Sécurité routière: la sieste, plus efficace qu’une pause

Quarante « bons dormeurs » (au moins 8 heures de sommeil la veille) ont effectué sur simulateur de conduite et avec des électrodes mesurant plusieurs variables cognitives (fatigue, somnolence, vigilance, anxiété), un trajet autoroutier monotone (sans trafic, avec interdiction de quitter leur voie).

Ce trajet était séquencé en deux fois deux heures de conduite, entrecoupé d’une heure de pause comprenant un déjeuner identique pour chaque participant.

Lors de cette pause, un premier groupe a effectué une sieste dans un lit après la collation, un deuxième a dormi sur le siège incliné du véhicule et un dernier s’est contenté d’une simple pause.

Sans sieste : +21% de déviations latérales

Résultat: pendant les deux heures qui suivent l’arrêt, les déviations latérales du véhicule (zigzags synonymes de perte de vigilance voire de somnolence) des sujets n’ayant pas dormi sont supérieures de 21% à celles de ceux ayant fait une sieste — la différence est bien moindre entre les sujets ayant dormi dans un lit et sur le siège.

Le delta est même de +80% entre les 40e et 50e minutes qui suivent la reprise du volant.

« Derrière tout ça il y a l’horloge centrale, qui pilote une phase d’hypovigilance (état intermédiaire entre la veille et le sommeil, pendant lequel les facultés d’analyse et d’observation sont réduites) en début d’après-midi, pour permettre de dormir si on le souhaite » explique à l’AFP Damien Davenne.

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L’hypovigilance d’après repas est inévitable

Chronobiologiste, professeur à l’université et directeur de l’unité de recherche COMETE de l’Inserm/Unicaen, dédiée aux mobilités, il a piloté cette étude financée par la fondation Vinci Autoroutes.

Impossible de lutter contre cette hypovigilance du début d’après-midi, « automatique, même si elle est accentuée par des privations de sommeil préalables », ajoute-t-il.

« La sieste est primordiale quand on effectue un long trajet. Dix ou quinze minutes suffisent, après entrent en jeu des mécanismes d’inertie de sommeil (se réveiller encore endormi) préjudiciables à la conduite » poursuit-il.

Selon le baromètre 2020 de la fondation Vinci Autoroutes, 62% des Français interrogés par Ipsos disent s’arrêter, au cours d’un long trajet, pour faire une sieste.

Par AFP/nk/cld/riw

(14 commentaires)

  1. C’est une piste intéressante, ce n’est pas pour rien que les routiers ont des disques de contrôle sur leur véhicule afin de les obliger à se reposer.
    Les autorités se focalisent sur la vitesse alors que la vigilance est ignorée.
    Si on s’occupe de la vigilance et de l’alcool, on fera baisser le nombre d’accident de façon certaine mais il est vrai que c’est plus compliqué.

    1. La vigilance est ignorée ? Vu les campagnes à chaque départ en vacance rappelant que la somnolence est la première cause d’accident sur autoroute, et vu la tartine de publications sur les réseaux sociaux actuellement ou à la télé, ce n’est pas « ignoré ».

      Par contre vous la mesurez comment la vigilance ? Avec un test médical à électrodes ? 1 contrôle par heure ? Pas gagné 😉
      Ici la communication et l’éducation font tout. Sur les aires d’autoroutes il y a des panneaux, des rappels dans les stations, etc.

      1. @Thibaut
        Les campagnes à chaque départ en vacances, je veux bien et le reste de l’année pas grand chose en comparaison du bruit fait autour de la vitesse. 😉
        Je vois que nous sommes d’accord sur la difficulté de mesurer la vigilance et peut être serons nous d’accord pour dire que ce n’est pas un motif pour ne pas s’en occuper.
        Chez les professionnels de la route, il y a un outil qui empêche de conduire dans faire de pose. Je ne dis pas qu’il faut le généraliser mais c’est un moyen.

        1. Il n’y a plus de campagne sur la vitesse depuis un bout de temps.
          Il y a eu pas mal de téléphone au volant, et en ce moment c’est l’hypo-vigilance.
          J’ai entendu il y a pas 20 min une pub radio avec un « papi motard » qui remercie Jeanne qui sentant que les yeux picotaient a fait une pause et ne l’a pas percuté, lui permettant de jouer avec ses petits enfants…
          c’est un peu gnagnan mais le message « on peut tous sauver une vie » devrait passer…ou pas.

