Paris : l’interdiction du trafic de transit reportée à 2024

Petite déconvenue pour Anne Hidalgo, et cette fois-ci il ne s’agit pas de campagne électorale. L’interdiction du trafic de transit dans le centre de Paris – initialement prévue pour le premier semestre 2022 – est repoussée à 2024, en raison de risques de recours juridiques induits par le projet.

L’interdiction du trafic de transit dans le centre de Paris repoussée à 2024

Anne Hidalgo, maire socialiste de la Capitale vient de repousser d’un an et demi l’interdiction du trafic de transit dans le centre de Paris. La concrétisation de cette mesure phare du programme de la coalition qui dirige la Capitale est désormais envisagée pour le début de 2024, a annoncé la mairie jeudi 17 février.

Pour « rassurer ceux qui sont inquiets », la majorité de gauche a ainsi décidé de reporter sa mise en oeuvre … juste à temps pour les Jeux olympiques que Paris doit accueillir.

Hidalgo veut réduire de manière drastique la circulation des véhicules dans le cœur de Paris

L’objectif de la mesure demeure quant à lui inchangé. En vue de lutter contre la pollution, Anne Hidalgo et son équipe veulent réduire de manière drastique la circulation des voitures, motos et scooters dans l’hypercentre de Paris.

Après avoir dans un premier temps même évoqué « la piétonnisation du centre de Paris », la maire a mis de l’eau dans son vin … précisant par la suite qu’il ne ne s’agissait pas de bloquer tous les véhicules, mais « seulement » ceux ne faisant que traverser le centre de la capitale. Soit tout de même environ une voiture sur deux.

A terme, le trafic de transit devrait être banni d’une vaste « zone à trafic limité » (ZTL), rebaptisée « zone apaisée » couvrant l’ensemble des quatre premiers arrondissements, ainsi que les parties des 5e, 6e et 7e arrondissements situées entre le boulevard Saint-Germain et la Seine.

Selon David Belliard, l’adjoint (EELV) à la transformation de l’espace public, il y a dans cette zone entre 350.000 et 550.000 déplacements par jour au total.

Des recours en justice susceptibles de se multiplier

Reste que si le projet fait certes le bonheur d’une partie de la population parisienne, il s’avère également très critiqué, notamment à droite et du côté des VTC. Nombre d’élus et de professionnels redoutent un report massif de la circulation aux abords de la zone interdite, qui ne ferait que générer de nouveaux embouteillages, et un transfert de la pollution.

Des recours en justice paraissent inévitables. « Comme pour la fermeture des voies sur berges, qui n’a entraîné qu’un déplacement de la pollution en périphérie et non sa diminution, Anne Hidalgo fait de l’affichage politique », déplorent les élus Les Républicains menés par Rachida Dati, qui « s’opposent catégoriquement au projet ».

Une étude d’impact et enquête publique

Histoire de prendre les devants, la mairie de Paris a consulté l’Autorité environnementale. « Comme nous sommes attendus au tournant, nous avons voulu rendre ce projet plus solide, notamment sur le plan juridique », explique David Belliard, l’adjoint écologiste chargé des transports.

Une étude d’impact devra désormais être menée afin notamment d’éviter « les goulots d’étranglement par effets de report », une enquête publique devra être réalisée auprès du simple quidam, des autorités de transports, commerçants et grands magasins.

Reste qu’il demeure difficile  de contenter tout le monde …  Si le maire LR du VIe arrondissement, Jean-Pierre Lecoq  s’est dit « assez favorable »  à cette «  ZTL light » ,  le préfet de police Didier Lallement a au contraire  fait immédiatement connaître ses « fortes réserves sur le projet tel qu’envisagé ».

Notre avis, par leblogauto.com

Le représentant de l’Etat craint « des difficultés pour la circulation des services de secours et de police en périphérie de la zone » et un « impact négatif pour l’activité économique de la capitale ».

Autre point de discorde : la mise en double sens du boulevard Saint-Germain à laquelle s’opposent les maires de droite concernés par cet axe. Une « hérésie totale », selon     Jean-Pierre Lecoq pour qui l’on risque de « récréer un périphérique à l’intérieur de Paris ».

