Effet domino
Rarement un départ aura autant agité les transferts. En quittant Ferrari, Sebastian Vettel avait enclenché un jeu de chaises musicales assez spectaculaire dans les écuries principales, qui a, par effet domino, ouvert la porte à Fernando Alonso pour un retour osé avec Renault.
Malgré son départ à l’issue de la saison 2018, après quatre saisons frustrantes avec McLaren, l’espagnol n’a jamais totalement refermé la porte de la F1, en dépit de ses escapades réussies en Endurance.
Toutefois, les hypothèses restaient très minces, au fur et à mesure que les portes se refermaient : McLaren avait tiré un trait sur lui dès l’an dernier après quelques opérations d’ambassadeur, Red Bull s’est plu à éconduire sa candidature dans les médias, Ferrari ne veut plus d’étincelles et Mercedes n’a aucunement l’envie de déstabiliser une si parfaite machine à gagner et un duo Hamilton-Bottas serein et très complémentaire.
Une longue histoire
Tels d’anciens amants qui ne cessent de se retrouver, Alonso et Renault s’associent donc pour une 3e aventure, après celles des années 2002-2006 et 2008-2009. L’histoire entre les deux a commencé merveilleusement, avec une montée en puissance qui fut couronnée par deux titres mondiaux en 2005 et 2006, tandis que la seconde fut bien plus compliquée, entre le Crashgate de Singapour et le loupé complet de la saison 2009. Alonso a conservé néanmoins une énorme cote chez les jaunes, alors qu’il s’est grillé définitivement avec les autres top teams à cause de sa réputation de caractère difficile et fauteur de troubles.
Pour Renault, le retour d’Alonso, c’était peut-être la seule façon de sauver le projet, qui a pris du plomb dans l’aile avec une saison 2019 ratée, le départ du très cher Ricciardo et les actuelles difficultés financières de Renault. Vettel est trop cher et voulait une écurie immédiatement compétitive, un rappel d’Hulkenberg aurait été un énorme désaveu, quant aux jeunes Zhou et Lundgaard, ils sont bien trop tendres et inexpérimentés pour être jetés dans le bain ainsi.
Avec son talent, son charisme, son image et ses sponsors, Alonso apporte à Renault des compétences, des moyens et une exposition bienvenus. Qui plus est, l’espagnol a fait un effort conséquent sur ses prétentions salariales. La course est sa motivation première, et l’espagnol peut espérer que les cartes seront redistribuées avec la réglementation 2022. N’oublions pas aussi que Alonso connaît bien les murs et qu’il va retrouver Alain Permane, déjà présent au temps des titres mondiaux, ainsi que Pat Fry, côtoyé chez McLaren et Ferrari.
Baroud d’honneur
Ce retour néanmoins n’est pas sans risque, mais il peut faire valoir certains arguments. Alonso n’est plus tout jeune, mais il a encore démontré que sa pointe de vitesse n’était pas prise en défaut. Il a régulièrement piloté à haut niveau depuis deux ans et n’est sans doute pas rouillé. Des photos récentes postées sur son compte twitter le montrent affûté comme jamais. En l’espace de deux ans, la F1 n’a pas beaucoup évolué techniquement, et il se familiarisera très vite, contrairement à Schumacher qui avait trouvé en 2010 une F1 assez différente de celle quittée en 2006.
Au contraire, l’espagnol fait le pari, avec le plafond budgétaire et le chambardement technique de 2022, d’un resserrement des performances. Il voulait revenir pour gagner, mais Renault ne semble pas, à priori, capable de lui proposer une machine victorieuse dès 2021. Et puis, se pose la question de la cohabitation avec Ocon. Alonso aura-t-il le temps et la patience, afin que la situation ne devienne pas acrimonieuse comme elle le fut chez Ferrari puis McLaren ? C’est en tous cas un retour aussi spectaculaire et attractif que furent, par le passé, ceux de Lauda, Prost, Mansell ou Schumacher.
Reste au final le cas Vettel, que certains enverraient bien chez Aston Martin, désormais très lié à Mercedes, pour que l’étoile le garde sous le coude.
