L’automobile d’occasion va bien, merci pour elle

Au total en 2021, 6 016 435 véhicules d’occasion (VO) ont donc changés de main selon AAA Data. C’est une hausse de 7,9% par rapport à 2020. Surtout, pour la première fois le VO dépasse les 6 millions d’unités vendues. Par rapport au marché du neuf, c’est plus de trois fois plus. Surtout avec un marché du neuf qui fait grise mine à moins de 1,66 million d’unités l’an dernier.

Près de la moitié du marché du VO est faite par Renault, Peugeot et Citroën. Rien d’anormal car ce sont les constructeurs historiques qui font encore le gros du marché du neuf. Renault (la marque) reste leader avec 1,18 million de véhicules quand Peugeot est à 1,09 million et Citroën à un peu plus de 650 000. Toutefois, les deux marques de Stellantis reviennent sur Renault. Les constructeurs allemands suivent avec 475 000 unités pour VW (la marque).

Les premiums (BMW Audi et Mercedes) sont tous les trois entre 240 000 et 260 000 ventes. C’est d’ailleurs à noter que Toyota fait la plus forte progression du top 10 (+18,5%), mais que BMW, Audi et Mercedes sont en hausse de plus de 13,5% à presque 15%.

Qu’est-ce qui soutient le marché du VO ?

En fait, le marché du VO est assez disparate. En effet, les occasions récentes (moins de 1 an) reculent fortement de plus de 10%. Pire, les occasions de moins de 2 ans reculent de 15%. A l’inverse, le marché des 2 à 5 ans réalise le gros des ventes. Mais, et vous l’avez peut-être entendu dans les médias nationaux, le marché des VO de plus de 15 ans se porte comme un charme.

La tendance s’accélère puisqu’en janvier 2022, il s’est vendu plus de véhicules d’occasion de plus de 15 ans que de véhicules neufs !

L’une des raisons est, évidemment, le temps d’attente pour un véhicule neuf. De quelques mois, à quelques semaines avant 2020, ce temps d’attente est passé à près d’un an, voire plus pour certains modèles. La pénurie de semi-conducteurs explique ces retards. Or, les gens veulent une voiture tout de suite. Pas dans un an ! Ils se rabattent donc sur des occasions récentes.

Incertitude sur la possibilité de rouler en thermique

Mais, les véhicules d’occasion suivent également la courbe de prix des véhicules neufs. Et ces derniers ont tendance à être de plus en plus chers depuis des années. Les occasions récentes ont en plus une cote qui reste forte du fait de la demande de ceux qui ne veulent pas attendre pour un véhicule neuf. Les budgets ne sont pas illimités.

Reste donc à aller piocher dans les véhicules plus âgés qui sont encore en bon état mécanique. La longévité des véhicules s’améliore année après année. Déjà, ils font souvent moins de kilomètres par an, et mécaniquement, ils restent bon plus longtemps. Or, cela ne va pas sans conséquence pour les acheteurs. En effet, les véhicules de plus de 15 ans ont été homologués la plupart avant la norme Euro 4. Si c’est un véhicule essence, il pourra être Crit’air 3. Si c’est un diesel, il sera au mieux Crit’air 4.

Aussi, ces véhicules seront ou sont déjà interdits de circulation dans les nombreuses ZFE (zone à faible émission) qui voient le jour en France. Sauf qu’il faut bien se déplacer. Rappelons-le, une majorité de ceux qui prennent la voiture tous les jours n’ont pas d’autre choix. Le fait de prendre un véhicule de plus de 15 ans pourrait aussi être de la faute des futures ZFE.

L’occasion comme relais de croissance

En effet, sachant que les thermiques pourraient être de plus en plus contraints, certains ne voient pas l’intérêt d’acheter un véhicule de 5 ans dont ils ne pourront presque plus se servir dans 5, 10 ans, ou plus. Autant prendre un véhicule sur lequel on ne perdra pas trop d’argent. En revanche, attention, l’ESP n’est obligatoire que depuis 2014 par exemple. Prendre un véhicule d’il y a 10 ans ou plus peut se faire au détriment d’une certaine sécurité. Il faut en être conscient.

Cela fait déjà quelques années que les marques ont compris que le VO était un marché juteux pour eux. Les gens sont prêts à mettre un peu plus cher pour avoir un véhicule révisé et « garanti », quitte à passer par un pro, voire par le réseau de la marque. Renault a lancé la Re-Factory à Flins avec 8 500 m2 consacrés au véhicule d’occasion. L’usine Renault de Séville devrait suivre le même chemin que Flins. D’autres constructeurs se sont lancés là-dedans comme PSA (désormais Stellantis) qui détient 60,56% d’Aramis Group, leader du secteur de l’occasion. Et si les Allemands sont si forts sur le marché de l’occasion en France, c’est aussi grâce à leurs réseaux d’occasion (BMW Occasions, Mercedes Certified ou Das Welt).

Le marché de l’occasion représente un fort potentiel de croissance pour les professionnels et les constructeurs. Seule une voiture d’occasion sur trois est vendue par un professionnel. Les deux tiers restent encore échangés entre particuliers, avec les risques et les avantages que cela comporte.