Sources : AFP, Mairie de Paris

(33 commentaires)

  1. Sur la pollution supprimer le trafic de transit « Soit tout de même environ une voiture sur deux », il n’y a aucun doute que cela fonctionne.
    https://www.cnrs.fr/fr/des-mesures-qui-payent-pour-lutter-contre-la-pollution-atmospherique
    « Le projet MobilAir comble cette lacune en identifiant des mesures concrètes qui permettraient de répondre aux objectifs sanitaires fixés par les décideurs de l’agglomération grenobloise. À savoir : une réduction de 67 % du taux de mortalité associé aux particules fines entre 2016 et 2030. Plusieurs pistes ont ainsi fait l’objet d’une analyse coûts-bénéfices dans le cadre d‘une collaboration entre le Laboratoire d’économie appliquée de Grenoble (CNRS/INRAE/UGA), l’Institut pour l’avancée des biosciences (Inserm/CNRS/UGA), le Centre d’économie et de sociologie appliquées à l’agriculture et aux espaces ruraux (AgroSup Dijon/INRAE) et Atmo Auvergne-Rhône-Alpes.

    L’équipe a ciblé les deux secteurs locaux les plus émetteurs de particules fines : le chauffage au bois et les transports. Elle démontre que l’objectif sanitaire peut être atteint en combinant deux mesures : le remplacement de tous les équipements de chauffage au bois non performants par des poêles à granulés récents, et la réduction de 36 % du trafic des véhicules personnels au sein de l’agglomération.  »

    Peu de foyers parisiens ont une voiture et 90 % ne l’utilise pas dans leur vie quotidienne, donc la pollution automobile dans Paris ne peut qu’être le fruit d’un trafic de transit (mais comme dans la plupart des villes).

    1. Sur l’ile de france, seules 32% des particules sont produites sur place, 68% sont importées selon airparif.
      L’extrait que vous citez est biaisé par le fait qu’ils regardaient deux endroits de fort passage et non le fond 🙂

      Sinon quand les villes de province vont interdire le transit, les parisiens en vacances vont couiner. 🙂

      1. Le rapport de l’étude n’est pas public (enfin si contre paiement …).
        Dire que si il y a moins de voitures, il y aura moins de pollution et qu’on se portera mieux, c’est un peu une tautologie …

        Sur le cas de la mairie de Paris, on reste dans « le problème c’est les autres ».
        Paris a l’énorme avantage d’être un très fort centre d’attraction, mais le tout aussi gros point faible d’être entouré des autres.
        La solution ne peut être que globale.

    2. @Thibaut Emme
      « deux endroits de fort passage », c’est un peu le principe d’un itinéraire de transit.
      Une voiture de location partant d’une gare ou y allant pour l’y rentre, est-elle en transit ?
      Si le locataire est un habitant de la ville ?

      1. Mettez les sondes au pot d’échappement, vous pourrez dire que c’est piiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiire que ce que l’on croit.

  2. Merci de préciser que la vraie raison du report de la mesure, que la Mairie a tenté de dissimuler, est que celle-ci avait oublié (?) que cette mesure ne pouvait être prise sans l’accord du Préfet de police !…

    1. @frech
      Si la mesure permet effectivement de réduire la pollution dans la ville, ce qui ne fait aucun doute, le préfet la validera, représentant de l’Etat mis en cause par l’Europe.
      Finalement on va y arriver à mettre en place des restrictions non en fonction de la voiture mais de l’usage puisqu’il fait de moins en moins en moins doute que c’est l’usage qui pollue beaucoup plus que le type de voiture.

  3. A un moment, c’est pas possible de construire un mur autour de Paris, histoire que les parisiens puissent rester entre gens biens ? Et comme c’est un petit paradis, ça les gênerait pas trop de devoir montrer patte blanche pour en sortir.

    Disneyland Paris…

    1. Certains maires de proche banlieue ont menacé d’interdire le transit depuis Paris…étrangement cela n’a pas fait rire un Paris « assiégé »…

  4. Quand l’on parle de l’interdiction du trafic de transit sur le territoire ?
    Avec la mise en place de gare de triage de chargement des camions aux frontières avec des départs tous les jours pour toutes les autres frontières, tunnel sous la Manche compris.

    1. La pollution ne s’arrête pas pile-poil à une frontière…
      Des mesures plus globales… Mais aussi plus douce, sont plus efficaces qu’une mesure stricte sur une petite zone.

  5. Ce qui va être incontestablement repoussé, c’est l’élection d’Hidalgo à la présidence.
    De là à en tirer des enseignements, ce serait certainement tenter de faire des raccourcis.

