On arrive en fin d’année et comme tous les 6 mois, voilà le cortège de hausses diverses. En début d’année, ce sont les tarifs des péages qui devraient connaître la hausse « traditionnelle ». Les étrennes des concessionnaires en quelque sorte. Cette hausse, elle est automatiquement calculée et dépend de plusieurs facteurs dont les travaux entrepris sur les différents réseaux autoroutiers.
Surtout, elle dépend de l’inflation, et avec la reprise économique mondiale, cette inflation décolle. Les tensions sur certaines matières premières font augmenter les prix et donc mathématiquement l’inflation. Selon l’INSEE, cette inflation a atteint 2,8% (!) en octobre et novembre. Résultat, sur 12 mois glissants (il ne reste que décembre) la hausse des prix calculée par l’institut est de 0,4%.
Approbation formelle en attente
Début 2021, la hausse moyenne avait été de 0,44%. Selon des chiffres du ministère des Transports relayés jeudi 2 décembre par l’AFP, le réseau ASF (Autoroutes du Sud de la France) devrait augmenter ses prix de 2,19%. APRR (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône) augmenterait de 2,05% par exemple. Ces chiffres doivent être présentés en ce vendredi au « Comité des usagers du réseau routier ».
Ils devront également être formellement approuvés par l’Etat pour pouvoir s’appliquer. Mais, on voit mal comment l’Etat pourrait s’y opposer puisque c’est une règle d’automaticité négociée par l’Etat lui-même avec les concessionnaires des autoroutes. Aucun gel des tarifs n’est à l’ordre du jour. La dernière fois qu’il avait eu lieu (sous l’égide de Ségolène Royal en 2015) le rattrapage ultérieur avait fait très mal.
Depuis 2019, et après négociation, les concessionnaires ont accepté de créer des tarifs pour les conducteurs qui passent régulièrement par les péages (réduction de 30% la plupart du temps). Mais pour tous les autres, la douloureuse est toujours là.
What a surprise !
Marronnier traditionnel de début décembre…
« (La hausse) est automatiquement calculée et dépend de plusieurs facteurs dont les travaux entrepris sur les différents réseaux autoroutiers. »
J’adore cette version officielle de l’explication de l’augmentation tarifaire pour engraisser les pauvres concessionnaires.
Parce que 1) Les concessionnaires ont des augmentations de leurs bénéfices annuels très légèrement supérieurs à l’inflation (+25% moyen en 2015 et en 2018, oui, ça augmente toujours beaucoup (sauf en 2020)).
Et donc 2) leur taux de rentabilité interne est en hausse permanente (+ 7% moyen en 2019, oui, c’est très rentable).
Alors que 3) l’Autorité de régulation de transports souligne que les contrats sont régulièrement favorables aux concessionnaires (rapport de nov. 2020),
on constate que 3) la corruption au plus haut de l’État semble être la règle à cause des bénéfices juteux en jeu :
L’actuel président de la République, alors ministre de l’économie, a fait l’objet d’une injonction du tribunal administratif parce qu’il refusait de communiquer la liste des travaux et marchés passés en 2013 et 2014 avec les concessions d’autoroute. Hors, ces contrats, une fois signés, deviennent des documents administratifs soumis au droit d’accès (source Anticor).
Enfin révélés, on constate que M. Macron est d’une générosité sans égale à tous les niveaux sur les contrats passés en faveur des concessionnaires.
https://www.lelanceur.fr/autoroutes-lhypocrisie-du-gel-des-tarifs-de-2015-enfin-devoilee/
Et bonne nouvelle (pas pour nous), ça va encore bien augmenter en 2023 !
quand on parlait du « loup » lors de l’annonce d’une autoroute plus verte la semaine dernière ….
C’est une hausse moins forte que l’inflation, mais il faut toujours que certains se plaignent.