Exclu F1 2020: le GP d’Australie d’un univers parallèle

La grille

Le samedi à Melbourne fut plutôt assez surprenant pour l’étranger que je suis. Première surprise, Hamilton n’est pas en pôle. C’est le spécialiste des pôles 2019, Leclerc qui part en première ligne avec à ses cotés bien évidemment Lewis Hamilton. Les Red Bull trustent la seconde ligne, Max la menace devant Albon. Vettel se place à une décevante P5. Les Force India Racing Point Stroll Aston Martin ou Mercedes 2019 V1.1 place Perez P6 confirmant que le choix technique ne fut pas délirant, à moins d’une demie seconde de la pôle, bravo! Bottas, a glissé sur une peau de banane jeté par un spectateur énervé en Q2 (c’était une très grosse banane), il part P15, le coup dur. Stroll était encore à l’heure européenne, son réveil n’a pas fonctionné, il a raté la Q1, il partira dernier.

La grille dans son ensemble Leclerc, Hamilton, Verstappen, Albon, Vettel, Perez, Sainz, Ricciardo, Ocon, Norris, Gasly, Raikkonen, Grosjean,  Bottas, Giovinazzi, Magnussen, Russell, Kvyat , Latifi, Stroll.

L’entièreté du top 10 décide de partir en pneus tendres, Pirelli ayant plébiscité une stratégie à un unique arrêt avec un passage des mediums aux alentours du 25ème tour. A partir du top 10, un partage 50-50 entre pneus mediums et tendres. Gasly P11 a fait le choix des mediums.

Le départ de la course.

On se rapproche du départ et comme le dit un commentateur connu de tous, rendez vous au premier virage.

« And it’s lights out! » Les feux s’éteignent, Leclerc décolle à une vitesse folle, le nouveau volant passe avec brio son premier test. Juste derrière les prémisses espérées d’un duel Hamilton Verstappen se font sentir. Verstappen tentant de prendre l’extérieur au virage 1. Hamilton ne se laissant pas faire bloque l’avant droit et tasse gentiment à l’extérieur son adversaire. Max, tenant à sa réputation de pilote fougueux, tient malgré tout la corde à l’entame du virage 2 passant l’arrière gauche dans un mélange d’herbe et de terre. La réaccélération ne se passe comme prévu, le moteur Honda plus puissant que l’an dernier, couplée à un appui de pédale fort pousse la Red Bull au survirage. C’est la touchette! L’aileron avant toucha l’avant gauche de la monoplace argentée causant crevaison pour l’un, dégâts sur l’aileron pour le second. A l’unisson, les deux protagonistes s’exclamèrent à leur radio d’un « what the biiiiiiiip » (mes excuses, censure oblige). Rien de mieux pour commencer une rivalité, les deux verront les stands à la fin du premier tour. Hamilton chaussant des durs, Verstappen des mediums.

Le reste du peloton s’en sort plutôt sans encombre. Albon esquive les embuches devant lui et se plaça premier des chasseurs. Vettel fait de même pour compléter le top 3. Sainz surprend Perez au freinage du virage 4. Gasly en profite aussi pour passer les deux Renault et Norris. Stroll ayant réussi un départ « Esport F12019 » en gagnant six positions. Que serait une course d’Australie sans Grosjean et son événement « pas de bol ». Un des débris de la Red Bull soulevé par Kimi se retrouve dans son radiateur gauche. Une nouvelle fois, ce dernier s’écrie  » Mate, I can’t believe our luck! »

Tour 2 – 15

Leclerc mène la course avec quatre secondes d’avance sur Albon, Vettel étant proche de la zone DRS. Sainz maintenant derrière lui la véloce monoplace de Perez au nom beaucoup trop long. Gasly se défend assez bien, restant proche des pilotes devant lui malgré des pneus plus durs que les autres autour de lui. Ocon se trouve dans les échappements de son équipier demandant à chaque tour la permission d’attaquer son équipier, mais l’écart est bien trop important pour tenter une telle manoeuvre.

