Fusion PSA / FCA : enquête de l’UE, crainte d’un trust

La Commission européenne vient d’ouvrir une enquête approfondie afin d’apprécier la proposition de « concentration » entre les constructeurs automobiles Fiat Chrysler Automobiles (FCA) et PSA.

Ce n’est pas tout à fait une surprise : au début du mois, nous indiquions ici-même que si les deux groupes ne parvenaient pas à dissiper les craintes de la Commission de la Concurrence d’ici mi-juin, l’Union européenne pourrait ouvrir une enquête de quatre mois sur leur projet de fusion, le retardant d’autant. Sa décision devait être rendue le 17 juin. C’est donc désormais chose faite.

La Commission européenne redoute un frein à la concurrence

La Commission craint que l’opération envisagée ne réduise la concurrence en ce qui concerne les véhicules utilitaires légers (camionnettes) de moins de 3,5 tonnes dans l’Espace économique européen (EEE) et, plus spécifiquement, dans 14 États membres de l’UE et au Royaume-Uni.

Mme Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive chargée de la politique de concurrence, a déclaré à ce sujet: «Les véhicules utilitaires jouent un rôle important pour les particuliers, les PME et les grandes entreprises en ce qui concerne les livraisons de marchandises ou la prestation de services aux clients. Ils constituent un marché en croissance et leur importance ne cesse d’augmenter dans une économie numérique dans laquelle les consommateurs particuliers recourent plus que jamais aux services de livraison.

La Commission va désormais procéder à un « examen approfondi » des effets du projet de fusion envisagé afin de déterminer s’il est « susceptible de réduire de manière significative l’exercice d’une concurrence effective. »

FCA et PSA occupent une position forte

La Commission européenne estime que FCA et PSA, avec leur portefeuille étendu de marques et de modèles, occupent une position forte dans le secteur des véhicules utilitaires dans de nombreux pays européens.

Dans un tel contexte, elle a indiqué qu’elle allait examiner « attentivement la question de savoir si l’opération proposée est susceptible d’avoir une incidence négative sur la concurrence sur ces marchés » et veilla « au maintien d’un paysage concurrentiel sain pour tous les particuliers et toutes les entreprises qui dépendent des véhicules utilitaires pour leurs activités. »

La fusion de PSA / FCA ferait disparaitre des concurrents

La Commission note encore que « dans de nombreux pays, PSA ou FCA sont déjà en tête du marché des véhicules utilitaires légers, et la fusion ferait disparaître un des principaux concurrents. »

À ce stade, la Commission craint que l’opération proposée ne réduise considérablement la concurrence pour certains types de véhicules utilitaires légers dans les États membres suivants: la Belgique, la Croatie, la Tchéquie, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, la Lituanie, le Luxembourg, la Pologne, le Portugal, la Slovaquie, la Slovénie, l’Espagne et le Royaume-Uni. Rien que çà ….. l’affaire est donc très sérieuse …

Inquiétude particulière pour le segment des petits véhicules utilitaires

Comme l’indiquaient au début du mois des sources proches du dossier, l’UE s’inquiète tout particulièrement de la création d’un véritable trust sur le segment des petits véhicules utilitaires.

Elle note à cet égard que « les concurrents dans le segment des camionnettes sont moins nombreux que dans celui des voitures particulières et, dans la plupart des pays concernés, tous verraient leur taille significativement réduite par rapport à l’entité issue de la concentration. »

L’enquête préliminaire de la Commission montre « que PSA et FCA sont historiquement en étroite concurrence dans un certain nombre d’États membres sur le segment des camionnettes, positionnant leurs prix de manière similaire. La concentration enlèverait dès lors aux deux parties une contrainte importante sur le plan de la concurrence. »

Barrières élevées à l’entrée et l’expansion

« En outre, le marché des véhicules utilitaires légers semble caractérisé par des barrières relativement élevées à l’entrée et à l’expansion, telle que, par exemple, la nécessité de disposer d’un réseau de services suffisamment vaste, réseau qui ne peut pas être constitué rapidement et facilement. L’entrée d’un nouvel acteur à une échelle significative semble peu probable » souligne également la Commission.

