La taureau obligé de devenir motoriste
Fin 2020, Honda annonçait son retrait de la Formule 1 à l’issue de la saison, plongeant Red Bull dans l’embarras. En effet, une fourniture moteur client Ferrari ou Mercedes étant inenvisageable pour jouer le titre mondial et un retour avec Renault l’étant encore moins, étant donné le passif des deux entités, Red Bull trancha en décidant de devenir un « motoriste » à part entière, façon de parler.
Red Bull Powertrains Technologies fut ainsi créé, avec un accord qui prévoyait que Honda aiderait à la construction du groupe motopropulseur en 2022, apportant un soutien aux opérations sur piste et en course depuis le Japon tout au long de la campagne avant de se retirer pour de bon dès 2023, moment où Red Bull Powertrains devait assumer l’entière responsabilité de la fabrication et de l’entretien des moteurs.
Red Bull mena en parallèle de ce plan un lobbying efficace pour obtenir en contrepartie un gel du développement des moteurs jusqu’en 2025, soit au terme de la règlementation des V6 hybrides actuels, mettant dans la balance des négociations un éventuel départ de la Formule 1. Vous avez dit chantage ? Ferrari l’a fait plus d’une fois…
Virage à 180°
Sauf que, depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et surtout, Honda a décroché le titre mondial avec Max Verstappen ! Sans doute frustrés de partir alors que le succès est enfin arrivé après tant d’efforts et de souffrances depuis 2015, le staff des ingénieurs Honda était clairement déçu de voir cette collaboration se terminer. Honda a du se rappeler de son départ précipité en 2008, sur fond de crise économique et après une saison catastrophique, pour tout revendre à Brawn qui décrocha le titre la saison suivante.
Et voici que Helmut Marko confirme un changement de plan. Non seulement Red Bull Powertrains récupère une partie du staff Honda – après avoir aussi fait son marché chez Mercedes – mais la collaboration devrait se prolonger jusqu’en 2025 ! Quand on pense que Honda a justifié son départ pour des motifs écologiques et que finalement on se ravise une fois le succès obtenu, il est légitime de relativiser la teneur des discours officiels.
Honda ne devrait donc pas trop s’éloigner de la Formule 1. Le motoriste nippon s’est en effet engagé à fournir Red Bull en groupes propulseurs jusqu’en 2025 alors que Red Bull devait initialement prendre la main à compter de 2023. « Nous avons désormais trouvé une solution complètement différente de celle envisagée à l’origine, confirme Helmut Marko. Les V6 seront fabriqués au Japon jusqu’en 2025 et nous n’y toucherons pas du tout(…) Au fil de nos succès grandissants, une certaine réflexion a été entamée par Honda, souligne l’Autrichien. Il était initialement prévu que les Japonais ne fabriqueraient nos moteurs que pour 2022. Mais il a été décidé que cela se poursuivra jusqu’en 2025, ce qui sera un énorme avantage pour nous. Nous n’aurons qu’à faire des réglages et des étalonnages fins ».
Cerise sur le gateau, Red Bull s’est assuré les services de Masashi Yamamoto qui était le directeur du programme Honda en F1. Il dirigera une société de consulting qui collaborera étroitement avec Red Bull et AlphaTauri afin de faire la jonction entre le personnel de Milton Keynes et celui de Honda resté au Japon. « Nous avons créé une nouvelle société, confirme Yamamoto. Nous voulons créer quelque chose qui rend les gens heureux, et si nous gagnons en F1, alors les fans seront ravis. Nous avons ainsi signé un contrat avec Red Bull Powertrains (…) Sur demande de Christian Horner et Helmut Marko, j’ai été engagé pour les soutenir. En gros, cela crée une passerelle entre Red Bull et le Japon. Si Red Bull Powertrains veut mieux comprendre la culture des Japonais et de Honda, et améliorer ses relations avec Honda, nous pouvons les aider ».