Un peu plus loin Bottas fait parler sa science du dépassement passant successivement Raikonnen et Norris dans la ligne droite des stands, simple, efficace indiquant à la radio à ceux qui le pense incapable de dépasser « to whom it may concern, biiiiiiiiip » (désolé, mais nous ne sommes pas à la tv néerlandaise).

Rusell se débrouille bien et montre le mieux chez Williams, il devance entre autre, Kvyat, Magnussen, Giovinazzi. Un peu plus loin, les énervés du premier tour se déchainent, Max réalisant meilleur tour sur meilleur tour, Hamilton fait de même mais reste limité par ses gommes dures.

Tour 15 – 30

Magnussen et Giovinazzi jouent à faire des zig zag et se dépassent mutuellement d’un tour à l’autre. Magnussen faisant coucou avec un seul doigt à son adversaire lorsqu’ils sont cote à cote.

Arrive les premières salves d’arrêts au stand. Vettel pit le premier afin de faire l’undercut sur la Red Bull. Leclerc hurle à la radio « why? », le souvenir douloureux de Singapour resurgit dans son esprit.

Inquiétude se dissipant après un arrêt réussi. Albon le suit mais les mécanos sont lents. En effet la consigne d’Albon est de réaliser des dépassements et en restant sagement P2, sa mission n’est pas réalisée. Perez passe Sainz à la faveur de la stratégie. Ricciardo prolonge son relais pendant qu’Ocon s’arrête espérant ressortir devant son équipier.

A la mi-course, le top 3, Gasly, Ricciardo, Bottas (lui aussi en pneus mediums). Mais il leur reste leur arrêt obligatoire à fournir.

Albon commence sa mission remontée en passant, Kvyat et Magnussen, qui ne s’étaient pas arrêtés puis Hamilton bloqué avec des durs pas si performant pour se retrouver dans les échappements de son équipier. Max n’aime pas se faire dépasser, et empêche à de nombreuses reprises le dépassement lançant de nombreux « no, no, no » à la radio puis des « nanananère » pleins de sens en réponse aux demandes de son équipe.

Tour 30- 45

Le train-train Gasly, Ricciardo, Bottas continue à leur rythme à l’avant. Leclerc les rejoints mais se retrouve dans l’impossibilité de les passer. Vettel fait de même. Perez, Sainz et Ocon entament aussi leur retour, diminuant l’écart avec les pilotes devant.

37 ème tour l’hécatombe, Stroll perd le contrôle au virage 14 et touche le rail avant le 15 brisant sa suspension, sa monoplace s’en allant mourir dans l’échappatoire du 15. VSC déployée, occasion inespérée pour les trois leader d’un arrêt « gratuit ». Pour Ricciardo et Bottas cela se passe sans encombre. Horner ne pouvant voir le pilote qu’il a rétrogradé finir devant ses deux poulains obligent les mécanos d’Alpha Tauri à ralentir l’arrêt en leur subtilisant un pneu.

Verstappen et Hamilton en profitent pour chausser un nouveau train de tendres pour finir en boulet de canon. Les stratèges de Ferrari réputés pour leur science suivent la stratégie d’Hamilton et arrêtent ses deux poulains le même tour. Les faisant reculer dans la hiérarchie. Comme quoi, certaines choses ne changent pas quelque soit l’univers.

On se retrouve avec Perez en tête devant Sainz et Ocon. Perez étant « 200% focus » sans conduire de Ford reçoit un message de son équipe: « box, box, box, we’ll swap the positions ». Le pilote s’exécute bien qu’interloqué par un tel message. Au stand, Lance ainsi que les mécanos l’attendent. Le mexicain sort de sa monoplace et voit le jeune canadien prendre sa place. Le 11 est changé par un 18, un nouveau train de tendres chaussé et voilà Lance Stroll de nouveau en course sous le regard désabusé de Perez, de son équipe, des autres équipes, du public, d’Andrés Manuel López Obrador, de Carlos Slim, de Justin Trudeau et du clandestin d’une autre réalité que je suis.

