Groupe Renault : This is a Renaulution

La Renaulution est composée de trois phases distinctes :

  • La « Résurrection » qui commence dès à présent et se déroulera jusqu’en 2023. Elle doit voir la restauration de la marge financière et la génération de liquidité (free cash flow)
  • La « Rénovation » qui débute elle-aussi maintenant, se poursuivra jusqu’en 2025. Elle concerne le renouvellement et une nouvelle répartition des gammes. Cela devrait voir de profonds changements.
  • Enfin, la « Révolution » débutera en 2025 et finira de transformer le groupe Renault vers un modèle économique tourné vers la technologie, l’énergie et la mobilité

Pour sa Renaulution, de Meo compte sur l’Alliance avec ses bons côtés de synergies et de marchés complémentaires. Il compte également sur une réattribution des rôles de chaque marque au sein du Groupe Renault.

Renault sera la marque « nouvelle vague » :

« La marque incarnera la modernité et l’innovation au sein et au-delà de l’industrie automobile dans les services énergétiques, technologiques et de mobilité par exemple. Dans le cadre de sa stratégie, la marque relèvera son mix de segments grâce à une offensive sur le segment C et renforcera ses positions en Europe, tout en se concentrant sur les segments et les canaux rentables sur des marchés clés tels que l’Amérique latine et la Russie ».

Renault a présenté une Renault 5 des temps modernes ainsi qu’un nouveau logo inspiré de celui fait par Vasarely. Nous y reviendrons rapidement dans un article séparé.

Dacia associé à Lada sera la marque « Tout. Simplement » :

« Dacia, qui reste Dacia avec une touche de fraîcheur et Lada, toujours robuste et solide, continueront à proposer des produits abordables, basés sur des technologies éprouvées et destinés aux acheteurs cherchant l’achat malin, tout en allant sur le segment C ».

Pour Dacia, un nouveau logo a été dévoilé. Exit le « décapsuleur », ce nouveau logo est stylisé et symétrique.

Alpine, le sport et la revanche de Jean Rédélé

« La marque Alpine réunira les voitures Alpine, Renault Sport Cars et Renault Sport Racing au sein d’une nouvelle entité à part entière qui se consacrera au développement de voitures de sport exclusives et innovantes ».

Attention, de Meo annonce une marque 100% électrique ! Une voiture de sport électrique nouvelle génération est également annoncée avec Lotus. Nous reviendrons dessus dans un article séparé avec Alpine F1 Team.

Mobilize : la nouvelle marque « Au-delà de l’automobile » :

« Cette nouvelle entité commerciale vise à développer de nouvelles sources de bénéfices provenant des services de données, de mobilité et d’énergie au profit des utilisateurs de véhicules, et à générer plus de 20% des revenus du Groupe d’ici 2030 ».

Cette nouvelle marque de mobilité a par ailleurs présenté quatre véhicules électriques. Le premier est l’avenir du Twizy. Ce petit véhicule d’autopartage change en passant visiblement à deux places côte à côté. Nous reviendrons dessus dans un article séparé.

Des objectifs ambitieux pour le redressement du groupe

D’ici 2023, le Groupe Renault vise plus de 3% de marge opérationnelle Groupe. Côté free cash flow ou flux de trésorerie libre, Renault ambitionne d’atteindre environ 3 milliards d’euros pour l’opérationnel de l’Automobile cumulé (2021-23). Dans le même temps, les investissements et dépenses de R&D devraient être réduits à environ 8 % du chiffre d’affaires (contre 10% actuellement). Cela demande une plus grande efficacité dans ces domaines pour mieux dépenser. Les synergies au sein de l’Alliance et le modèle « meneur-suiveur » (leader-follower) devraient aider grandement.

Pour 2025, ces objectifs sont revus à la hausse avec une marge opérationnelle Groupe d’au moins 5 % ainsi qu’environ 6 milliards d’euros de free cash flow opérationnel de l’Automobile cumulé (2021-25).

« Le plan Renaulution assurera une rentabilité durable du Groupe tout en respectant son engagement de neutralité carbone en Europe d’ici 2050 ».

Rationalisation et coupe dans les coûts

Pour atteindre ses objectifs, le Groupe Renault va devoir faire sa révolution. Sont annoncées la rationalisation des plateformes de 6 à 3 (avec 80% des volumes du Groupe sur trois plateformes de l’Alliance) et celle des groupes motopropulseurs (de 8 à 4 familles).