Une enquête notamment induite par l’absence de concessions de PSA et FCA

La Commission avait averti : les deux géants automobiles ayant la pression à ce sujet, et le planning étant tendu. Si les deux groupes ne parvenaient pas à dissiper les craintes de la Commission de la Concurrence en refusant de proposer des concessions d’ici mi-juin, l’Union européenne avait laissé entendre qu’elle pourrait ouvrir une enquête de quatre mois sur leur projet de fusion.

Or, si l’opération proposée par les deux constructeurs a été notifiée à la Commission le 8 mai 2020, cette dernière a tenu à préciser que PSA et FCA avaient décidé que, pendant l’enquête initiale, elles ne présenteraient pas d’engagements visant à répondre aux préoccupations exprimées par la Commission à titre préliminaire.

L’instance européenne dispose à présent d’un délai de 90 jours ouvrables (jusqu’au 22 octobre 2020) pour prendre une décision. L’ouverture d’une enquête approfondie ne préjuge pas de l’issue de la procédure, rappelle-t-elle.

Notre avis, par leblogauto.com

Les arguments de la Commission européenne semblent particulièrement détaillés concernant les impacts de la fusion de PSA et FCA dans le domaine des petits utilitaires.

Laissant ainsi entendre que si le projet se concrétisait, il ne laisserait peu de place à des concurrents … et à leurs salariés …

Si certes l’instance européenne avait laissé la possibilité aux deux grands constructeurs de faire des concessions, la proposition n’a pas été retenue … Mais concrètement, quelles pourraient-elles être ? Comment cela pourrait s’envisager dans les faits ?  La demande de la Commission est-elle réaliste, voire réalisable ?

Sources : Commission euopéenne, Reuters

(40 commentaires)

  1. Il faut lire entre les lignes :
    C’est le groupe FIAT qui a le plus a perdre en cas de sanctions/veto de l’UE.
    C’est le groupe le moins performant en Europe (dans le cadre du projet de fusion).
    La fusion peut très bien se faire avec juste les marques américaines de FCA (c’est d’ailleurs plus cohérent en terme de complémentarité).

    A travers le refus de concessions de PSA et FCA, on sent quand même que c’est Exor/FIAT qui mène la danse là.
    Ca m’étonnerait pas qu’Exor fasse pression sur PSA pour ne rien céder (et affaiblir davantage FIAT).
    Si c’est le cas, c’est vraiment intéressant parce que (pour la 1ère fois ?) on peut voir réellement qui a le pouvoir dans cette fusion a 50/50.
    Si cette théorie est bonne, la logique est respectée : fusion à 50/50 mais avec Exor en actionnaire principal, donc en patron.

    1. pour les utilitaire cela risque d’affaiblir les deux pas seulement PSA ou Fiat, car c’est une coentreprise

    2. Désolé mais je ne compris rien a votre logique, je rate quelque chose ?
      Pourquoi EXOR pousserait-il a ne pas intégrer Fiat dans la fusion et se retrouver avec un canard boiteux sans stratégie et sans financement ?!
      EXOR ne « mène » rien du tout, ils sont propriétaires d’un group et défendent ses intérêts, rien de plus normal. L’ensemble fusionné aura un Conseil d’Administration avec le meme nombre de représentants de chaque coté et Tavares au milieu en arbitre. C’est le CA qui dirige un groupe en tant que représentants des actionnaires, EXOR me peux donc pas imposer sa stratégie au groupe fusionné sans l’accord de l’autre partie – de plus je ne vois pas pourquoi ils voudraient faire ca quand PSA a un patron (qu’ils veulent) plus compétent et qui gagne plus d’argent qu’eux…
      Désolé de vous décevoir mais pas de complot d’EXOR a priori…

      Pour ce qui concerne les utilitaires et la Commission. Elle joue tout simplement son role de gendarme de la concurrence, c’est pour ca qu’elle a été créée. Et meme si ca peut être frustrant, il est important que quelqu’un joue ce role, particulièrement en France ou on a tendance a aimer les positions dominantes et les « champions nationaux » qui se goinfrent de margeur leur marché domestique.
      C’est l’innovation et la créativité qui devraient permettent a nos meilleures entreprises de gagner. L’Oréal a t-il eu besoin de tuer la concurrence pour devenir numéro 1 mondial ?

      Je pense que PSA et FCA pensent que la Commission peut être convaincue (ou prouvée par les chiffres) qu’ils n’abuseront pas de leur position dominante. C’est un calcul de risque / bénéfice de leur part qui fait partie des choix qu’une entreprise doit faire chaque jour. Le mois d’octobre nous dira s’ils avaient raison (ou s’ils avaient meme le choix…).