Les déclarations officielles
L’arrivée de Fernando s’inscrit dans le projet du Groupe Renault de poursuivre son engagement en Formule 1 et de progresser vers le sommet de la hiérarchie. Sa présence dans notre équipe est un formidable atout sur le plan sportif mais aussi pour la marque à laquelle il est très attachée. La force du lien entre lui, l’écurie et les fans en fait un choix naturel. Au-delà des succès passés, c’est un choix mutuel audacieux ainsi qu’un projet pour écrire l’avenir. Son expérience et sa détermination vont nous permettre de tirer le meilleur de chacun pour amener l’équipe vers l’excellence que la Formule 1 moderne exige. Il va également apporter à notre équipe qui a connu une croissance très rapide une culture de la course et de la gagne pour surmonter ensemble les obstacles. Aux côtés d’Esteban, il aura pour mission d’aider Renault DP World F1 Team à préparer le rendez-vous de la saison 2022 dans les meilleures conditions possibles. |
Cyril Abiteboul, Directeur Général, Renault Sport Racing |
Renault c’est ma famille, ce sont mes meilleurs souvenirs en Formule 1 avec mes deux titres de Champion du Monde, mais je regarde devant. C’est pour moi une immense fierté mais aussi une grande émotion que de retrouver cette équipe qui m’a donné ma chance au début de ma carrière et qui me donne aujourd’hui l’opportunité de revenir au plus haut niveau. J’ai des convictions et des ambitions en ligne avec le projet de l’écurie. Leur progression de cet hiver crédibilise les objectifs de la saison 2022, et de mon côté, j’apporterai toute mon expérience de la course pour la partager avec chacun, ingénieurs, mécaniciens, co-équipiers. L’équipe souhaite et dispose des moyens pour retrouver les podiums, moi aussi. |
Fernando Alonso |
Notre avis, par leblogauto.com
Évidemment, cela va faire jaser. Alonso a de puissants détracteurs, qui fustigent son caractère ingérable, mais son ADN de racer pur et dur ne peut que mettre du piquant dans le peloton. En espérant que le losange lui fournisse les bonnes armes pour se battre !
Comme indiqué dans le communiqué officiel, cela semble valider la présence de Renault au moins sur les prochaines saisons. Le nouveau Directeur Général du groupe Renault, Luca de Meo aurait en personne approuvé ce recrutement et la poursuite du programme de Formule 1.
Cool
🙂
Le retour du retour du fils prodigue 🙂
Bon, cela ne faisait plus guère de doute quand Cyril Abiteboul a annoncé que les plus anciens des mécanos d’Enstone avait déjà bossé avec le pilote recruté…
A part Räikkönen ou Grosjean, qui cela pouvait être d’autre si ce n’est Nando !
Dans le baquet, c’est un formidable compétiteur qui sait saisir les opportunités un peu comme a pu le faire Leclerc le weekend dernier.
Par contre, en dehors du baquet…attention ! Il sait très très bien se servir de sa notoriété pour communiquer des piques, des non-dits plein de sens.
Il se dit qu’il revient « pour rien ». En fait, son salaire sera vraisemblablement réglé par Kimoa (sa marque de vêtements) qui apparaîtra sur la voiture et sa casquette…du classique en somme (Hülk avait un accord similaire avec Dekra par exemple).
Moins cher que Ricciardo en tout cas !
Et cela laisse le temps à Zhou ou Lundgaard de mûrir et de s’affirmer. Good move je serais tenté de dire.
Humainement, Ricciardo est une perle, Alonso peut etre sanguin.
J’espere que Renault a garde les ingenieurs qui travaillaient avec Alonso, car il a un style de pilotage tres particulier qui ne convient pas a toutes les voitures (sa maniere de se jeter agressivement dans les virages).
@Alphasyrius : oui pour les mécanos et les ingés. Oh sans doute pas tous, mais bcp sont à Enstone depuis l’époque Benetton puis Renault.
Par contre pour Ricciardo, si humainement il fait l’unanimité, Renault ne semble pas totalement du même avis pour ce qui est de la communication écurie-pilote hors de la piste puisque la décision de partir pour McLaren a, à priori, pas été discuté avec Cyril Abiteboul. On peut comprendre que l’urgence de voir cette place chez les papaya se libérer opportunément a un peu tout précipité…mais cela reste un peu en travers de la gorge des dirigeants (après tout ils n’avaient qu’à pas lui donner autant de millions pour le débaucher de chez Red Bull 😉 ).
