Puces, batterie : l’Europe trop dépendante estime Bosch

Le patron de Bosch appelle à un changement de cap face à une trop forte dépendance

« Nous sommes devenus trop dépendants des autres régions et un changement de cap est nécessaire », a ainsi déclaré au journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, le président du conseil de surveillance de Bosch, Franz Fehrenbach, qui démissionne à la fin de l’année.

Selon lui, il ne faut pas rechercher la cause au niveau des politiques, une telle situation résultant de l’optimisation des coûts dans la chaîne d’approvisionnement.

Mais petit à petit, l’industrie automobile s’interroge sur les difficultés qu’elle pourrait rencontrer à terme au niveau de son approvisionnement en matières premières, et tout particulièrement sur les ressources rentrant dans le processus de fabrication de cellules de batterie.

L’Europe dépendante de l’Asie pour deux composants clés des véhicules électriques

Alors que les semi-conducteurs et les cellules de batterie sont devenues les deux composants les plus importants à l’ère des véhicules électriques et autonomes, les constructeurs automobiles européens s’appuient pour cela sur des fournisseurs asiatiques, l’industrie locale tardant à développer des capacités de production à proximité de ses sites de fabrication.

Une pénurie mondiale de puces automobiles a mis en évidence la problématique … et ses dangers , poussant l’Union européenne à lancer des programmes de subventions pour attirer les fabricants de semi-conducteurs sur le Vieux continent.

L’Europe tente de récupérer le contrôle

Des entreprises allemandes ont présenté des plans pour reprendre le main, tel Volkswagen qui prévoit de construire six grandes usines de cellules de batterie avec des partenaires en Europe d’ici 2030.

Bosch, le plus grand équipementier automobile au monde, a quant à lui ouvert une usine de semi-conducteurs d’un milliard d’euros en Allemagne cette année, son plus gros investissement jamais réalisé.

La société va investir plus de 400 millions d’euros dans les semi-conducteurs en 2022. L’équipementier allemand va concentrer ses efforts sur l’agrandissement de sa nouvelle usine de production 4.0 de Dresde inaugurée en juin dernier, son site de fabrication de plaquettes situé à Reutlingen et sa fonderie de Penang, en Malaisie, centre de test pour les semi-conducteurs qui doit ouvrir ses portes en 2023.

La capacité de test supplémentaire à Penang est destinée à ouvrir la possibilité de localiser de nouvelles technologies dans les usines de fabrication de plaquettes de l’équipementier.

Notre avis, par leblogauto.com

Bien évidemment Bosch prêche pour sa paroisse … pointant du doigt à demi-mots les constructeurs trop fortement dépendants de l’Asie. Il estime que ces derniers auraient tout intérêt à se tourner vers l’équipementier, et ce, d’autant plus qu’il met les bouchées doubles actuellement pour pouvoir répondre à la demande. Si l’optimisation des coûts a conduit les grands groupes automobiles à se tourner vers des fabricants asiatiques, la pénurie actuelle devrait les pousser à réagir.

En mai dernier, Angela Merkel, alors encore la chancelière allemande, avait fait part de son « malaise » face à la dépendance européenne vis à vis de l’Asie dans l’approvisionnement en semi-conducteurs, appelant à plus de production domestique dans un contexte de pénurie mondiale.

« Je ressens un malaise quand un grand bloc comme l’Union européenne n’est pas capable de produire des puces », a-t-elle expliqué lors d’une conférence en ligne avec des chercheurs, relevant le risque que présente une « très grande dépendance » vis à vis des producteurs asiatiques.

Aujourd’hui, les usines d’électroniques de Taïwan comptent parmi les plus grands et les plus avancés producteurs au monde de puces de haute technologie, la Taïwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) étant leader sur ce marché.

Les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement, déstabilisée par la forte demande en électronique et une reprise plus rapide que prévue de l’économie, ont notamment forcé plusieurs constructeurs automobiles européens et américains à ralentir leur production, faute de disposer des précieux composants.

« L’Europe a besoin de ses propres capacités de production car nous ne pouvons pas être certains que les autres partageront », a ajouté Mme Merkel, plaidant pour des « contrats en béton ».

« Nous avons besoin de fiabilité » sans qu' »un évènement extérieur puisse soudainement entraîner un non respect des contrats de livraison », avait-t-elle détaillé.

L’Union européenne cherche par ailleurs à rattraper son retard, visant un doublement de sa capacité de production et de part de marché d’ici à 2030 (10% aujourd’hui) grâce à des alliances entre industriels et chercheurs sur le continent.

Sources : FAZ, Reuters, AFP

(7 commentaires)

    1. Si l’Europe aura enfin compris de ses lacunes, la crise du Covid-19 aura eu encore des bons côtés pour cette prise en conscience.

  1. Ca va être compliqué de rattraper un retard abyssal, du en grande partie à une obstination de la recherche du cout et non de l’intégration de la valeur ajouté.
    C’est si facile d’acheter à l’extérieur, pas besoin de s’emmerder à produite, rappelez vous le PDG d’Alcatel qui rêvait tout haut une entreprise sans usine…
    Au fait dans quel secteur évoluait Alcatel déjà ?

    1. … Oh que oui, Serge Tchuruk est le symbole de la France vendu à la découpe aux Américains puis aux Chinois avec la fermeture de la majorité des 120 usines de son groupe avec le sourire.
      Le problème est qu’il n’était pas le seul.
      Et pour avoir bradé la France, ils ont eu leur parachute doré !

    2. zeboss
      la valeur ajoutée a ses limites d’application, de validité

      on peut laisser les Chinois fabriquer des vetements pas chers, des slips à 1€, et nous réserver les vetements à forte valeur ajoutée (en espérant qu’ils ne vont pas monter en gamme…). Des vetements sur mesure vs. production de masse. Une marque automobile peut laisser les généralistes faire des voitures pas chères avec du revetement plastoc, et se réserver le domaine du cuir, du bois. Dans ces cas là, la valeur ajoutée, ça marche…

      mais il y a des domaines où la valeur ajoutée ne marche pas. Un panneau solaire, une puce électronique, ça remplit une fonction: et c’est ça la valeur fonctionnelle, la valeur ajoutée. Que ça soit fabriqué par un Breton, un Alsacien, un Allemand, un Roumain ou un Chinois, c’est pareil…

  2. « En mai dernier, Angela Merkel, alors encore la chancelière allemande, avait fait part de son « malaise » face à la dépendance européenne vis-à-vis de l’Asie » MDR… Alors qu’elle est en partie responsable depuis 20 ans avec nos patrons des années 90… 😀
    L’Europe manque des usines de semi-conducteur, de batteries, de nucléaire actuel et futur, de programme commun d’armement terre air mer… etc
    La Finlande a choisi le F-35, avec une Europe désunie et 1300 km de frontière commune avec la Russie, on ne peut pas leur reprocher quoi que ce soit.

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