Suzuki dans le vert, sauvé par la Chine, impacté par l’Inde

Prudent ou incertain – selon que l’on soit optimiste ou pessimiste – Suzuki s’est bien gardé de fournir des prévisions pour l’ensemble de l’exercice. Le constructeur prévoit d’ores et déjà d’être fortement impacté par l’ampleur de la pandémie observée en Inde, pays dont le marché constitue pour un lui un débouché crucial.

Suzuki enregistre de justesse un bénéfice au deuxième trimestre

Suzuki a publié lundi un bénéfice net de 1,8 milliard de yens pour le deuxième trimestre 2020, ce qui correspond à une chute de 95,6% sur un an.

Son bénéfice opérationnel a lui aussi fondu comme neige au soleil, s’établissant à 1,3 milliard de yens, enregistrant une chute de 98% sur douze mois.

Ventes de Suzuki diminuées de moitié

Ses ventes trimestrielles ont quant à elles diminué de plus de moitié pour s’établir à 425,3 milliards de yens.

Suite à la pandémie, ses ventes se sont notamment effondrées sur ses marchés internationaux, régressant globalement de -65,5% en valeur. La baisse est également marquée au niveau de son territoire d’origine, le Japon, ses résultats commerciaux y chutant de 27%. Rappelons à cet égard que le pays a été placé en état d’urgence sanitaire en avril-mai pour tenter d’endiguer la propagation du Covid-19.

En volume, ses ventes automobiles ont chuté de 64,3% durant le deuxième trimestre, à 263’000 unités.

Suzuki incapable de faire des prévisions, l’Inde étant fortement frappée

« La pandémie de Covid-19 se propageant en Inde, marché majeur du groupe, nous sommes incapables actuellement de faire des prévisions (de résultats) à partir de calculs rationnels », a par ailleurs indiqué Suzuki dans son communiqué.

En 2019, le marché indien constituait le premier marché de Suzuki, le constructeur y réalisant un tiers de ses ventes mondiales.

Mais, compte-tenu de la flambée des cas de Covid observée dans le pays, ses ventes en Inde ont dégringolé de 83% en valeur glissante annuelle durant le 2d trimestre 2020. Sur la période, le marché représente désormais moins de 12% de son chiffre d’affaires total.

Pour rappel, l’Inde est à l’heure actuelle le troisième pays au niveau mondial le plus touché par le Covid-19, derrière les Etats-Unis et le Brésil, avec quelque 1,8 million de cas recensés à ce jour, pour plus de 37.000 décès.

Mais le Covid n’explique pas tout …

Début février, nous indiquions d’ores et déjà que le bénéfice net cumulé de Suzuki avait chuté de plus d’un tiers en valeur glissante annuelle. Une contre-performance que le constructeur automobile japonais attribuait alors à des impacts négatifs des taux de change et au ralentissement du marché automobile indien.

Sa régression était déjà si importante en Inde – même s’il restait leader des constructeurs – que dès cette période, le Japon devançait le pays en terme de marché.

Le Japon devance l’Inde dès le début de 2020 … soit avant le Covid

D’avril à décembre 2019, les ventes de Suzuki auront tout particulièrement chuté en Inde, sur le segment des véhicules légers, le pays étant confronté à une importante régression du secteur automobile.

Et ce alors même, que Suzuki est également confronté à une chute de ses ventes au Japon et que Maruti-Suzuki reste numéro un en Inde et de loin. Sur l’année, les 6 premières places des ventes par modèle lui reviennent, dont le segment des SUV.

Précisons que le marché indien a globalement subi une baisse de 12% en 2019, passant sous les 3 millions d’unités.

Suzuki dans la tourmente avant le Covid

D’avril à décembre 2019 – les neuf premiers mois de son exercice 2019/2020 – le bénéfice net cumulé de Suzuki s’était établi à 116,6 milliards de yens, correspondant à une chute de 35,5% en valeur glissante annuelle.

La situation ne faisant que s’empirer chaque trimestre : sur le seul troisième trimestre, le bénéfice opérationnel avait de nouveau diminué par rapport aux deux trimestres précédents, chutant de 10,7% en valeur glissante annuelle, à 51,8 milliards de yens.

Retrait du marché chinois : désormais un atout

Le fait que Suzuki se soit retiré du marché chinois en 2018 constitue désormais un atout. Le constructeur est ainsi peu exposé à l’impact de l’épidémie de coronavirus, contrairement à de nombreux concurrents. Ce qui permet d’expliquer qu’il puisse dégager un bénéfice dans le contexte tourmenté qu’i prévaut actuellement.

Malgré ses difficultés commerciales, Suzuki a vu son titre s’envoler au début de l’année 2020, les investisseurs réagissant favorablement à sa très faible exposition aux risques de l’épidémie chinoise.

Notre avis, par leblogauto.com

Plusieurs éléments majeurs à retenir : le Covid n’explique pas tout … tandis que le marché indien ne devrait pas reprendre de sitôt, le pays étant durement frappé par la pandémie. Reste tout de même que le constructeur aura réussi à afficher un bénéfice. Grâce à la Chine …. ou plutôt grâce à son retrait de la Chine.