Le classement est le suivant à une quinzaine de tours de la fin (gommes entre paranthèses). Sainz (M), Ocon (M), Ricciardo (T), Bottas (T), Leclerc (T), Vettel (T), Albon (M) Gasly (T), Raikkonen (M), Verstappen (T), Hamilton (T), Stroll (T).

Les treize derniers tours.

La course reprend ses droits. Les deux leaders ayant pour mission de retenir un peloton chaussé de pneus tendres neufs.

Décision d’équipe, Ricciardo passe et remercie Ocon d’un « Thanks bro! ». Il a toujours pour mission de retenir un maximum les autres pendant que son équipier prend le large. Avant il y a un os espagnol, deux tours plus tard, malgré une belle résistance, Sainz s’incline face au local de l’épreuve qui prend la tête.

Un peu plus loin Gasly pourtant incapable de dépasser qui que ce soit, dépasse un Albon ne pouvant se défendre avec ses gommes usées. Ce dernier laisse passer Verstappen sur qui l’honneur de battre Gasly repose.

Ocon continue de se battre et d’intimider Bottas à coup de bananes (façon Mario Kart) mais reçoit un drapeau noir et blanc pour conduite anti sportive, il s’incline successivement face à Bottas, puis les deux Ferrari en moins de sept tours.

Gasly ne s’inquiète plus des pilotes devant, il accroche son regard à ses rétros dans lesquels la monoplace de Max la menace est de plus en plus grosse. Qu’importe de revenir sur le pilote devant, sa mission auto stipulé, rester devant Max. Il utilise à de nombreuses reprises la technique de la voiture balais avec succès.

Ricciardo passe la ligne en vainqueur! Un exploit sur lequel les bookmakers n’avaient pas prévu de cote. Il devance Bottas, éternel second et Sainz qui prive les Ferrari P4, P5 d’un podium australien pour la seconde fois. Il aura enfin droit à son premier podium protocolaire. Ocon fait un excellent P6 pour son retour, devant Gasly qui résista à Verstappen et Hamilton. Le point de la dixième place est pour l’inusable Raikkonen devançant un Stroll qui a quand même gagné neufs positions et ressuscité sa monoplace.

Podium

La foule est en liesse et allume de nombreux barbecues dans toutes les tribunes! Sur le podium, Ricciardo ajoute à son habituel shoey, quelques grillades délicatement préparées! Bottas et son flegme finlandais reste de marbre devant une telle célébration. Sainz se joint à la fête et apporte quelques mets espagnols pour l’occasion.

Au pied du podium, Cyril Abiteboul explose de joie et effectue une danse du ventre et un twerk devant Christian Horner.  Pour terminer le weekend, Gasly tire la langue devant Helmut Marko dont le visage est rouge de colère.

Dans le paddock, Vettel invective en allemand le stand Ferrari pour « cette stratégie en bois » (mon allemand est perfectible, pas sûr de ma traduction de « en bois »). Leclerc passe devant les micros en restant serein et indiquant avoir pris des points d’avance sur ses concurrents directs.

Le réveil sonne et me sort de mon rêve, du moins je crois, la Formule 1 n’est plus d’actualité.

Illustration: Formula 1 modifié par Leblogauto

Toute ressemblance avec des réalités passées ou futures est purement fortuite.

(3 commentaires)

  1. N’ayant pu suivre le GP suite à un déplacement professionnel dans la quatrième dimension, je suis heureux de lire ce résumé. Quel GP !
    Vivement Bahrein, même si, là encore, je serai dans un univers parallèle. Pas grave, Leblogauto est là 😉

  2. Update : Red Bull pose protêt contre la Scudéria. L’accord secret de la FiA permettait à Ferrari de continuer à tricher… malgré (grâce ?) au deuxième débitmètre. Le pot-aux-roses de 2019 est dévoilé.

    La Formule Un est en pleine effervescence. Les 7 teams + 2 (Haas et Alfa Roméo ont rejoint les frondeurs de la première heure) vont boycotter le championnat du monde…

    Ricciardo champion du monde en remportant le seul GP de la saison ? Comme Keke Rosberg en 1982 vainqueur d’un seul GP aussi.

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