Renault et Valeo feront un nouveau moteur électrique en France

Dans le véhicule électrique, il y a plusieurs aspects « nouveaux » par rapport aux véhicules thermiques. Les plateformes, ça les constructeurs savent faire. On a d’ailleurs des plateformes mono-énergie – seulement électrique – ou multi-énergie, devant s’adapter à la fois aux motorisations thermiques, et à celles électriques.

Mais, les batteries, l’électronique de puissance et de gestion, ainsi que les moteurs, sont des domaines où il y a beaucoup à apprendre, à créer, et au final à gagner en efficience globale de la voiture. Renault, depuis longtemps a créé son propre moteur, fait à Cléon, pour maîtriser la consommation de sa Renault Zoe. Cette fois, le groupe s’associe à un autre nom de l’industrie automobile : Valeo.

Plus exactement, c’est avec Valeo et Valeo Siemens eAutomotive. Pour le moment, c’est un MOU (memorandum of understanding ou protocole d’accord) qui a été signé. Toutefois, il devrait déboucher sur un partenariat stratégique autour d’un nouveau moteur électrique. La conception, le co-développement et la production dudit moteur sont dans le MOU.

Le but de ce moteur est d’offrir une meilleure efficience (plus d’énergie restituée pour une même consommation électrique) tout en se passant des fameuses terres rares. Outre leur coût important, ces éléments peuvent être extraits dans de mauvaises conditions, humainement et écologiquement parlant. En améliorant l’efficience, une même capacité de batterie permettra d’aller plus loin en autonomie.

Un moteur made in France

Concrètement, Renault développera et produira un roto dit EESM (Electrically Excited Synchronous Motor ou moteur synchrone à excitation électrique). L’architecture globale du moteur, dit « all-in-one » ou tout-en-un sera elle aussi conçue par le groupe Renault.

Le stator pour sa part sera développé et produit par Valeo et Valeo Siemens eAutomotive. Ici, c’est la maîtrise de l’assemblage des fils de cuivre par Valeo qui est mis en avant. Cette maîtrise du bobinage permet de mettre plus de cuivre dans un stator de même volume. Cela permet de générer plus de puissance sans consommer plus d’électricité.

Une véritable synergie, donc, que proposent de créer les signataires de l’accord. Cela donnera un moteur électrique de 200 kW sans terres rares. La production doit démarrer en 2027 et sera faite une nouvelle fois à Cléon (Normandie), l’usine de moteurs par excellence du groupe Renault.

Les déclarations

« Nous sommes ravis de nous associer avec Valeo, dont le savoir-faire est reconnu mondialement. Ensemble, nous allons concevoir et développer une nouvelle génération de moteurs électriques de haute technologie, produits dans notre usine de Cléon. Ce partenariat est une nouvelle démonstration de notre capacité à être à l’avant-garde de la révolution électrique et à ancrer en France la nouvelle chaîne de valeur automobile » déclare Luca de Meo, CEO Renault Group.

Christophe Périllat, Directeur Général de Valeo, précise : « Ce partenariat stratégique va donner lieu à une grande avancée technologique dans la mobilité électrique. Aux côtés de Renault Group, nous allons donner naissance à un moteur électrique automobile de nouvelle génération, permettant d’éliminer les terres rares. Ce nouveau moteur conjuguera les plus hautes exigences environnementales avec les plus hautes exigences de performance. »

Notre avis, par leblogauto.com

« Celui qui ne progresse pas chaque jour, recule chaque jour ». En automobile électrique, c’est la même chose. Les avancées technologiques possibles sont encore si importantes qu’il faut sans cesse chercher à les améliorer. Surtout il y a d’énormes gains en termes de coûts de production à faire, à la fois sur les batteries, mais aussi le moteur. Un moteur sans terres rares, cela existe. Mais, les moteurs sans terres rares dans les aimants sont souvent d’un rendement inférieur pour un poids et un encombrement supérieur à puissance égale.

Ces gains sur le prix de vente final, s’accompagnent aussi de gains d’autonomie. Cela évite de rajouter des kWh « en veux-tu en voilà », d’alourdir les véhicules et au final, de consommer plus. Renault et Valeo ne s’interdisent en plus visiblement pas de vendre leur moteur à d’autres constructeurs. Et en plus ce sera fait en France. Que demande le peuple ?

(22 commentaires)

      1. Ben formidable… Vivement du H2 vert moins cher que le pétrole pour alimenter tout cela avec encore 100 X moins de terres rares.
        … Enfin, malheureusement, ce n’est pas demain la veille.

