F1 : direction de course réformée et VAR introduite

Rififi à Abu Dhabi

La fin du grand prix d’Abu Dhabi 2021 avait suscité une énorme polémique, car les changements de dernière minute de la direction de course sur la gestion de la Safety-Car et des pilotes retardataires, afin de terminer la course sous drapeau vert, avaient favorisé l’assaut final de Max Verstappen sur Lewis Hamilton afin de lui ravir le titre dans le dernier tour. Pour vous remettre en tête tous les tenants et les aboutissants de l’affaire, vous pouvez lire ceci. Depuis, de la colère de Toto Wolff au silence d’un Lewis Hamilton faisant planer l’ombre de la retraite, en passant par les débats enflammés des réseaux sociaux, la pression n’est guère retombée et a forcé à la FIA non seulement à diligenter une enquête sur les circonstances de la fin de la course mais surtout à légiférer en conséquence.

Si le directoire de la Formule 1 est rassuré de voir Lewis Hamilton prêt à prendre sa revanche, garantissant le show médiatique et ses retombées marketing, il n’en reste pas moins que la discipline a été ternie par cette affaire, beaucoup de voix ayant fustigé un sport sacrifié sur l’autel du spectacle à tout prix. Les dernières communications radio dévoilées n’ont pas dissipé les doutes, mettant en lumière la pression directe à laquelle Michael Masi, le directeur de course, a été confronté de la part de plusieurs équipes, dont Red Bull, la grande bénéficiaire de cette pagaille.

L’assistance vidéo arrive en F1

La principale innovation annoncée est l’introduction d’une VAR (alias Vitual Assistant Referee), c’est à dire une assistance vidéo virtuelle qui doit aider les directeurs de course dans leur prise de décision. Cette mesure s’inspire évidemment de la VAR introduite en Football,  qui est utilisée par les arbitres pour revenir sur une action potentiellement litigieuse et, par exemple, valider ou invalider un but. Toutefois, là où l’usage de la VAR en football entraine une neutralisation du match, on imagine mal la course neutralisée à chaque saisie de la VAR. La cellule d’assistance sera avant tout indépendante et extérieure au circuit.

« Après la réunion à Londres de la Commission F1, j’ai présenté une partie de mon plan pour un nouveau pas en avant dans l’arbitrage de la F1″, a expliqué Ben Sulayem. « En tirant les conclusions de l’analyse détaillée des événements du Grand Prix d’Abu Dhabi  et de la saison 2021, j’ai proposé une refonte en profondeur de l’organisation de l’arbitrage et de la direction de course. Cette proposition a été soutenue à l’unanimité par le PDG de la F1 et les directeurs d’équipe. »

« Tout d’abord, pour aider le directeur de course dans son processus de prise de décision, une salle de contrôle de course virtuelle sera créée. À l’instar de l’assistance vidéo à l’arbitrage dans le football, elle sera placée dans l’un des bureaux de la FIA en tant que soutien à l’extérieur du circuit. En liaison en temps réel avec le directeur de course F1, elle aidera à appliquer le Règlement Sportif en utilisant les outils technologiques les plus modernes. »

Shut up, Toto and Christian !

La deuxième grande réforme porte sur les communications radio entre les membres d’équipes et le directeur de course, qui ont commencé à être diffusées l’an passé en direct. Utilisées là aussi à des fins de spectacle, de « netflixisation » de la course (la punchline de Masi à Wolff « ça s’appelle de la course automobile » restera dans les annales), elles ont énormément divisé et même gêné, puisque l’on a assisté à des scènes surréalistes, comme celle de Michael Masi négociant la pénalité de Max Verstappen à Jeddah avec Christian Horner comme sur un marché, ou bien évidemment, et pas uniquement à Abu Dhabi, les interpellations directes du directeur de course par Horner et Wolff, soit pour se plaindre (it’s not so right !!!), soit pour essayer d’influencer ses décisions. Tout cela fait mavais genre et surtout alimente la machine au complot et à la manipulation.

Non seulement les communications seront plus rendues disponibles pour les fans mais elles seront plus strictement encadrées. En outre, la procédure permettant à un pilote retardataire de reprendre un tour sous régime de voiture de sécurité sera réexaminée, puisque la procédure n’a pas été correctement appliquée ni comprise dans les derniers tours du grand prix d’Abu Dhabi, suscitant une certaine confusion propice à tous les soupçons.