  6. @manu928
    « Dire que si il y a moins de voitures, il y aura moins de pollution et qu’on se portera mieux, c’est un peu une tautologie … » donc si cela est clair maintenant passons à autre chose.

    « Sur le cas de la mairie de Paris, on reste dans « le problème c’est les autres » » https://www.france.tv/france-2/telematin/1264323-les-4-verites-anne-hidalgo.html
    « A Paris en 2001, 60% des ménages avaient un véhicule, aujourd’hui nous sommes passés à 35%. Neuf Parisiens sur dix se déplacent pour aller au travail en transport en commun, à pied ou en vélo. »
    et dans l’article « Soit tout de même environ une voiture sur deux » « ne faisant que traverser le centre de la capitale ».
    Paris 2,1 millions d’habitants –> 10 % 210 000, j’ai du mal à croire que ce sont bien les parisiens es plus responsables de la pollution de leur ville.
    Au demeurant avec seulement 35 % des ménages ayant une voiture, il y a au moins 65 % des ménages parisiens qui lors de leurs week-end ou vacances ne sont pas en transit en voiture en travers du pays.

    1. Blablacar… Ah mais ca ne compte pas c’est vrai.
      Et comme ils vont dans un BnB c’est pas grave non plus…

    2. @christophe,210 000 voitures feraient 50% du trafic ?
      Après, il faut définir ce que l’on appelle transit :
      – un banlieusard mal desservi qui vient travailler dans paris, c’est du transit ?
      – des gens qui viennent de banlieue pour aller au spectacle, c’est du transit ?
      – Quelqu’un qui vient emmener ou chercher quelqu’un à la gare, c’est du transit ?
      Comment différencier ces gens de celui qui fait porte de vincennes / porte maillot par la rue de rivoli et les champs élysées ?

      1. Le transit @manu928, c’est quand on traverse la zone. Pas quand on a une destination dedans. Et c’est là que le bât blesse. Si je m’arrête prendre une chocolatine dans la zone avant de repartir…ce n’est plus du transit 🙂

          1. On ne peut pas, sauf à filmer 24/7 100% des plaques qui entrent et sortent (flicage institutionnel), ou qu’on fait des contrôles humains.
            C’est la même chose avec les transit interdit aux PL, ou autre.
            C’est strictement impossible si les gens ne « jouent pas le jeu » 🙂 et comme on est Français…

      2. @manu928
        Une chose est sure pour développer les modes doux il faut réduire le trafic automobile et donc supprimer le trafic de transit.
        Commet voulez-vous convaincre le parisien qui va travailler en bagnole d’y aller à vélo si dans le même temps son voisin de bureau banlieusard y vient toujours en bagnole ?
        C’est bien le trafic de transit quotidien le problème.
        Même si le banlieusard n’a pas de TC ou est trop loin pour y aller à vélo il n’empêche qu’en se rapprochant de Paris, à un moment il existe des TC performants, donc il n’a aucune raison de finir le trajet en bagnole.

        1. « Même si le banlieusard n’a pas de TC ou est trop loin pour y aller à vélo il n’empêche qu’en se rapprochant de Paris, à un moment il existe des TC performants, donc il n’a aucune raison de finir le trajet en bagnole. » >> Ah donc le transit en banlieue c’est ok du moment qu’on finit en TC ?

          Désolé mais pour moi cela représente quand même du mépris de classe.
          « (…) le parisien qui va travailler en bagnole d’y aller à vélo si dans le même temps son voisin de bureau banlieusard y vient toujours en bagnole ? » > Ah voilà, la « guerre » entre gens. Cool.

    1. Ben je fais comme vous 🙂
      35% ont un véhicule DONC 65% y vont sans voiture…
      Ok…..c’est donc tout aussi valable que de dire 65% y vont en blablacar ou louent un thermique 🙂

      Enfin bon les 35% c’est Paris IM…3% max de la population française…

      1. Population de l’Île-de-France, c’est 12.213.447 habitants, soit près de 19 % de la population de France métropolitaine

  7. @?hibaut Emme
    Seulement il suffit de regarder les gares parisiennes les jours de grands départs pour savoir que le covoiturage au départ de Paris c’est bien moindre que les trains ou cars.
    D’ailleurs si cela se trouve ceux qui conduisent la voiture blablacar ne sont pas résidents parisiens.
    J’en connais ils ont leur foyer fiscal en province et tous les we retour en province en voiture en prenant des passagers (avant ils le faisaient en train mais comme le covoiturage leur rapportent…).