A noter que la durée du contrat serait de 2 ans (2021 et 2022) avec des options de chaque côté pour après…
Gipitou frame ?
Je veux pas être chiant mais c’est plutôt :
En jetant Sebastian Vettel, Ferrari avait enclenché un jeu de chaises musicales assez spectaculaire dans les écuries principales
Que l’on soit fan d’Alonso ou non, ce qui est indeniable c’est qu’il est un formidable competiteur F1, rallye raid, WEC et Indycar , avec a chaque fois ou presque une marque differente.
Tel Raikkonen, les anciens (40 ans !!) font de la resistance .
@4aplat : petite stat (sans prétention aucune) sur les revenants en F1 « moderne ».
Michael Schumacher 41 ans. Les moteurs étaient toujours plus ou moins les mêmes, mais il y avait un début d’hybridation et les voitures étaient très différents en 4 années.
Philippe Alliot revient en 1993 chez Larrousse à 39 ans.
Luca Badoer est revenu à 38 ans (2009) après 10 ans loin des courses de F1 (argh)…cadeau empoisonné de la part de Ferrari avec un pauvre Badoer qui se traînait « lamentablement » et faisait des spins à tour de bras.
A priori, les autres retours se sont fait plus « jeunes » ou plus rapidement.
Kubica est revenu à 34 ans (mais physiquement diminué en plus d’avoir eu une très longue absence et un gap technologique).
Kimi est revenu à 33 ans chez Lotus après 3 ans d’absence.
Alain Prost est revenu à 37/38 ans mais après une année off, et avec une F1 qui n’avait pas vraiment changé.
Moi qui suis un défenseur de la jeunesse, cette décision me contrarie.
Mais je pense que Renault a besoin d’un pilote d’expérience pour développer sa F1.
Après, sur la piste, Fernando est un pilote volontaire et spectaculaire.
Reste le caractère… En 2006-2008 il était encore « jeune ». Là il arrive un peu comme le sauveur et il faut espérer que ses chevilles n’enfleront pas trop.
Est-ce que ça veut dire que les F1 actuelles sont moins exigeantes qu’il y a 30 ans ?
Probablement pas. Les méthodes d’entrainement, de préparation et d’entretien physique ont énormément évolué sur les 30 dernières années. Difficile de comparer la musculature d’un pilote de F1 aujourd’hui de celui d’il y a 30 ans.
Bon. En 2021, Ocon se ferait virer…et on découvrirait que Hamilton aurait un jeune frère, nouveau embauché de Renault F1….
Que l’on soit fan ou non de Alonso on ne peut nier que c’est un sacré fouteur de m.
Son melon j a pas dégonflé avec les années . ?
En plein Dieselgate, il font revenir un pilote impliqué dans un précédent scandale avec Renault sous la période Briatore. Bizarre!!!
Il dit qu’il voit pas le rapport 😀
C’est très subjectif et il y a sans doute des éléments que nous n’avons pas (budget apporté, salaire, retombées TV et marketing, leadership, capacité à développer la voiture…) qui sont pris en compte par les décideurs, mais à titre personnel j’ai beaucoup de mal à comprendre cette décision, comme en son temps celle de prendre Villeneuve en 2004, on prend une vieille gloire parce qu’on ne sait pas qui prendre…
D’une manière générale je ne sais pas comment Abiteboul fait pour garder son job, on peut dire que globalement l’équipe ne progresse pas ou très peu depuis son plusieurs saisons, il n’y a pas de coup d’éclat, pas de continuité dans la stratégie, les pilotes changent très souvent, je n’en connais pas les raisons exactes, mais s’ils partent c’est qu’ils pensent qu’ils ont de meilleures perspectives de résultats ailleurs et/ou que le management/fonctionnement de l’écurie Renault ne leur permet pas d’être écoutés/épanouis. Sans parler de la fourniture de moteurs, source de kilomètres d’essais, de rentrées d’argent, de plus de retours techniques… avec McLaren qui quitte Renault avant même la fin de l’accord…
Et Abiteboul réussit à tout expliquer, ça ne gêne pas, ça ne change pas le budget ni notre approche, on progresse mais ça ne se voit pas…