Métaux pour batteries : l’UE pas protectionniste mais réaliste

L’économie circulaire et des accords commerciaux pour réduire la dépendance de l’Europe sur les métaux rentrant dans la composition des batteries pour véhicules électriques ? telle semble être la stratégie qui ressort à l’issue d’un conseil informel des ministres européens de l’Industrie de l’UE à Lens, dont nous avions fait part.

Batteries : l’UE pas protectionniste mais réaliste selon Thierry Breton

Pour ses batteries électriques, qui nécessitent des métaux stratégiques tels notamment le cobalt ou le lithium qui lui font défaut, l’Union européenne mise sur le recyclage et l’économie circulaire, mais aussi sur des partenariats commerciaux avec le Canada, l’Afrique ou encore l’Amérique latine.

« Nous ne devons pas mettre tous nos oeufs dans le même panier », a déclaré mardi le Commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton, à l’issue d’un conseil informel des ministres européens de l’Industrie à Lens.

« On n’est pas protectionniste, ce serait une folie, on est juste réaliste comme on l’a démontré pour les vaccins », a-t-il ajouté, déclarant vouloir appliquer dans le domaine des matières premières « critiques » les mêmes techniques que celles qui ont permis à l’Europe de devenir en moins de deux ans le premier continent fabricant de vaccins à ARN messager.

L’UE entend – désormais ? – se faire respecter par ses partenaires commerciaux et mettre de côté une certaine « naïveté », critique souvent émise à l’encontre de Bruxelles, ayant de lourdes conséquences sur la désindustrialisation progressive du continent.

Thierry Breton a notamment cité la Serbie, le Canada, l’Ukraine, les pays d’Afrique et d’Amérique latine comme potentiels partenaires commerciaux. Démontrant encore une fois – s’il en était besoin la position stratégique de l’Ukraine en terme de ressources en matières premières.

Le vice-président de la Commission Maros Sefcovic a parallèlement déclaré qu’il était « naturel » que le partenaire commercial de la Serbie pour ses réserves de lithium soit européen « si la Serbie » voulait « bien continuer » dans l’exploitation du gisement.

Bâtir une « autonomie stratégique ouverte »

Parmi les outils envisagés pour bâtir une « autonomie stratégique ouverte », figurent les programmes d’investissements européens dans les technologies de rupture (PIIEC pour projets importants d’intérêt européen commun). Reste toutefois des différences d’interprétation entre Etats membres sur l’utilisation de ces outils qui permettent de subventionner des industries privées.

Fonds d’investissement de 400 millions d’euros face au risque avéré de pénurie

L’Alliance européenne des batteries a parallèlement annoncé la création d’un fonds d’investissement de 400 millions d’euros pour les matériaux qui pourraient financer une dizaine de projets d’extraction ou de raffinage en Europe, a indiqué Maros Sefcovic. Ajoutant que l’UE devait se préparer à de prochaines interruptions de ses chaînes d’approvisionnement.

« Ce n’est pas une question de savoir si cela aura lieu, mais quand », a-t-il prévenu, en citant la flambée des cours du lithium et les pénuries récentes de magnésium qui inquiètent la Commission.

Besoins d’accroître « l’efficacité » de l’extraction minière en Europe

Maros Sefcovic a également souligné le besoin « d’accroître l’efficacité » de l’extraction minière en Europe, avec « les plus hauts critères sur le plan environnemental et social », considérant que « l’acceptation publique » pour l’installation de nouvelles mines est selon lui un « facteur crucial ».

De la Communauté européenne du charbon et de l’acier vers une Communauté européenne dédiée aux aspects économiques de la transition énergétique ?

Évoquant les giga-usines de batteries, dont trois sont désormais annoncées en France, ainsi que leurs prédécesseurs de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) qui ont permis de construire l’Union européenne, la ministre française Agnès Pannier-Runacher, hôte de la réunion, a estimé qu’il s’agissait désormais de construire une « Communauté des énergies bas-carbone, de l’économie circulaire et des nouvelles technologies ».

Ou plus simplement une Communauté européenne une Communauté européenne dédiée aux aspects économiques et aux filières amont de la transition énergétique ?

Notre avis, par leblogauto.com

Pour rappel, seuls 2% des métaux dont l’UE a besoin est disponible sur le continent européen. Or d’ici à 2030, l’Europe vise 25% de la production mondiale de batteries (contre 3% en 2020). Un objectif qui implique de réagir d’urgence alors que la Chine domine le marché en tant que 1er pays producteur mais également leader en terme de consommation.

Sources : AFP

(2 commentaires)

  1. On a pas fini de dépendre des autres, reste à diversifier au maximum les approvisionnements.
    Que deviendront les pays producteurs de métaux rares qui ne sont pas de grandes puissances ?

  2. J’ai l’impression qu’enfin l’Europe commence à prendre conscience de la dangerosité des dépendances de tous les domaines, seulement que maintenant… Alors que c’est un problème qui a commencé, il y a presque 30 ans.
    Enfin pour ce qui nous concerne, Batteries, semi-conducteurs, BE, doivent rester au maximum en Europe et en France !
    Mais il faut taxer intelligemment les exportations… Déjà au niveau taxe carbone, pour des raisons environnement (il y a urgence même si l’on déteste Jadot) et pour des raisons de sauvegarde des souverainetés des pays européens.

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