Nissan : le site de Sunderland menacé par un no-deal Brexit

Après les sites Nissan en Espagne, l’usine du constructeur japonais au Royaume-Uni également menacée ? Le directeur des opérations du groupe automobile a mis en garde mercredi sur le maintien d’une menace de fermeture du site de Sunderland. Lequel pourrait fermer ses portes en cas d’échec d’un accord commercial post-Brexit entre le gouvernement britannique et l’Union européenne.

Nissan Sunderland non viable en l’absence d’accord de libre échange

S’exprimant dans le cadre d’un entretien à la BBC, Ashwani Gupta a affirmé que le site de Sunderland n’était pas viable si le Royaume-Uni ne parvenait pas à signer un accord de libre-échange excluant l’imposition de droits de douane sur les véhicules à l’issue de la période de transition fin 2020.

Le directeur des opérations de Nissan a tenu par ailleurs à souligner que la majorité des acheteurs des véhicules assemblés à Sunderland sont domiciliés sur le territoire européen.

Le risque de no-deal plane encore plus que jamais

Le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne fin janvier 2020. Une période de transition a alors débuté en suivant, avec pour objectif de permettre aux deux parties de négocier un accord devant déterminer leur relation commerciale future. Elle doit s’achever fin décembre.

Même si aucun progrès sensible n’a pu être observé, Londres refuse de prolonger les négociations au-delà de la fin de l’année 2020. Faisant fortement planer le risque d’un « no deal » potentiellement dévastateur pour l’économie britannique voire mondiale ?

Nissan pourrait quitter le territoire européen ?

Les propos de Ashwani Gupta interviennent alors que Nissan a annoncé la semaine dernière sa volonté de quitter Barcelone dans le cadre d’un plan de sauvegarde. La décision du constructeur a provoqué les plus vives protestations des salariés et a conduit le gouvernement espagnol à s’engager à faire tout ce qui était en son pouvoir pour convaincre l’entreprise de demeurer en Espagne.

La menace de fermeture de Sunderland plane depuis des mois

Cette déclaration du Directeur Opérationnel de Nissan n’a rien d‘une surprise. Le constructeur a d’ores et déjà indiqué à plusieurs reprises qu’il pourrait se voir contraint à fermer le site britannique en cas de « no deal ».

Il a par ailleurs tenu à rappeler à maintes occasions que sa décision de produire le Qashqai à Sunderland avait été prise en partant de l’hypothèse qu’un accord de libre-échange serait établi entre les deux parties.

Nissan étudierait la vente de 2 usines en Europe affirmait Bloomberg fin 2019

En octobre 2019, des sources proches du dossier avaient indiqué à Bloomberg que Nissan évaluait les options concernant l’avenir de ses deux usines en Europe, le constructeur étant alors confronté à une baisse des ventes dans la zone et devant amorcer le virage industriel de la voiture électrique.

Le constructeur japonais, qui avait préalablement annoncé en mars 219 qu’il cesserait de vendre la marque haut de gamme Infiniti en Europe occidentale, « mesure l’intérêt d’acheteurs potentiels » pour ses usines britanniques et espagnoles, avaient ajouté ces sources.

Lesquelles avaient également indiqué que le désinvestissement d’une ou des deux installations constituait une option, la part de marché de Nissan dans la région s’étant effondrée. Bien qu’aucune décision n’ait été prise, des constructeurs automobiles chinois pourraient figurer parmi les candidats à l’achat précisait encore Bloomberg.

Sunderland plus difficile à stopper que Barcelone ?

Bloomberg avait néanmoins indiqué que l’usine de Sunderland serait plus difficile à stopper que les sites catalans. Rappelant que l’entité britannique de Nissan avait produit 450 000 véhicules en 2018, 70% de sa production étant destinée à l’UE.

Une nouvelle version du crossover Juke, destinée au marché européen, a par ailleurs été dévoilée sur le site au début de l’automne 2019. Renault utilise cette même plate-forme pour assembler les dernières versions de la Clio supermini et du Captur.

Nissan a donc trois de ces modèles phares produits au Royaume-Uni : Nissan Leaf, Qashqai et Juke. Difficile de changer rapidement de fusil d’épaules …

Le fait qu’il se soit engagé dès 2016 à produire le nouveau Qashqai sur le territoire britannique … en 2021 – compte-tenu de l’assurance du gouvernement britannique que le Brexit n’impacterait pas sa rentabilité – montre à quel point les études de rentabilité doivent être menées en amont et anticipées.

Notre avis, par leblogauto.com

Ironie du sort, l’usine de Sunderland qui constitue la plus grande usine du Royaume-Uni est située dans une ville qui avait fortement voté en faveur du Brexit en 2016. La plupart des électeurs pourraient s’en mordre les doigts désormais, alors que l’emploi de 7000 salariés est désormais sur la sellette.

Avec la pandémie du coronavirus et la grave crise économique qui frappe le secteur automobile …. on aurait presque oublié le Brexit et ces dangereuses conséquences pour les constructeurs disposant de sites au Royaume-Uni ….. et leurs salariés et sous-traitants.

Mais au-delà de cela, Nissan a pour objectif de se concentrer sur son marché domestique, ainsi que sur la Chine et les États-Unis, alors que sa part de marché en Europe diminue.

