Gandini n’y va pas de main morte…
Marcello Gandini vient de jeter un pavé dans la mare, se fendant d’un communiqué de presse assez caustique dans lequel il dénonce cette réinterprétation Countach qui rendait hommage au modèle d’origine à l’occasion de son 50ème anniversaire. Mais le vrai motif de cette réaction épidermique, et pour le moins inhabituelle, viendrait surtout d’un malentendu entre lui et Lamborghini suite à une vidéo annonçant cette Countach LPI 800-4. Gandini a souligné qu’il n’était en aucun cas impliqué dans la conception et la production du modèle hommage, la Lamborghini Countach LPI 800-4.
Dans cette interview vidéo à laquelle Gandini s’est prêté en juin, le designer s’est entretenu avec le concepteur de la LPI 800-4 et Lamborghini lui a offert un modèle réduit de la voiture qui, selon lui, représentait un hommage à montrer à Pebble Beach. Il n’aurait cependant pas été informé que cette voiture serait mise en production limitée et vendue au public comme une « continuation », d’autant plus que la vidéo a été utilisée pour la promotion de la nouvelle voiture. Marcello Gandini a donc envoyé une lettre dénonçant à la fois l’exploitation de ce clip et, par la même occasion, le nouveau projet Countach lui-même.
Dans la lettre, il va même plus loin, ajoutant que cette voiture ne « reflète pas son esprit et sa vision ». « J’ai construit mon identité de designer, notamment en travaillant sur des supercars pour Lamborghini, sur un concept unique : chaque nouveau modèle sur lequel je travaillerais serait une innovation, un casse-tête, quelque chose de complètement différent du précédent. Le courage, la capacité de créer une rupture sans coller au succès de la voiture précédente, la confiance de ne pas vouloir céder à l’habitude étaient l’essence même de mon travail. Il est clair que les marchés et le marketing lui-même ont beaucoup changé depuis, mais en ce qui me concerne, répéter un modèle du passé, représente à mon sens la négation des principes fondateurs de mon ADN. »
Que la Countach soit une opportunité cynique de surfer sur la nostalgie pour faire du bénéfice, c’est un peu enfoncer une porte ouverte, même si l’on peut rétorquer que l’entretien de la mémoire et du patrimoine est quelque chose d’essentiel pour une marque automobile, encore plus quand il s’agit d’un blason aussi emblématique. Comme dans d’autres domaines artistiques, à l’image des remake à foison que nous « offre » Hollywood, signe peut être d’une crise de la modernité et de la créativité, la nostalgie marche à fond, comme en témoigne le succès du VHC, la spéculation du marché de la collection ou le succès commercial quasiment garanti de toutes les séries hommage qui invoquent l’histoire, de la Giulia GTA à l’Aston Martin DBS 59 en passant par les modèles Icona de Ferrari ou encore la Ford GT 64’ prototype édition.
Le Taureau répond
Piqué au vif, Lamborghini a riposté dans un communiqué diffusé par le magazine italien Quattroruote :
« En référence au communiqué de presse publié le 22 octobre 2021 par Marcello Gandini, Lamborghini entend souligner que le projet de la nouvelle Countach LPI 800-4 découle de la volonté de l’entreprise de rendre hommage à l’une des voitures les plus emblématiques de l’histoire de Lamborghini. Le modèle découle du travail bien informé du Centro Stile et du département R&D de Lamborghini, et il représente une réinterprétation moderne de l’une de ses voitures emblématiques en cohérence avec l’ADN du design qui caractérise les anciennes et les nouvelles Lamborghini » rapporte le position de l’entreprise émilienne qui a tout de suite voulu remettre les pendules à l’heure après que les critiques de Gandini eurent fait le tour du monde ces derniers jours.
« La société n’a jamais attribué de rôle à Marcello Gandini dans la réalisation de la Countach LPI 800-4. Au lieu de cela, Automobili Lamborghini a invité M. Gandini à participer à une interview qui a eu lieu en juin 2021. Il s’agissait d’une conversation avec le designer et le directeur du Centro Stile Lamborghini à propos de la comparaison entre l’ancien modèle et le nouveau (…) Comme il ressort de l’interview vidéo, la Société a informé Marcello Gandini de la présentation de la nouvelle Countach LPI 800-4 à Pebble Beach 2021. Une maquette et des croquis de la nouvelle voiture lui ont été montrés. »
Voilà un différend peu courant qui fait désordre dans la communication normalement bien huilée et sans failles des constructeurs. Dommage. Les célébrations du 50e anniversaire de la Countach sont entachées d’un chapitre controversé qui sent l’amertume.
Un truc me fait sourire.
Lamborghini sort une réinterprétation de la Countach (sur base de Sian, elle même basée sur l’Aventador), alors que Diablo, Murcielago et Aventador sont des évolutions de la 1ère citée. Comme si Renault ressortait une Clio 1 sur base de l’actuelle ou VW une Golf 1 sur une base de… Polo, qui fait la taille d’une Golf 4. C’est le serpent qui se mord la queue.
L’autre chose me fait plutôt tiquer.
Cette mode de la nostalgie et du restomod débouche souvent sur des ré-interprétations parfois plus belles que les originales. Sauf qu’il ne faut surtout pas mettre cette nouvelle Countach devant l’originale, parce que l’originale présente une pureté de ligne qui est défoncée par les énormes entrées d’air latérales sur la nouvelle. Même comparée à une LP400 avec ses prises d’air NACA, tout semble hypertrophié. Et en abandonnant les projecteurs escamotables, qui sont une caractéristique de la Countach, l’avant fait plus penser à la Diablo !
Je suis d’accord avec Gandini, cette nouveauté marketing ne sert à rien.
Ça serait l’œuvre d’un préparateur ou d’un carrossier, on applaudirait, mais venant de l’usine Lambo…
Un pont aux ânes (c’est-à-dire une faute d’orthographe élémentaire) repéré quatre lignes avant la fin : différent écrit avec un « t » final au lieu d’un « d » !
Car lorsqu’il y a un différend avec quelqu’un, différend est un nom et s’écrit avec un « d » final et non avec un « t » comme c’est le cas pour l’adjectif différent !
Règle : un différend avec un « d » est un nom tandis que différent avec un « t » est un adjectif.
Et si on a un différent différend ? 😉
Merci du signalement.
Lamborghini a eu parfaitement raison de mettre les points sur les i, et rabattre le caquet de l’orgueilleux retraité.