    1. Le but n’est pas tant de se passer des terres rares que d’atteindre une compacité et un rendement (une efficience) aussi élevée qu’avec un moteur avec terres rares 😉

      1. Il me semble difficile pour un moteur a rotor bobine d’atteindre les mêmes perfos brutes (densité massique de couple) qu’une machine à aimants permanents SmCo. L’induction des aimants est vraiment exceptionnelle. Par contre, le fait de pouvoir piloter l’excitation sur un moteur a rotor bobine offre un degré de liberté supplémentaire de contrôle qui peut être intéressant : par exemple pour defluxer (a haute vitesse / tension batterie faible) sans avoir a augmenter le Id par l’onduleur, donc sans dégrader le cos phi. Et la possibilité d’inhiber totalement le couple moteur simplement en coupant l’excitation permet de gerer proprement les court-circuits statoriques (toujours delicats avec les machines a aimants dont on ne sait pas annuler les fem tant que le rotor tourne…), ou d’assurer le « zero torque » de sécurité (AZT).

    2. meme si ca existe deja, c’est bien. Valeo dans les moteurs électriques, faurecia équipementier majeur de tesla, stmicroelectronics et ses composants au carbure de silicium pour les meilleurs onduleurs, michelin qui fait des pneus EV, l’industrie Française au top !!!

      1. C’est beau ce que vous dites là ! @amiral_sub (la main sur le cœur et une petite larme d’émotion au coin de l’œil) 😉

    3. Ça s’appelle une machine synchrone a rotor bobine avec excitation par bagues et balais, sans aimants permanents au Samarium-Cobalt donc… Je ne sais pas si c’est ‘top strategique’, mais je sais que ça existe depuis, quoi… Une centaine d’années ? Les TVG Atlantiques 1iere génération utilisaient déjà ce type de moteur… La Zoe aussi d’ailleurs (et il faut bien avouer que son moteur est très, mais vraiment tres optimisé).

    4. Bonjour

      Curieux de faire connaissance avec ce « nouveau » moteur électrique ,je viens de parcourir vos pages pour découvrir un appareil presque aussi « vieux » que moi à .Pour la petite histoire ,j’ai fait mes classes au bureau d’étude des Méthodes Contrôle » de SA FERODO St ouen sur les embrayages et le Transfluid.
      Depuis 1957 ,j’ai évolué vers la direction d’entreprise moyenne produisant des moteurs et moto -réducteurs AC et DC.Vers 1980,j’ai eu en mains des moteurs brushless en provenance des USA.
      Concernant ce que j’appelle les lignes de moteurs « classiques » avec ou sans collecteur pour CC ou pour Universel, j’ai acquit les techniques de bobinage ,enroulement ,insertion ,vernissage ,fond d’encoche ,isolation electrique ,formage ,en participant à ces opérations avec les opérateurs en ateliers.Si ce que j’ai lu est bien ce qui est avancé ,c’est à dire le progrès du au bobinage ,je serai curieux de connaitre ,juste pour parfaire mes connaissances comment vous l’obtenez. Tout d’abors il faut que la section de fil de cuivre ainsi que le nombre de spires permettent de respecter le cahier des charges électrique. Souvent lorsque les moteurs sont bobinés « mains » ,la tendance est de charger un peu la quantité de Cu ,de négliger le formage des têtes de bobines ,surtout s’il y a de la place dans les flasques et d’oublier les chutes. Inconvénients qui pour certains sont supprimés en bobinage machine,mais pas celui de l’alongement du à la tension du fil Cu.Ce que je viens d’exprimer ne conduit pas à me présenter en tant qu’expert ,mais à rappeler que les constructeurs de moteurs ont quasiment disparu depuis les années 1970/1980 .Seuls les moteurs LEROY SOMER d’Angoulème ont continué à exister pour finir dans les pattes du « monstre » Géneral Electrique .C’est pourquoi je présume , rare les techniciens et ingénieurs de cette discipline.
      J »espère que Renault comme Valéo dont j’espère la réussite en France dans ce domaine ,se sont prémunis contre ce possible aléa de personnel non formé et éventuellement de l’absence de machine à bobiner automatiques sur le territoire.L’expérience de VALEO dans les petits moteurs de ventilation pour chauffage ne suffira pas ,pas plus que celle de Renault .Mais si ces matériels sont construits en Allemagne ou en Europe , cela n’améiorera pas notre dépendance.
      Pour finir, les gains de production ,peuvent être obtenus pour les grandes quantités par l’industrialisation ,les méthodes et les moyens de production ,l’examen minutieux de la fonction de chaque élément ,la réduction des opérations sur chacun des éléments ,les outils d’usinage ,mais aussi un éventuel changement des matières utilisées en fonction des contraintes et des efforts qui les sollicitent.Un dernier mot :Il fût un temps ou le fil d’alu servit à bobiner les moteurs : moins chère que le cuivre , plus délicat à utiliser mais plus cassant il subit un allongement du à la tension de bobinage.
      Bravo aux deux entreprises et voeux de réussite
      Cordialement