      1. il y a pas mal de rumeur qui disent que exor veut se désengager progressivement de l’automobile, donc ils n’ont peut-être aucune attention de faire un putsh surtout que la famille peugeot est monté au capital de PSA durant le début de la crise

        1. @timo
          Effectivement, la rumeur ne date pas d’hier. Mais il aurait été plus logique de faire une vente à la découpe – avec la plus value qui va avec – qu’une fusion (surtout qu’elle s’annonce mal).

      2. @DidierATL
        « Désolé mais je ne compris rien a votre logique, je rate quelque chose ?
        Pourquoi EXOR pousserait-il a ne pas intégrer Fiat dans la fusion (…) ?! ».

        J’ai dit exactement le contraire :
        « Ca m’étonnerait pas qu’Exor fasse pression sur PSA pour ne rien céder (et affaiblir davantage FIAT) ».

        Si des concessions sont faites (par le futur nouveau groupe), il y a plus de chances qu’elles soient faites au détriment du groupe FIAT que de celui de PSA.
        Le groupe FIAT étant moins performant en Europe que PSA (technologie et ventes).

    3. « La fusion peut très bien se faire avec juste les marques américaines de FCA (c’est d’ailleurs plus cohérent en terme de complémentarité). »
      Tu oublies juste un petit détail : les marques américaines sont propriété de Fiat, donc aucune chance que PSA ne fusionne qu’avec la partie américaine du groupe FCA.

      1. @zafira500

        Je sais que Chrysler appartient à Fiat et dans mon hypothèse, il faut bien entendu l’accord de Fiat/Exor.

        « donc aucune chance que PSA ne fusionne qu’avec la partie américaine du groupe FCA ».

        A ta place, je ne serais pas aussi catégorique.
        Tout est possible dans le monde de l’industrie.
        Rien que dans le secteur automobile, les grands groupes ont l’habitude de tuer certaines de leur marques les moins rentables.

        Dans le cas de Fiat, qu’est-ce qui serait plus profitable à Exor : tuer Lancia ou vendre la marque ?

        Exor peut effectuer le même raisonnement avec chacune de ses marques italiennes.
        Le projet d’une éventuelle vente à la découpe du groupe Fiat est forcément dans leurs tiroirs.
        Dans le monde économique, toutes les possibilités sont envisagées.

  2. La CE demande à un affamé de ne pas manger, un navigateur solitaire de ne pas boire d’eau douce, tout ça pour ne pas créer de précédents ?
    Mais ne met pas son nez dans des jionts ventures tordues consistants à laisser des entreprises européennes être prises en main par des mains étrangères aux dépends des intérêts généraux des populations…

    1. L’Europe est en train de discuter contre la création d’un groupe européen puissant, capable de contrer les Coréens et les Chinois.
      Les Asiatiques doivent bien rigoler de cette Commission européenne qui tire contre son camp !
      L’objectif de cette Commission européenne semble être une opération suicidaire de destruction de toute industrie européenne forte.
      Au lieu de craindre la concurrence, il faut l’attaquer !
      Esprit de résistance, où es-tu ?
      Pour mémoire, nous sommes le 18 juin.

      1. Les chinois sont morts de rire depuis longtemps avec notre CO2……

        Ils vont nous bouffer tranquillement !!!

          1. Il faut voir où nous ont conduit quelques imbeciles. Le Canada qui fait de la pub pour recruter de la main d’œuvre, avoue 35% de chômage ou travail partiel à plus de 50% !! Vraiment comment des alliés comme ça qui passent leur temps à stigmatiser les francophones !! Qui va sauver ces imbéciles ?

    1. il n’y a pas une histoire du genre une fusion n’est pas pareille que une acquisition pour les trust ?

    2. VW et Ford envisagent de ‘associer aussi pour la production d’utilitaires
      et on peut penser que Renault Nissan et Mercedes vont développer ensemble

      1. VW et Ford c’est deja fait je crois. L’amarok reposera sur une base du Ford Ranger.
        VW fournira à Ford la PL du Caddy ainsi que la MEB pour le fourgon Ve Ford.
        Ford s’occupe du projet 1 TOn

    3. @Kaizer Sauzée.
      VW n’est pas en position que quasi monopole dans un secteur. PSA et FCA le seront dans les utilitaires légers, d’où l’inquiétude de la Commission européenne.