          Les pros c’est 4h30 ininterrompues avant une pause de 45 min (ou 15+30). Le message pour les particuliers c’est « toutes les deux heures la pause s’impose »…
          Et uniquement pour les camions. Un pro en voiture ou en VUL n’a pas les mêmes contraintes.
          La communication est centrée sur les départs en vacances ou les ponts (ascension, toussaint, pentecôte, etc.) car c’est là que se concentre les flux de particuliers sur plus de 2h.

          1. Effectivement la communication autour de la sécurité routière a changée. Il y a encore 3 ans le CNSR radoté que la vitesse était le premier facteur de mortalité, et l’essentielle de l’action de la sécurité routière était de bannir tout km/h de trop.
            Aujourd’hui à force de statistiques et de données contradictoires rendues publiques, on revient à des réalités. La vitesse est un facteur aggravant. Les autres causes sont de nouveau traitées avec sérieux. Mais durant ce temps que d’accidents que de morts.

            Je comprends Galileo devant l’obscurantisme de son époque.

            « Selon le baromètre 2020 de la fondation Vinci Autoroutes, 62% des Français interrogés par Ipsos disent s’arrêter, au cours d’un long trajet, pour faire une sieste. » Oui avec de telles données on peut s’autoriser à tout dire.

          2. Discussion intéressante…toutefois les contrôles et les sanctions et quelques polémiques sont surtout dirigés contre la vitesse.
            On peut citer le développement actuel de radars en tout genre, les ralentisseurs plus ou moins légaux, la réduction de la vitesse à 80 km/h, la polémique sur le retour à 90, le projet de limitation à 110 sur les autoroutes etc…
            Je trouve qu’on en entend encore beaucoup parler tout de même.
            Pendant ce temps là, bien peu de contrôle de l’alcoolémie ou autres substances altérant la vigilance.
            Pour la somnolence l’électronique embarquée peut aider.

            ;;;

          3. Je n’arrive plus à mettre la main sur le rapport (2018 de mémoire) mais en fait en contrôles humains, l’alcool et papiers du véhicules étaient devant la vitesse.
            Il est vrai qu’elle est très très largement automatisée.
            Le contrôle humain demande plus de temps et d’effectif pour un résultat « aléatoire », sauf à faire souffler tout le monde (impossible) c’est pour cela aussi qu’on a l’impression de ne jamais en voir 🙂

            En accident multi-factoriel, la vitesse inadaptée reste 1e, et il faut additionner l’alcool, les stupéfiants et médicaments pour arriver au même % que la seule vitesse.
            Pas simple de mettre l’accent plus sur ceci que cela…chaque facteur est une partie de bcp d’accidents.

  2. Il eu été intéressant d’intégrer dans le test un groupe de personnes qui ne prennent pas de pause.
    Si je comprend bien, la solution la plus efficace est de faire la sieste dans un lit … pas facile à trouver sur une aire de repos.
    Tous en camping car !

    1. D’après l’étude, l’écart entre lit et siège incliné est bien moindre qu’entre sieste et pas sieste. Donc le siège incliné c’est déjà bien!!

  3. L’alcool et les papiers devant la vitesse mais je parierais bien un billet que c’est légèrement plus pour les papiers. 😉
    Pour l’anecdote puisque ça n’a pas valeur de statistiques, s’agissant de l’alcool après de nombreuses années passées sur la route et des centaines de milliers de kms, j’ai été contrôlé 2 fois. En revanche les radars m’ont contrôlé plusieurs fois par jour et même plusieurs fois par semaine avant leur automatisation.

    1. @Xavier : juste parce que vous ne faites plus partie de la cible des contrôles alcool+stup 😉

      En gros, les contrôles se basent sur les données :
      https://www.leblogauto.com/2020/06/bilan-definitif-de-laccidentalite-routiere-2019.html
      (le lien vers le bilan ONISR est en fin d’article).

      En gros, quand on prend les 18-24 ans, on a 80% des causes d’accidents mortels avec vitesse+alcool+stup. Or, les jeunes s’alcoolisent surtout en boîte de nuit, en festival, etc.
      Donc les contrôles se concentrent sur ces endroits. En ce moment, les boîtes de nuit sont encore fermées et les stats chez les jeunes baissent fortement…
      Quand elles sont ouvertes, les FdO sont tous les weekends sur le pont.

