Allemagne : revoir les taxes de mobilité face à l’essor des VE ?

L’ Allemagne doit réformer ses taxes sur le secteur des transports pour aider à atteindre les objectifs climatiques, mais aussi pour assurer des revenus suffisants dans un avenir de mobilité respectueux du climat, indique un rapport commandé par l’Agence fédérale de l’environnement ( UBA ) et publié par l’Institut d’écologie appliquée ( Öko -Institut ) et Green Budget Germany ( FÖS ). Vaste sujet alors qu’en France, le débat actuel se concentre sur une éventuelle baisse de la TVA sur les carburants pour tenter d’endiguer l’impact sur le pouvoir d’achat de la flambée du cours du brut.

Allemagne  : le développement des VE va tarir les recettes fiscales

« Le système actuel de taxation de la mobilité provient d’un ‘âge fossile' », écrivent les auteurs. « Il ne répond plus aux exigences d’une mobilité individuelle durable, équitable. » Plus les véhicules électriques remplaceront rapidement les véhicules à essence et diesel conventionnels dans les années à venir, plus les recettes des taxes sur l’énergie diminueront rapidement, indique le rapport.  Un constat établi certes pour l’Allemagne mais qui peut également s’appliquer pour la France.

Si le secteur des transports atteignait son objectif des gaz à effet de serre en grâce à une électrification complète, les revenus passeraient de 35 milliards d’euros (2019) à 23 milliards d’euros en Allemagne, si le système qui prévaut actuellement restait en place.

Les taxes sur l’électricité ne combleraient pas le vide laissé par la baisse des recettes fiscales sur l’essence et le diesel notent ainsi les rédacteurs du rapport.

Proposition de mesures à court et long terme

Les auteurs proposent des mesures à court terme à partir de 2023, notamment une augmentation – ambitieuse – du prix national du carbone sur les carburants routiers parallèlement à la suppression de la taxe sur les énergies renouvelables , basant le péage des camions en partie sur les émissions de CO2 et une augmentation des taxes sur les voitures de société.

À long terme (à partir de 2035), le rapport plaide pour la mise en place d’un système de péage automobile dépendant du kilométrage associé au péage poids lourds. Il estime que ce système pourrait assurer des revenus suffisants pour financer le système de transport via ceux qui l’utilisent réellement.

Le secteur allemand des transports à des kilomètres de la cible climatique

Le secteur allemand des transports est « à des kilomètres » d’atteindre son objectif climatique de 2030 ou la neutralité climatique d’ici 2045, écrivent les auteurs. Les émissions de gaz à effet de serre du secteur sont restées pratiquement inchangées depuis 1990, les gains d’efficacité des voitures particulières ayant été engloutis par le passage à des modèles plus grands et plus puissants.

Notre avis, par leblogauto.com

En France, la question risque de rapidement de se poser … au grand jour. Car, il est fort probable qu’une telle étude soit déjà menée. Et que la « solution » envisagée soit de taxer l’électricité consommée pour des besoins routiers ? Alors que les taxes sur les carburants alimentent « grassement » les caisses de l’Etat, ce dernier doit en effet chercher à trouver une moyen de récupérer le « manque à gagner » engendré par le passage aux véhicules électriques.

(9 commentaires)

  1. sujet qui est aborde aussi en ce moment en Angleterre, la solution kilometrique fait le concensus chez les politiciens par contre beaucoup moins chez le citoyen.

    Et que fait on pour les possesseurs de thermique ca fera une double peine (taxe carburant + taxe kilometrique).

  2. Non les taxes sur les produits pétroliers n’alimentent pas « grassement » les caisses de l’Etat elles font partie de son budget annuel.
    Sans ces taxes il faudra bien trouver l’argent ailleurs… ou diminuer d’autant les prestations sociales !

  3. Vu le mode de production électrique en Allemagne, houille et gaz soupoudré de « renouvelable » en greenwashing, comment prétendre que des VE encore plus lourds que les thermiques vont représenter une solution aux objectifs CO2 compte tenu du surpoids des véhicules et des pertes de production/transport électrique et de conversion-stockage côté VE?
    Puis pourquoi détaxer de l’électricité dite renouvelable à base de km2 de produit de fonderie silicium ou d’éoliennes géantes sur km3 de socle en béton à chaque site de production?
    Tout ceci n’a aucun sens et AMHA aggrave même la situation.