À l’instar des autres constructeurs automobiles, les régulateurs européens font pression sur Nissan pour le lancement de véhicules zéro émission conformes aux nouvelles règles en matière de réduction des polluants.

Le groupe japonais envisage ainsi d’importer des voitures à moteur thermique du Japon alors que les barrières commerciales avec l’Union européenne s’effondrent afin de concentrer son activité industrielle européenne sur des modèles électriques tels que la Leaf.

Une telle stratégie réduirait le besoin de vastes usines en Europe, d’autant plus que le processus de fabrication de voitures électriques s’avère plus simple et nécessite moins de pièces, moins d’espace et moins de machines.

Sources : AFP, Nissan, Bloomberg

(11 commentaires)

  1. Le Brexit va nous débarrasser du boulet anglais. Pour le reste il ne faut pas trop chercher à savoir si les exportations de voitures de ces malheureux vont se faire vers Gibraltar, les Malouines ou le très British Rouanda. Une des grande démocratie du monde !!
    Pour résumer: Le passage par le train d’une Route de la Soie terrestre va redonner de l’importance au tunnel ( des deux côtés du Channel !! ?????????? )

  2. J’avoue que s’il fallait voir une usine Nissan fermer, je préfèrerais que ce soit celle du Royaume Uni plutôt qu’une en Europe (oui, je sais, j’ai quelques mois d’avance pour exclure le RU de l’Europe).
    La production européenne de Nissan serait probablement répartie sur les différentes usines Renault-Nissan, ce qui serait bon pour nos emplois. Ca pourrait consolider l’avenir de Barcelone, Flins, Douai…

    1. benoit

      Peut-être que Nissan envisagerait la fermeture de Sunderland, de rapatrier la production à Barcelone…tout en minimisant le plus possible les couts pour lui dans cette opération.

      Production de 450.000 véhicules dont 70% à l’UE. Et donc L’UE « continental » absorberait facilement 200.000 à 250.000 véhicules
      Supposons un prix sortie d’usine de 20.000€ en moyenne, taxé à 10% d’import, soit 2000€ par véhicules. Cela ferait 400 à 450 millions d’euros de taxe d’importation….chaque année. Comme la durée de vie d’un véhicule est de 7ans environ, et qu’une base technique fait souvent 2 générations, c’est donc tentant de rapatrier cette production en Europe, voire en Turquie…ou en Espagne. Difficile de tenir le coup en payant autant de taxe d’importation si Nissan restait à Sunderland sans un accord Brexit-UE

      Nissan avait annoncé vouloir fermer Barcelone, et les autorités locales disent vouloir faire le nécessaire pour convaincre Nissan de changer d’avis. Le « nécessaire », ça pourrait être des aides, qui pourraient servir à financer en partie la fermeture de Sunderland ou le déménagement à Barcelone.

      Sans l’annonce de fermeture de Barcelone, et en annonçant la fermeture de Sunderland pour aller en Espagne, alors ce dernier n’aurait pas proposé des aides. Nissan aura tout à payer: le cout de fermeture de Sunderland, et le cout de déménagement…

      Le poker menteur…

  3. Hahaha le Brexit. Des milliers d’emploi supprimé partout dans le monde pour l’Alliance. Mais c’est la faute du Brexit.

    On va avoir le droit aux propos racistes habituels : ils ne sont pas de chez nous, ils ne sont pas en Europe. Bien fait pour eux ces étrangers. Les même faux derches, tout content d’accumuler des marchandises pas cheres asiatiques, faire assembler leur voiture au Maghreb, ou de s’empiffrer de film Made in Hollywood.

        1. Humour ou pas, Merci pour ce moment rétrograde, bien raciste comme il faut.

          Avec de tel raccourcis historiques, et autant de haineux à leur encontre, je comprends que certains au RU, veuillent prendre leur distances avec le continent.

          Le RU n’a jamais joué le jeu de l’Union européenne. Ils sont partis : tant mieux. S’il fallait les mettre au pas, s’était lorsqu’ils faisaient partie du clan. Maintenant ce sont des voisins, comme les Norvégiens, les Suisses ou les Islandais. Aucune raison de leur faire la misère. A part une idéologie nauséabonde, basée sur votre racisme et le fait d’être vexée par la rupture ,rien ne justifie d’applaudir leurs mésaventures.

          Quitte à regarder par la lorgnette du passé : on retiendra que cultiver les rancoeurs et se servir sur le dos d’un peuple affaiblis n’a jamais rien donné de bon.

  4. À vouloir trop se la jouer perso la perfide albion risque gros, mais Bojo doit avoir de gros cadeaux fiscaux en réserve pour ses amis.

  5. « Ironie du sort, l’usine de Sunderland qui constitue la plus grande usine du Royaume-Uni est située dans une ville qui avait fortement voté en faveur du Brexit en 2016. »
    Pareil chez Mini, les ouvriers ont vote majoritairement pour le brexit….

    1. Comme les pauvres c..s qui ont voté Trump se retrouvent dans la m..de à cause de lui, après le covid19 !

  6. Depuis quelques années la coopération militaire sur le terrain des Opex et le codéveloppement de programme militaire, c’est rarement aussi bien passé avec les Anglais.
    Bref, c’est de la chamaillerie, les Anglais sont des vraies alliées sûrs.

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