Top 10 2021 des marques en occasion

Marque 2021 PdM 2020 2021/2020
Renault 1176390 19,38% 1138792 3,30%
Peugeot 1088479 17,93% 1035704 5,10%
Citroën 654043 10,77% 619513 5,60%
Volkswagen 475761 7,84% 434234 9,60%
BMW 259799 4,28% 226044 14,90%
Audi 261756 4,31% 228030 14,80%
Mercedes 241907 3,99% 213043 13,50%
Ford 217295 3,58% 203488 6,80%
Toyota 187709 3,09% 158409 18,50%
Opel 181790 2,99% 176037 3,30%

(16 commentaires)

  1. Ford 8eme, Opel 10eme, les anciennes gloires des années 90 et 2000 qui ont pris de belles gamelles depuis sur leurs ventes neuves. Dacia, Hyundai et Kia leurs sont depuis passés devant. Étonnant aussi de voir Dacia hors du top 10. Les gens achètent neufs et semblent garder leurs modèles, et peu de LOA.

    1. « Étonnant aussi de voir Dacia hors du top 10 » >> Pas si étonnant que cela car déjà ceux qui achètent Dacia ont tendance à garder leur véhicule plus longtemps, c’est vrai (pas rare d’avoir des gens qui ont acheté la 1e Logan ou le 1er Duster et les avoir encore).
      Ensuite, Dacia vend « peu » en France. En 2021 c’était 125 000 autos, moins de 100 000 en 2020. C’est un très beau succès, mais, cela demande du temps avant d’avoir un parc roulant important.

      Or, sans parc roulant, pas de VO.

      1. En complément, une grosse partie des ventes VO su fait sur les fins de contrat LOA/LLD (particuliers et flottes).
        Or Dacia vend très peu sur ces canaux.

  2. oui les prix des vos on augmente parfois de l ordre de 30% sur certains modeles…

    cela sans compter l effet placement sur les voitures plus ancienne ou cela atteint des sommets ( de stupidité)

  3. Il faut noter que le marché de la sportive d’occasion se porte également très bien.
    Les BMW Z3 6 cyl. et coupé, les Clio 2 RS, les Nissan 350 Z ou les Alfa 147 et 156 GTA voient leur cote augmenter régulièrement (ces modèles sont encore à des tarifs raisonnables). Des voitures avec plus de caractère que de technologie, l’inverse des modèles actuels.

    1. Bientôt… Ce sont les mêmes que l’on va voir avec un gilet jaune sur leur tableau de bord en protestant sur les ronds-points que les carburants sont trop chers ! 😀

    2. SGL, tu n’es pas raisonnable !
      Les heureux possesseurs de ces petites mécaniques sportives adorent claquer plein de sous en faisant le plein… une fois par mois, voire une fois par trimestre !
      Si je n’était pas obligé de faire beaucoup de route à cause de mon boulot, je changerais mon joli déplaçoir mazouté contre une Jaaaag S-type R, nettement plus digne de mon standing, n’est ce pas ?
      Et quel régal de voir la trombine des gens à la pompe, que je rendrais heureux de rouler dans leur économe SUV sous-motorisé, en faisant râler ceux derrière moi à cause des loooongues minutes à remplir mon gros réservoir ! ?

        1. C’est marrant de dire ça… Les communistes disent justement l’inverse, ils veulent subventionner les carburants.
          C’est bien la preuve que vous n’importe quoi ! 😀
          Le populiste n’est pas vraiment mon rayon… Il suffit de voir mes dislikes qui le prouve 😉

      1. D’accord @Achille Talon.
        En attendant, ce que je dis est un peu du vécu (déjà vu il y a 3 ans).
        J’ai aussi une GTi de 30 ans qui fait plus de 10l/100 et qui ne bouffe que du 98 à défaut de 97.
        … il faut assumer ses choix, je ne me plains pas (sauf intérieurement) et surtout je ne fais pas subir aux autres le désagrément des carburants chers !

    3. Putain oui, mon frangin c’est achetée une Z. En France ils se touchent sur les prix/km. On a été en cherché une en Allemagne pour 2X moins de bornes. Et malgré le malus de 5000€, il est encore gagnant.

  4. « certains ne voient pas l’intérêt d’acheter un véhicule de 5 ans dont ils ne pourront presque plus se servir dans 5, 10 ans, ou plus. »

    C’est tellement vrai. Et encore plus en ce qui concerne le neuf. C’est exactement pour cette raison que moi même et mon entourage n’achetons plus de voitures neuves. La perte est encore pire. Parce que une occase de plus de 5ans en Critair 1 ça existe, comme en neuf. Et du coup l’exclusion à a fin sera la même. Donc perte encore plus grande. A quoi bon perdre son argent dans des voitures de plus en plus chère qui seront invendables dans pas très longtemps?

  5. on sait tous que les belles autos neuves sont toutes des autos QUI NE SONT PAS PAYéES ! Je connais des gens qui ont les moyens et ne veulent pas de crédit autos . Alors on roule merco, BM d’occase, et on en change et toujours d’occasion .

    1. C’est mon cas… En plus, en Suisse, 90% des voitures neuves sont vendues en leasing de 4 ans : le marché occasion est plein de voitures de pile 4 ans et dans les 50-90’000 km qui sont généralement très bien entretenues.

  6. Les véhicules neufs sont assez chers, ils sont menacés d’interdiction de circuler, sauf les électriques. La parade ? Ne pas bouger ! En cas de nécessité, acheter un critère 1 d’occasion en attendant des jours meilleurs.
    Côté pollution c’est pas l’idéal mais fallait réfléchir mais ce sont les effets de réglementation fumeuses..

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