime les péages, et on peut limiter l’entretien, ainsi que le coût de construction. En effet, une « simple » 2×2 voies coûte moins cher à construire et à entretenir. Toutefois, on pourrait penser intéressant de conserver les autoroutes déconcédées pour les transformer en « simples » routes pour automobiles (alias voies express à 110 km/h). Après tout, elles sont construites.

Ne plus éviter les villages pour les redynamiser

Cependant, le coût économique n’est pas que là. Ainsi, une autoroute, ce sont des milliers d’emplois détruits dans nos territoires. Avant, les nationales traversaient les villages, les villes, et tout le monde s’arrêtait dans des restaurants routiers, les magasins, ou sur des aires de repos de village. Ah les achats compulsifs de melons ou d’abricots sur les routes du sud !

Désormais, tout le monde trace sa route et évite ces petits endroits pittoresques. Cela enlève des millions d’euros de retombées économiques aux territoires. Bon, cela déplace aussi la pollution hors de ces villes et villages, même si les vents taquins la repousse vers eux (cf. Grenoble).

Sans compter que l’on pouvait découvrir, grâce à une panne mécanique opportune, un endroit inattendu. Et on avait tout le temps de le contempler en attendant le garagiste du coin. Désormais, les dépanneurs sur l’autoroute sont là en quelques minutes et vous remorquent rapidement en sécurité. Il n’y a qu’à voir la nostalgie des trajets par nationale que beaucoup ont pour voir que c’est forcément une bonne option.

Re-ouvrir les petits garages de nationale

Le coût induit par un trajet plus lent sera largement compensé par une consommation moindre qu’à 130 km/h. En plus, les véhicules électriques ne seront plus ridiculisés par une autonomie fondant à mesure que la vitesse augmente. Cela donnera une bonne excuse pour ne pas rouler à 130 km/h en allant le dimanche chez la belle-mère.

Au lieu de mettre de l’argent dans un péage, les automobilistes, les motocyclistes, les touristes, mais aussi les routiers le mettront dans l’économie locale, que ce soit des repas, ou bien des nuitées. Le chiffre d’affaires des péages dépasse les 10 milliards d’euros par an depuis 2017. Tout cela pourrait tout ou partie être réinjecté localement.

Les panneaux marrons (qui ont été récemment renouvelés en style NDLA) donnent une indication de ce que l’on rate en restant sur l’autoroute. Mais qui sort réellement, de l’A75 ou de l’A7, pour aller visiter Saint-Martin-de-Lansuscle par exemple ?

Eloge de la lenteur, tout bon pour la planète

La suppression des autoroutes, avec leur emprise au sol, et leurs vitesses écocides feront donc également du bien à l’environnement, en plus de la balance commerciale de la France. La consommation moindre des voitures, les kilomètres d’autoroutes détruits ou au moins réduits, les « ouvrages d’art » en moins, ou de moins grande taille, c’est déjà pas mal. Sans compter les milliers de kilomètres de grillage en moins qui empêche la faune de circuler librement.

Mais, en plus, avec des trajets rendus plus lents, certains basculeront de l’automobile vers le train. On peut aussi parler des camions transférés sur le train. Or en France, le train est largement moins émetteur de CO2 qu’une voiture. La suppression des autoroutes évitera sans doute aussi le regroupement d’usines et d’entrepôts logistique à proximité pour le côté pratique.

Le péage, une invention de l’Antiquité

En supprimant les péages, on supprime du même coup les éternels bouchons aux barrières à chaque chassé-croisé des vacances. « Vous êtes au ralenti sur 5 km en amont du péage de Saint-Arnoult ». Surtout que les sociétés concessionnaires n’ont même plus l’excuse de faire travailler des péagiers humains. Ils ont pratiquement disparus des guitounes des péages. Plus d’arrêt au péage pour les sections express qui resteraient en place, c’est également autant de freinage/accélération de gagné.

Enfin, avec des voitures qui n’ont plus besoin d’aller au-delà de 110 km/h, on acceptera sans doute plus facilement que les constructeurs brident tous leurs modèles à 180 km/h comme Volvo, Renault ou Dacia. Et pourquoi pas à une vitesse encore plus basse ? Le début de la sagesse en mobilité passe-t-il par la suppression des autoroutes ? Ce sont les symboles de la démesure de la voiture automobile ?

Note : ce texte peut contenir des traces de fruits à coque, de crustacés, mais aussi de mauvaise foi

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