Renault veut aussi accélérer les mises sur le marché en moins de trois années. La capacité industrielle sera redimensionnée pour passer de 4 millions d’unités potentielles en 2019 à 3,1 millions d’unités en 2025. Attention, cela pourrait fortement se traduire par une baisse des effectifs et peut-être des fermetures de site.

Pour redresser la marge, Renault veut aussi se tourner vers les marchés à fortes marges comme l’Amérique latine, l’Inde ou la Corée. Marchés qui ont sauvé en partie le bilan 2020 de Renault. Le groupe veut aussi mettre l’accent sur la compétitivité des usines en Espagne, au Maroc, en Roumanie, en Turquie et créant davantage de synergies avec la Russie…

Il y aura de la taille dans les coûts fixes avec un but d’économiser 2,5 milliards d’euros en 2023, puis 3 milliards d’euros d’ici à 2025. Côté coûts variables, Renault vise 600€ d’amélioration par véhicule d’ici 2023 !

Notre avis, par leblogauto.com

Luca de Meo a présenté un plan plus ambitieux que le plan 2022 qui avait été dévoilé avant son arrivée. Il est ambitieux en termes d’économies et de rétablissement de la marge. Mais, également en termes de repositionnement des marques et de renouvellement des gammes.

Le repositionnement vers le segment C est par exemple un sérieux challenge pour Renault après des années à viser le segment B, celui de la Clio par exemple. Ce segment devrait être délaissé peu à peu au profit de Dacia (avec Sandero).

La bonne nouvelle est tout de même qu’Alpine reste en vie, avec un objectif de rentabilité à 2025. Cela montre que Luca de Meo compte réellement sur la marque et lui laisse du temps pour elle aussi faire sa révolution…électrique.

(14 commentaires)

  1. Pour les Alpine 100% électrique, je le comprends plutôt dans le sens de modèles 100% électriques (non hybrides donc) dans la gamme, ou alors à minima hybrides pour les modèles thermiques. 😉
    Je ne crois pas à l’Alpine A110 100% électrique sans variante thermique/hybride.

  2. Etrange de viser le segment C et de proposer comme nouveauté une R5 et une R4ever….
    Vu le niveau actuel du marché c’est le plus encombré chez tout le monde.
    Le Kadjar se vend correctement mais est loin d’être une star, avec le Koléos et le Scénic il n’est pas assez épaulé, sans parler de l’Espace et de Talisman. Mais c’est le cœur de marché rentable, un Kadjar 7 places regroupant tout ce petit monde, ne serait ce pas mieux ?
    Ou alors LDM a des infos sur les préventes de la 500e qui le font rêver…

  3. « Renault veut aussi accélérer les mises sur le marché en moins de trois années. »
    « Renault vise 600€ d’amélioration par véhicule d’ici 2023 »
    Cela risque de se faire au détriment des tests et de la qualité, comme on l’a vu sous l’ère Ghosn avec l’Espace 4 par exemple.

  4. Vivement que Tavarès dévoile la stratégie et les produits de Stellantis, ça devrait être encore plus spectaculaire de de Meo pour Renault 😀

  5. L’arrêt de la Talisman et de l’Espace… et du Koleos actuel
    Remplacé, éventuellement, par un Koleos 3
    Ne sont pas annoncés !?

  6. Si redressement il y a, l’amplitude et le temps que ça prend laisse songeur.
    Tout ça pour sortir 3% de marge en 2023 et 5% en 2025…
    après avoir perdu 7 milliards au 1er semestre 2020 !!!

    Renault c’était plus de 5% depuis 2014, près de 7% en 2017-18…
    et PSA caracolait à 8,5% en 2019.

    C’est pas gagné.

  7. Le premier objectif est purement financier et doit intervenir sans attendre l’arrivée des nouveaux produits.
    C’est inquiétant pour les salariés !

  8. ah que c’est beau cette passion pour l’automobile ! je plaisante bien sur.
    Moi j’aimerai que Renault parle de voitures plus que de marges opérationnelles.
    Par dessus tout, j’aimerai qu’ils focalisent l’attention sur la qualité de construction plutot que sur l’objectif d’augmenter le prix de vente.
    Tant que ces voitures seront fabriqués toujours plus loin et à l’économie (surtout les connectiques électriques), ca restera du bas de gamme jetable et trop cher.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *