Trente ans après la catastrophe du Mans, Mercedes revient officiellement dans le sport automobile en 1985 par le biais du championnat Groupe C. En partenariat avec Sauber, les débuts sont laborieux. Puis, en 1989 et 1990, les Sauber-Mercedes raflent presque tout, avec deux titres mondiaux pilotes et constructeurs ainsi qu’une victoire aux 24 heures du Mans 1989. La Mercedes C11 (Sauber n’apparaît plus dans la dénomination), mue par un Mercedes M119 V8 biturbo de 5 litres de cylindrée et 730 chevaux de puissance, est un modèle d’efficacité aérodynamique, de fiabilité et de consommation maîtrisée, ce qui était décisif dans la règlementation du Groupe C.
Mais en 1991, le championnat du monde des sport-prototypes change radicalement avec la fin des moteurs turbos et l’arrivée de moteurs atmosphériques 3500cc semblables à ceux utilisés en F1 depuis la saison précédente. Alors que Jaguar, propriété de Ford, a pu disposer du V8 HB utilisé par Benetton pour propulser la XJR-14, Mercedes a dû concevoir un tout nouveau moteur, le M292 3500cc Flat 12 à 180°. Ce dernier est implanté dans un châssis C291 qui apparaissait plutôt conservateur par rapport aux rivales Jaguar XJR-14 et Peugeot 905 Evolution 1.
Très vite, des problèmes de conception, de fiabilité et de puissance du moteur sont apparus. Le Flat12 ne délivrait que 580 chevaux, soit une bonne centaine de moins que les concurrents. Si bien que les meilleurs résultats, sur les premières courses de la saison, furent obtenus par l’ancienne C11 encore engagée. Tout en continuant de travailler sur la C291 et le Flat12, Sauber et Mercedes enclenchèrent rapidement le développement de la C292, qui devait apporter un changement considérable pour la saison suivante.
De gros efforts ont été apportés au Flat 12, qui délivre désormais 680 chevaux avec un régime maximal de 13.500 tours/min, soit une puissance équivalente aux blocs Peugeot, Jaguar (Ford) et Toyota.
Au niveau aérodynamique, on remarque l’énorme aileron biplan arrière, qui avait fait défaut à la C291. Rapide en ligne droite au Mans, la C291 s’était révélée plus lente en virage que les XJR-14 et 905 en raison du manque d’appui sur les circuits habituels du championnat. Introduit par Jaguar, cet aileron biplan fut repris par tout le monde. Le moteur, très large avec son angle de 180°, a été réimplanté avec une inclinaison horizontale qui dégageait les tunnels et améliorait l’écoulement de l’air.
Moins radicale sans doute qu’une 905 Evo 2, la C292 semblait bien plus fine sur le plan aérodynamique que les précédentes Sauber, avec des pontons inclinés et des carénages de roues plus profilés. A l’avant par contre, la C292 se démarquait par l’absence d’un aileron avant et une face avant inclinée et totalement plane, enserrée entre les carénages des roues, ce qui donnait un petit air de ressemblance avec les prototypes du championnat américain IMSA GTP. Le refroidissement et l’appui étaient judicieusement amenés par deux ouvertures à la base des arches de roues.
Malheureusement, cette C292 ne prendra pas la piste. Fin 1991, faute de retombées suffisantes et dans un contexte d’incertitude entourant l’avenir du championnat FIA Sport-prototypes (qui disparaîtra fin 92), Mercedes annonce son retrait de la discipline. Avec Sauber, c’est un tout autre défi qui les attend : à l’horizon 1993, cap sur la F1 !
Images : Mercedes, flickr, wikimedia commons
Génial et incroyable histoire.
Je suis passionné par les courses automobile et j’ai fait un petit épisode à ce sujet de 1min16s 🙂
Voici le lien :
https://www.youtube.com/watch?v=6M2DV0f10L8
Ce serait juste sympa d’avoir votre avis
Anthony
Encore un très bon article ?
Le meilleur pour la fin, avec cette « tronche » peu banale ! (et pourtant affligeante de banalité ?)
Je ne suis pas triste de ne pas l’avoir vu en piste, quoique face à la 905 Evo II, ça aurait été assez curieux à voir ?
Sinon, on dit V12 à 180° ou Flat12 tout court, mais pas Flat12 à 180° ?
(mais bon déjà V12 à 180° j’ai du mal avec le terme, surtout quand celui-ci est dans une voiture nommé 512BB ! ?)
Mauro Forghieri explique que BB signifie Berlinetta Bialbero : « Le B est une interprétation de Boxer par les journalistes, Le B voulait dire Bialbero (double arbre à cames). Mais il n’y a rien à faire contre cette mauvaise interprétation des journalistes. Les gens continuent à l’appeler Boxer. Ils ont assimilé ce mot. Il n’y a rien à faire. J’ai beau le répéter souvent, cela ne sert à rien. Peut-être même qu’ils ne me croient pas ! »
LA C9 reste la plus élégante de toute ces Sauber Mercedes.. Comme mentionné dans la fin de l article, Mercedes et Sauber ont les yeux sur la F1, Mercedes entretiens par ailleurs des liens de plus en plus proche avec Ilmor avec conjointement à la F1 une participation au CART avec une victoire aux 500m d Indianapolis.
Sublime !!
Que de souvenirs !!!
J’avais la C11 en Tamiya 1/10 RC, un avion !!
🙂
Génial une fois de pus ^^
Superbe article. Encore merci.
Si la tronche des Mercédès C291 et C292 était « affligeante de banalité », il ne faut pas oublier la beauté intérieure de ces flèches d’argent. Elle était bien cachée et c’est ici :
http://www.gurneyflap.com/Resources/C291b.jpg
La C292 devait également être équipée d’une boîte de vitesse séquentielle et/ou un système de suspension active. Plus sur le châssis 92.C 292.01
http://phil30589.wixsite.com/psml/copy-of-lola-t92-10
Personnellement, j’ai une préférence pour la Mercedes C11 même si elle ne s’est pas imposée aux 24h du Mans. Je ne renierai pas pour autant la C9…
https://www.motorsportmagazine.com/archive/article/january-2010/74/when-mercedes-turned-it-11
Bonne quarantaine à tous.
Je l’avais oublié celle la
Super article .
A quand le même sur la Coloni Subaru de F1