  3. tellement de problème cette fusion, PSA devrait rester à l’affut d’acquisition comme jaguar et land ou ssangyong plutôt que cette fusion compliqué, mais si le fusion marche correctement il y a beaucoup d’avantage certes, mais j’espère sans lutte de pouvoirs

      1. en plus land ,jaguar et ssangyo sont en difficulté il y a moyen de négocier, par contre cela ne sert a rien de parler de BMW trop gros, et Honda je pense que c’est un peu trop chère

          1. c’est sûr qu’entre Opel / Fiat / Citroen sur des marchés moins chauvins comme l’ Espagne, le UK et toute l’Europe de l’ Est, ça va être très compliqué… Sans oublier DS et Alfa qui sont diamétralement opposés entre baroque faux chrome et sportivité mal fiabilisée, mais se rejoignent dans leurs ventes liliputiennes à l’échelle du globe, n’étant adorés et parfois achetés que sur leurs marchés domestiques.

          2. « et sportivité mal fiabilisée »
            Encore un qui vient de sortir de sa caverne.

    1. @timo +1
      PSA va perdre beaucoup de plumes dans cette fusion.
      Le groupe généraliste français va être dilué dans un groupe italo-américain qui dispose de marques à l’image très forte.
      En cas de fusion, le nouveau groupe sera technologiquement sous l’influence de PSA mais ce sont Jeep et les marques italiennes emblématiques qui vont rayonner.
      Ce sont elles qui vont faire rêver.

      Avec d’autres acquisitions du type Land Rover ou Ssangyong, PSA peut rester lui-même (en ne perdant pas pas son âme), tout en progressant à l’international.

      1. Marques italiennes emblématiques mais presque mortes …. .
        Alfa qui se veut premium alors que depuis un demi siècle c’est au mieux au niveau Peugeot, mais qui aujourd’hui est à des années lumière de Peugeot, plus beaucoup de ventes, plus de gamme, …., Lancia c’est quoi ? Fiat ….., et reste une marque sportive qui n’a plus beaucoup de lustres et pour qui PSA ne propose rien.
        Et coté US ce n’est pas si solide que cela.
        Certains disent que PSA a en fait pris le pouvoir de cette fusion avec l’accord d’EXOR.

      2. « Avec d’autres acquisitions du type Land Rover ou Ssangyong »
        C’est marrant parce que ces deux marques sont encore moins bien loties que FCA.

    2. Chat échaudé craint l’eau froide ?? Cette fusion c’est l’équivalent du travail du gouvernement japonais pour Renault ! Sauf qu’ici c’est la future victime qui organise son exécution et creuse sa fosse !!

  4. PSA aurait du fusionner avec Honda pour avoir une vraie complémentarité géographique dont une présence forte aux US ET une présence en Chine (qui n’est pour l’instant pas faite aussi bien chez PSA que chez FCA…) sous oublier les autres puissances montantes en Asie (Malaisie / Indonésie / Thailande / Inde). C’est là que se trouve la vraie croissance de cette décennie… FCA/PSA l’alliance de la carpe borgne et du lapin unijambiste, né de l’hubris et de la cupidité d’un Tavares qui joue à la grenouille plus grosse que le boeuf face à Ghosn.

  5. Plus de 26% PSA/FCA (dont 9% FCA) contre le deuxième Renault 16.5%. Je m’étonne qu’il n’y ait aucun chiffre dans votre article !!! Bon après ce n’est pas non plus la mort ! VW 25% de pénétration totale Europe contre 15,5 PSA actuellement et 14% L’Alliance. Mais comme il est mentionné: moins de concurrence dans le VUL… ? Il suffit qu’Opel ou Peugeot ou Citroën ou Fiat ne fasse plus de VUL et c’est réglé. Bon allez au hasard Opel !

    1. Le plus indolore serait l’arrêt du partenariat avec Toyota. Mais ça ne suffit peut-être pas. Voire cela n’est même pas dans les comptes.

    2. L’UE compte les ventes par marque/groupes ils s’en fichent des partenariats, dans la part de marché de PSA il y a les Movano sur base Renault!

    3. L’UE considère un « monopole » quand il y a 40% de part de marché donc techniquement PSA et FCA n’y sont pas.

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