  1. c’est pas facile : le french bashing fait tout le temps penser qu’on est foutus, qu’on va se faire bouffer par les méchants chinois. Tout cela est du à nos excellents ingénieurs mais on est en retard sur les batteries (malgré SAFT). Infineon en Allemagne va challenger stmicroelectronics sur les composants au carbure de silicium. L’industrie Allemande se met très sérieusement aux VE, en tout cas leurs constructeurs investissent bien plus que les notres. La e-megane semble toutefois la meilleure compacte du monde (sur le papier, à vérifier lors des tests)

    1. C’est tout à fait ce que je pense @ amiral_sub
      J’écoutais hier sur BFM Business le patron de Valeo, la journaliste essayait de le faire parler…
      Il semblerait que Valeo soit sur plein d’autos higt-tech et prestigieuses… Du genre Tesla Mercedes haut de gamme, etc.
      Il semblerait même que « les derniers exploits » de Mercedes en voiture autonome soient grâce aux équipements de Valeo !?
      Mais voilà, tout cela est sur le sceau du secret industriel, le Patron même ne peut pas le dire clairement, on est obligé de deviner leurs interventions chez les marques.
      Mais apparemment, nos équipementiers sont vraiment au top et pourraient faire des autos higt-tech et prestigieuses presque sans aide de Stellantis et le groupe Renault.
      Ça le grand public l’ignore ou fait semblant de l’ignorer !?

      1. oui Valeo a fait une sacrée montée en gamme et est un équipementier majeur de …. l’industrie automobile chinoise!

  2. C’est bien joué pour Valeo, ils bossent déjà sur les batteries, ils vont acquérir de plus en plus de compétences.

  3. Soyons positifs mais n’eut il pas plus value le coup de faire d’abord ces études afin de proposer des véhicules optimisés, que de patauger dans des engins de 360 cv avec à peine 400 kms (vent dans le dos) d’autonomie ?
    Les dits véhicules n’auront plus une grosse valeur résiduelles dans 4 ans et auront été mis sur le marché à grands coups de CO² ce qui au final ne sera pas d’une efficience majeure sur la lutte contre les GES !
    Pour mémoire, les VEB sont présentés comme l’arme absolue contre le réchauffement climatique par quelques lobbyes bien implantés.
    En négligeant l’écart technologique et l’écart d’usage du VT face au VEB, on provoque une mutation pour moi bien trop rapide, peu efficiente, sur laquelle rare sont les opérateurs efficaces. Même Tesla n’était pas économe en énergie sur les S X, seule la 3 est enfin moins gourmande, parce que peu capable d’emporter d’immense batteries. (et plus mure techniquement probablement).
    Les Chinois font pression sur le marché mais en leur ouvrant la porte d’un marché pas encore mur technologiquement, c’est un boulevard qu’on leur laisse.
    En se précipitant à la suite des allemands, on risque de rater la marche, et encore une fois le champion du Diesel gate nous l’a refait à l’envers en voulant être dans le green washing automobile…
    Une transition légèrement plus longue, avec l’imposition par le législateur d’une efficience Co² sur la production, avec des rapports du genre Pmoteur = 100kw / autonomie minimale 350 à 400 km réel, ce qui fait que les monstres de 250 kw et leur 450 kms potentiels seraient de facto éliminés, moins lourds donc moins « dangereux » aussi et moins gourmands.
    Vu le nombre de VE déjà produits sur la planète, on devrait sentir une baisse des émissions de Co², ce qui ne me semble pas être le cas.
    La neutralité carbone dans l’industrie, ne serait elle pas qu’une vaste blague ?
    En espérant que ce nouveau moteur (d’ailleurs fabriqué par un non spécialiste des moteurs de puissance, sauf si c’est une techno Siemens) permette aux européens avec le Nidec-PSA de monter un mur, que dis je un rempart face à l’appétit pas très équitable de l’empire du milieu avec des rendements à la roue valables, sur des véhicules abordables.

    1. savez que les achats massifs de suv ne compensent pas la baisse de CO2 induite par les VE?
      par ailleurs en VE la puissance n’a pas d’influence sur la conso. Donc 100 ch ou 400 ch c’est la meme conso, la meme autonomie. Les constructeurs nous régalent donc avec une puissance moyenne très élevée, pour notre plus grand plaisir de bagnolards

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