    1. Donc on fait une différence entre Français ? Ok…chacun chez soi ou alors à pied (ouais on n’a pas tous une gare lol).
      C’est « marrant » car chaque année on a les « Parisiens » (Franciliens) qui débarquent et bizarrement ils ne viennent pas en train…

      D’ailleurs, cela ne vous choque pas que l’on crée une zone interdite au transit qui de fait va reporter sur d’autres quartiers plus populaires le trafic ? Les plus pauvres ont s’en fout ? Comme les Provinciaux en fait…
      C’est un point de vue.

      1. Bah… Il n’y a plus de train !
        Plus de taxi de province à bas prix.
        L’A86 n’est pas fait pour le transit des marchandises ?
        On peut traverser Londres, Amsterdam, Stockholm, avec un camion en transit ?

  8. Hello…on ne parle pas du Transit de camions déjà, ni du transit de l’Ile de France (il y a la N104 et l’A86 pour cela).

    On parle des gens qui veulent aller dans un arrondissement et seront obligés de contourner les arrondissements chics…
    Comme si la pollution allait s’arrêter au bout de la rue…
    Comme si les 68% de particules importées de l’extérieur de l’Ile de France allaient dire « oh mon dieu on ne peut pas passer ici, contournons ».

  9. @?hibaut Emme
    Non cela ne me choque pas. Dans ma ville il y a un fort trafic de transit dans nombre de rues qui créent des nuisances aux riverains avec des logements soit vacants soit très dévalorisés et des gens qui vont habiter à des endroits où il n’y a pas de trafic pour ne pas avoir les nuisances mais sans que cela leur pose de problème de traverser la ville en bagnole.

  10. La détection automatique des plaques est la seule solution.
    Dans tous les quartiers de paris, il y a des gens qui habitent et qui ont une voiture, des commerçants qui ont besoin d’accéder avec leur voiture, les camions de livraison …
    IL faut donc créer une liste de voitures autorisées et exclure les autres.
    Soit on mets un péage comme à Londres soit c’est de l’interdiction pure et simple.
    Dans un cas on exclue les non parisiens et dans un autre on exclue les « pauvres »
    Dans les 2 cas, il n’y a plus de pain avant 10h et fermeture des restaurants à 22h.

    1. « IL faut donc créer une liste de voitures autorisées et exclure les autres. » >> Totalement impossible.

      La notion de transit ne s’applique pas à un véhicule en particulier mais à sa destination.
      Réserver l’entrée à certaines plaques revient à une privatisation de la voie publique et c’est formellement interdit.

      Il y a les mêmes choses avec « interdit sauf riverain ». Il n’y a qu’avec un arrêté de mise en danger de l’environnement (un truc du genre) qu’un maire peut prendre ce genre de décisions.
      Et même dans ce cas précis, un livreur, la poste, qq’un qui rend visite, etc. est de facto considéré comme un riverain.

      La solution caméra est à la limite de l’impossible à mettre en place car il faudrait un nombre incommensurable de caméras, et suivre à la loupe le déplacement de chaque plaque.
      Celle-ci entre dans le périmètre, s’arrête (c’est un feu ? un arrêt clopes ? une livraison ?, etc.) et repart…
      Une autre entre, ne s’arrête pas et ressort du périmètre…

      Vous comprenez l’impossibilité à la fois légale et technique ?
      Lors d’un contrôle, l’officier de gendarmerie (ou ici de police) demande la destination au conducteur et voit s’il s’agit d’un transit ou d’une « course » à destination du périmètre.
      Avec un camion, on vérifie le bond de transport, de livraison, etc. mais avec un particulier ? On va vérifier que le particulier va bel et bien acheter un truc dans la zone ? Ou en vient ? Si j’ai pris un croissant en liquide ? Je n’ai pas de ticket, on fait comment ?

      Non, non cette histoire c’est surtout de la com pour qu’une grande partie évite la zone.

      C’est, et on peut le regretter ou non, la même chose avec la « ville à 30″…impossible d’avoir un policier derrière chaque véhicule, impossible d’avoir 10 millions de caméras qui filment tout le monde, etc.
      La majorité suivra le truc, le reste s’en fichera.

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