      Par contre, au-delà de 45 ans, on tombe à moins de 50% avec le trio infernal.
      Et les alcoolisations de cette tranche d’âge est plus diffuse et donc plus difficilement traçable : repas de famille, d’amis, etc. Là, les contrôles sont plus compliqués à mettre en place, mais il y en a.
      La France ayant 900 000 km de voies (plus en comptant les routes communales), les contrôles sont forcément « invisibilisés ».

      En 2018, 26 millions d’infractions au code de la route ont été constatées…dont 7 millions d’infractions au stationnement génants/dangereux, de loin les plus contrôlées 🙂 encore plus depuis la dépénalisation d’ailleurs.
      Sur les 19 millions d’infractions non stationnement, il y a 630 000 délits routiers. C’est peu et c’est beaucoup.
      Evidemment, vu l’automatisation, le nombre de PV vitesse est de 14,4 millions.

      Donc il reste 4,6 millions dont :
      – plus de 120 000 délits alcooliers (plus de 0,8 g/l) et 71 000 infractions (0,5 à 0,8 g/l)….impressionnant d’avoir plus de délit à l’alcool que de simples infractions…les contrôles ciblés sont passés par là.
      – 63 000 contrôles positifs aux stupéfiants.
      – 354 000 feux rouges grillés (de plus en plus automatisés)
      – 261 000 téléphones au volant (pas automatisés encore mais cela vient…)
      – 101 000 ceintures non portées (là aussi cela vient…).

      En fait des contrôles d’alcoolémie il y en a. Mais, ce sont les contrôles qui prennent le plus de temps.
      En effet, il faut faire une « nasse » pour isoler les véhicules le temps du contrôle. Faire un premier contrôle, s’il est négatif on remet le véhicule dans la circulation, sinon il faut faire un test avec l’éthylomètre (et non l’éthylotest) puis attendre 15 minutes, refaire un test, et là on sait. Bref, pendant ce temps un collègue peut faire des tests mais au deuxième cas, on a un souci de « bouchon ».

      Bref, à part des EAD généralisés qui emm….ront les conducteurs sobres et ne piégeront pas les alcoolos patentés cela va être difficile d’automatiser les contrôles d’alcool.
      Il y a plusieurs années, un proto de radar devait être construit.

      En gros, cela fonctionne en analysant l’air de la voiture qui passe devant. S’il y a de l’alcool, cela bippe et on déclenche le contrôle.
      Ce n’est donc pas automatique mais cela fait un préfiltre sur les véhicules à contrôler 😉
      https://www.leblogauto.com/2014/06/securite-routiere-le-radar-a-alcool-arrive.html

      1. Merci pour toutes ces précisions intéressantes, la vitesse est très loin devant et les PV ne traduisent qu’une partie des contrôles. (14,4 millions)
        Environ 550 000 PV pour la baisse de la vigilance. (alcool, stupéfiants, téléphone) qui sont responsables d’une baisse de la vigilance. C’est effectivement un chiffre loin d’être négligeable.

        Je constate les campagnes de sensibilisation à la baisse de la vigilance sur les réseaux autoroutiers notamment , l’accent est aussi mis sur le risque que court le personnel autoroutier.

        Je persiste dans mon idée que la part belle est faite à la lutte contre la vitesse qui je le conçois est bien la plus facile à contrôler.

        1. Les deux sont en fait un peu liés, en prime: Avec la chasse à la vitesse relancée depuis 2 décennies, le seul moyen légal de ne pas voir ses temps de trajet exploser quand on respecte les limites c’est justement de rogner sur ses pauses! Et le conducteur est en cela bien aidé par les autonomies des véhicules actuels.
          En parallèle, le fonctionnement humain théorisé par l’homéostasie du risque fait que la vigilance baissera de manière générale avec les vitesses pratiquées (risque ressenti moindre => droit à l’erreur plus grand).
          L’effet vase communicants entre les mortalités attribuées à la vitesse et à l’assoupissement est d’ailleurs bien présent, surtout sur autoroute.

  4. Faire varier la composition des repas pourrait jouer aussi. Il me semble avoir lu que les glucides, et le mélange glucides + lipides (Frites!!) favorisaient la somnolence. Il faudrait privilégier les protéines et les légumes, voire les légumineuses, avec peu de matières grasses.

    Personnellement, que ce soit en voiture ou au travail, je ressens un plus gros « coup de barre » quand j’ai mangé un repas riche en glucides.

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