Sources : AFP, Suzuki, Kyodo

(16 commentaires)

  1. Suzuki, c’est 50 % du marché indien.
    Et ce marché (1,35 milliards d’habitants) étonnamment, ne fait que 3 millions de ventes /an , soit l’équivalent de l’Allemagne (pour 83 millions d’habitants).
    L’Inde est vraiment très en retard sur le plan économique.
    Aucune comparaison possible avec les autres pays asiatiques.
    Et la situation ne change pas !
    Un pays émergent ne doit pas faire que de l’informatique…!

    1. Et pour le retrait du marché chinois, ce désengagement devrait aussi inspirer PSA ! Pour Renault, c’est déjà programmé.
      De nombreux constructeurs européens et américains sont aussi appelés à se retirer de la Chine.
      Il ne restera plus que VW, qui essaiera de devenir le Suzuki (comme en Inde) chinois.

      1. Renault a vendu ses parts de sa JV avec Dongfeng mais n’est pas (encore?) sorti du marché chinois pour autant. Du moins en tant que Groupe (2 autres JV, Jinbei et JMEV demeurent même si on ne sait toujours pas ce que Renault veut faire de Jmev).

    2. L’Inde souffre avant tout d’une administration immensément lente… Forcément, quand un pays a un boulet accroché au pieds déjà il avance moins vite. Même dans l’informatique ou pas mal de choses y ont été envoyées cela me parait se calmer pour une raison sans doute propre à leur système éducatif pas vraiment donné: Le résultat, c’est des ingés qui n’ont pas eu un tronc commun assez large avant leur spécialisation et qui sont donc incapables de comprendre, voir déborder, sur les métiers adjacents. Ils sont allés à l’essentiel pour minimiser la durée d’étude et le coût: Pisser du code…
      Le problème étant que toute imprécision/liberté laissée dans la spécification aura des conséquences car ce sera implémenté en dépit du moindre bon sens. Mais ce sera de votre faute car mal spécifié!
      Niveau purement économique ensuite, j’ai vu après un rachat voir fait sur place par 300 personnes (en fait, peut-être même 1 ou 2 centaines de plus, personne ne savait en fait vraiment!) le travail qui était fait chez nous par une équipe de 30… Ce qui n’avait pas empêché les indiens de récupérer leur travail!

      1. Imaginons seulement l’Inde au niveau du Japon, de la Chine ou de la Corée !! Et en fait c’est ce qui va arriver.

    3. Attention l’Inde est aussi un pays assez « gros ». Le problème est qu’il a été construit par les Anglais !! Partout où l’Anglais parait ..

  2. De toutes façons, si ma mémoire est bonne Suzuki est allié avec Toyota qui est très fort en Chine.
    Par ailleurs, je note que si l’Inde est dans « la tourmente de l’épidémie » avec 37000 décès, comparé à la population totale ils s’en sortent beaucoup mieux qu’un autre pays du tiers-monde, la France.

    1. Hors sujet ? Et ce paragraphe, c’est moi qui l’ait écrit aussi ?
      « Suzuki incapable de faire des prévisions, l’Inde étant fortement frappée
      « La pandémie de Covid-19 se propageant en Inde, marché majeur du groupe, nous sommes incapables actuellement de faire des prévisions (de résultats) à partir de calculs rationnels », a par ailleurs indiqué Suzuki dans son communiqué.

      En 2019, le marché indien constituait le premier marché de Suzuki, le constructeur y réalisant un tiers de ses ventes mondiales.

      Mais, compte-tenu de la flambée des cas de Covid observée dans le pays, ses ventes en Inde ont dégringolé de 83% en valeur glissante annuelle durant le 2d trimestre 2020. Sur la période, le marché représente désormais moins de 12% de son chiffre d’affaires total.

      Pour rappel, l’Inde est à l’heure actuelle le troisième pays au niveau mondial le plus touché par le Covid-19, derrière les Etats-Unis et le Brésil, avec quelque 1,8 million de cas recensés à ce jour, pour plus de 37.000 décès. »

      1. @Béret Vert : ce n’est pas votre com’ qui est visé mais un qui n’apparaît plus 😉 désolé de la méprise 🙂

    1. En fait, l’Inde a officiellement moins de décès par habitants car ils ont une population jeune. Mais il y a d’autres facteurs que pour le moment les médecins n’expliquent pas.

      Cependant, l’Inde confine par millions et ceux qui ne sont pas confinés sont…Ceux qui n’ont d’autres choix. En gros, les pauvres.
      Et cette population n’achète pas forcément de voiture neuve.
      Comme le dit Elisabeth, la Covid-19 n’explique pas tout, loin de là.

      Un peu comme d’autres vont s’appuyer sur la crise sanitaire pour faire des coupes, des restructurations, etc et les faire accepter « on a pas le choix ».

  3. On peut donc dire que DES constructeurs réussissent à ne pas passer dans le rouge dans cette période, puisque Suzuki rejoint PSA dans ce cercle très fermé des bénéficiaires !
    D’autres candidats ?

    1. Heum…
      Il n’y aurait pas un petit problème informatique dans la gestion des posts actuellement ?
      Je viens de poster le billet « On peut donc dire que DES constructeurs… » et il s’est substitué à un autre post « tête de liste » (qui a visiblement eu le même problème à lire les commentaires suivants…) en récupérant les réponses correspondantes ?!?

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