  4. Il existe pourtant une solution très simple et équitable pour taxer de maniere juste la mobilité électrique : il suffit de facturer le prix du kWh domestique par paliers progressifs. On conserve les tarifs actuels pour une consommation de base, et au dela on n’augmente progressivement. Simple, imparable et efficace.

  5. Nul doute que si les taxes pétrolière rapportent moins, il faudra taxer autre chose. Ceux qui roulent en électrique aujourd’hui bénéficient d’un avantage taxation modérée qui ne durera pas éternellement.
    Pour l’instant et pour quelques années encore il faut attirer le consommateur vers l’électrique qui progresse lentement si on sort les hybrides qui continuent à rapporter de bonnes taxes avec leur leur conso d’essence très majoritaire.

  6. Dans toutes les présentations budgétaires, on sait que le vocabulaire doit être ajusté à la virgule près, corrigé plus que les calculs eux-mêmes. Oui le « compteur linky » ne suffira à équilibrer recettes, dépenses et ici on va plonger sur les discours. Rien qu’une hausse tangible comme à présent suffit à en freiner la consommation des carburants, d’où recette inespérée. Y a pas photos, ce sont les mots qu’il faudra

  7. Faute de pourvoir mettre le lien d’A-P:

    Comme je l’ai déjà mentionné ici récemment, j’ai eu l’occasion d’en faire l’expérience (volontaire) dans le cadre d’un essai au volant du MG Marvel R, excellente voiture au demeurant, mais à l’autonomie quelque peu limitée par temps très froid – soit 250 km – avec lequel un trajet Mantes-la-Jolie Lyon en passant par Paris m’a coûté 3 charges Ionity pour un total de près de 90 euros. Le même trajet dans les mêmes conditions avec une SUV de taille et de puissance équivalente (Audi Q5 2.0 TFSI e par exemple) m’aurait probablement coûté le même prix, soit une moyenne sur autoroute de 10 l/100km x 500 km x 1,80 €/L. Et nous parlons d’une situation où le prix de l’essence n’a jamais été aussi élevé. Il se peut aussi que cette dernière consomme moins de 10 l/100 à 130…

    La comparaison avec le prix de l’essence vaut ce qu’elle vaut, mais il est certain que cela reste l’étalon pour la plupart des automobilistes. Selon les chiffres de l’ADEME, en 2020 la consommation moyenne d’un véhicule essence était de 6,8 Litres aux 100 kilomètres. Si l’on prend un prix moyen du litre d’essence (SP98) à 1,80 euro, le coût aux 100 kilomètres est de 12,24 euros.

    Si l’on fait une moyenne à la truelle entre les trois principaux opérateurs présents en France, soit Tesla, Fastned et Ionity sans abonnement, on obtient un prix au kWh de 0,65 euro. Avec une consommation moyenne de 20 kWh/100 km (ce qui est assez optimiste avec certains modèles, surtout sur autoroute si l’on taquine régulièrement le 130 km/h), cela donne un coût aux 100 kilomètres de 13 euros.

  8. « Si le secteur des transports atteignait son objectif des gaz à effet de serre en grâce à une électrification complète, les revenus passeraient de 35 milliards d’euros (2019) à 23 milliards d’euros en Allemagne, si le système qui prévaut actuellement restait en place. »

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    https://www.lepoint.fr/environnement/allemagne-la-facture-tres-salee-de-l-electricite-verte-25-08-2015-1958952_1927.php
    « La loi sur les énergies renouvelables (EEG) mise en place en 2000, qui garantit aux producteurs de courant vert un tarif d’achat supérieur à celui de l’électricité conventionnelle, s’est révélée être un véritable gouffre financier. Attirés par des prix garantis élevés, des centaines de milliers de foyers se sont équipés de panneaux solaires. L’Allemagne doit ainsi verser près de 24 milliards d’euros de subventions aux producteurs d’énergies renouvelables chaque année. Ce programme a déjà coûté 300 milliards d’euros et l’ancien ministre de l’Environnement, Peter Altmaier, a estimé que la note pourrait atteindre 680 milliards d’euros en 2022. »

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