Bien joué pour 2026
Même si l’écurie est censée utiliser des V6 badgés Red Bull Powertrains cette année, on imagine qu’une entente sera trouvée pour que Honda profite des retombées marketing des potetiels nouveaux succès à venir. Le calcul est également très bien fait à long terme par Red Bull puisqu’en 2026, avec la nouvelle règlementation moteur, de nouveau constructeurs sont censés arriver, et pas des moindres puisque Audi et Porsche sont fermement attendus. Or, pour attirer de nouveaux motoristes, la FIA a prévu que les nouveaux venus disposeront d’un budget de développement plus important.
Red Bull n’aurait pas pu en profiter si sa branche moteurs autonome avait été lancée avant 2026. « Cela signifie que les droits et toutes ces choses resteront chez les Japonais, ce qui est important pour 2026 car cela fera de nous des nouveaux venus », a ainsi confirmé Helmut Marko.
Notre avis, par leblogauto.com
On attend les réactions de Mercedes, Ferrari et Renault qui ont accepté le gel des moteurs dès 2022, en espérant que les nouvelles unités introduites soient réussies ! ) Un gel des moteurs auquel Red Bull et Honda s’étaient…opposés en 2020 ! la politique, la politique !
No Helmut, this is not so right ?! ))
Difficile de comprendre la logique de Honda en F1 depuis 15 ans…
très logique
Honda est un motoriste populaire…
Le gel des moteurs tout le monde l’a signé et je me souviens pas qu’il y a eu de grosses réclamations des autres motoristes. Ils sont surement content eux aussi d’arrêter d’injecter des millions dans un moteur, surtout que la F1 essai tant bien que mal à limiter les dépenses. Les perdants seront ceux qui auront le moteur le moins puissant…quoique mercedes a prouvé qu’on pouvait contourner les règles facilement et rectifier le tir.
Place au châssis et aux pilotes, tant mieux, j’en ai marre de voir Mercedes écraser la concurrence avec leur moulin, je comprends toujours pas comment ils ont eu autant d’avance.
Vive Honda.
C’est vrai qu’ils partaient avec un sérieux handicap sur la concurrence. Malgré cela et malgré les embûches (telles que le comportement du soi disant associé McLaren ) ils sont les seuls à faire jeu égal avec Mercedes.
@Twin Spark : il faut voir aussi que sous la pression de Red Bull, Honda a dépensé plus que Mercedes sur l’unité de puissance depuis 2018 (on parle d’un milliard sur 4 ans, comme Mercedes au début de l’ère hybride NB).
L’argent est le nerf de la guerre en F1 et l’a toujours été.
Là où ils ne sont pas Européens, c’est que comme ils avaient dit qu’ils partaient, ils s’y tiennent…presque 🙂
N’importe qui de censé aurait dit « non mais on blaguait » et serait officiellement resté pour récolter les fruits de l’immense montant investi.
Là, c’est un peu mi-chèvre mi-chou avec un retrait qui n’en est pas un, limite à la Renault et Mécachrome au début. On place des ingénieurs, on conserve le moteur, on fait même l’assemblage…
Comme le dit Nicolas, c’est en plus un calcul à long terme pour Red Bull qui pourra être considéré comme « nouvel entrant » en 2026 point de vue moteur et donc dépenser sans compter d’ici là (quand le règlement sera connu).
Sont malinois chez Red Bull 🙂
quel handicap?
en venant après les autres, après le début, Honda a bénéficié un retour d’expérience indirectement, avec toutes les galères des autres motoristes. Ils ont pu alors faire des essais, tester divers approches, fiabiliser le choix technique choisi, puis venir en F1…
Ce n’est pas Mercedes qui est champion??
Encore des difficultés entre championnat pilote et championnat constructeur.
Au regard des 4 derniers courses, ils auraient dû comprendre qu’ils étaient encore loin de Mercedes et suivre leur excuse mensonge d’écologie.