« Deuxièmement, les communications radio directes pendant la course, actuellement retransmises en direct par toutes les télévisions, seront supprimées afin d’enlever toute pression sur le directeur de course et de lui permettre de prendre des décisions en toute sérénité », a-t-il ajouté. « Il sera toujours possible de poser des questions au directeur de course, selon un processus bien défini et non intrusif. Troisièmement, les procédures de dédoublement sous Safety Car seront réexaminées par le Comité consultatif sportif de la F1 et présentées à la prochaine Commission F1 avant le début de la saison. »

« J’ai présenté ce plan aux membres du Conseil Mondial du Sport Automobile et du Sénat, qui ont apporté leur plein soutien. Avec ce plan, la FIA ouvre la voie à une nouvelle étape dans l’arbitrage de la Formule 1. Sans les arbitres, il n’y a pas de sport. Le respect et le soutien des arbitres sont dans l’essence même de la FIA. C’est pourquoi ces changements structurels sont cruciaux dans un contexte d’un développement important et d’attentes légitimes de la part des pilotes, des équipes, des constructeurs, des organisateurs et, bien sûr, des fans. »

Pantouflage en perspective

Enfin, un dernier mot pour le sacrifié du jour, Michael Masi. Le directeur de course asutralien, qui s’est attiré les foudres de Toto Wolff et qui est devenu sans doute la personne la plus détestée par les fans de Lewis Hamilton, paye ses manquements, mais sert aussi de fusible car tout ne peut être imputé à une seule personne. Il fallait une victime sacrificelle (pour contenter Mercedes ?) et donc Michael Masi perd sa fonction et va se trouver un placard doré, comme Mohammed Ben Sulayem l’a confirmé via une belle périphrase :

« Une nouvelle équipe de direction de course sera mise en place dès Barcelone, pour les séances d’essais (…) Michael Masi, qui a accompli un travail très difficile pendant trois ans en tant que directeur de course F1 à la suite du décès de Charlie Whiting, se verra offrir un nouveau poste au sein de la FIA. »

À partir des essais de pré-saison de Barcelone, ce poste sera occupé en alternance par Eduardo Freitas, le directeur de course du WEC, et Niels Wittich, l’ancien directeur de course du DTM. Tous deux étant épaulés par un vétéran, Herbie Blash, l’ancien directeur de course adjoint du côté de la FIA qui officiait du temps de Charlie Whiting. Là aussi, du travail est attendu, notammet sur la gestion des pénalités et leur cohérence, autre point d’achoppement récurrent dans le paddock.

source : FIA

(9 commentaires)

  1. Pour le coup avec Eduardo ça va filé droit. J’espère juste qu’il sera épargné des menaces de mort de twitter

    1. Ça devrait filer droit, espérons qu’il ne soit pas muselé par la FIA ou par Liberty media.
      Mais s’il arbitre la F1 avec la liberté qu’il avait en WEC, ça risque de faire drôle à certains geignards.

  2. La mise en place d’un arbitrage vidéo est une bonne chose, si le système est à l’abri des pressions et de la corruption.
    Je suis obligé d’utiliser un gros mot, par rapport à d’étranges arbitrages en F1 l’année dernière et en Moto GP il y a 2 ans.

  3. C’est franchement malhonnête (ou bête ?) de dire que seuls les proHamilton sont responsable du limogeage de Masi. Quasi tous les fan de F1 était contre lui, et peu importe leur chouchou ! Il était mauvais, épicétou…

    1. Quand on voit le plan de 10 mètres de long pour réformer l’arbitrage, on ne peut que déduire que le problème c’était le système et non le bonhomme. La sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt… mais le cinéma de Wolff et de Hamilton exigeait un sacrifice

      1. Le système n’était pas suffisant certes (je ne sais pas si le nouveau est mieux).
        Mais on en parle pas du doigt ni de l’arbre mais du directeur, à lui aussi de faire améliorer le système si celui-ci est mauvais.
        Et puis on se plaignait parfois de Charlie, mais c’était sans commune mesure.
        Pour le « VAR », je ne comprend pas ce qu’il y’a de nouveau ??

  4. Le VAR sera un centre audiovisuel qui va collecter toutes les images, et pourra montrer les images indépendamment de la réalisation télévisuelle.
    De deux choses l’une :
    – soit le VAR est indépendant et apporte des informations à la direction de course, comme pourrait le faire un commissaire.
    – soit le VAR est sollicité uniquement quand la direction de course veut toutes les images sur un fait de course.
    Je pense que c’est cette deuxième utilisation qui en sera fait.

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