Clap de fin pour Bristol Cars (1945-2020)

Avec la disparition de Bristol, c’est une icône de l’automobile so British qui s’éteint. Les théories de Darwin s’appliquent aussi aux constructeurs. Exclusives, hors du temps, aussi décalées que les Black Cab ou la chevelure de Boris Johnson, les Bristol détonaient dans le paysage automobile avec leurs lignes rétro, leur luxe intemporel et des moteurs généreux. A Londres, au bout de Kensington High Street, à quelques encablures de Hyde Park, Bristol cultivait sa différence. On y trouve le modeste et unique showroom de quatre voitures,  contrastant avec l’opulente concession BMW de Park Lane. C’est à la fois le siège et l’unique point de vente de Bristol, où l’on peut aussi acheter des véhicules d’occasion.

Bristol Cars est fondé en 1945, en tant que filiale automobile de la Bristol Aeroplane Company, un manufacturier de moteurs d’avion très important d’avant-guerre et de la seconde guerre mondiale. Elle rachète Frazer-Nash, qui produisait des BMW sous licence avant-guerre puis, grâce à ses relations dans l’armée britannique et au soutien du Bureau des réparations de guerre, les dirigeants visitent l’usine BMW de Munich à la fin des hostilités et font leurs emplettes, au titre des dommages de guerre. Ainsi, le premier modèle Bristol, la 400, présentée au salon de Genève 1947, reprend le châssis de la BMW 326 et le moteur 328.

Quand Bristol Aeroplane est vendu en 1960 pour fusionner dans le nouveau géant British Aerospace, la branche automobile est reprise par George SM White, le fondateur historique de Bristol, qui s’associe bientôt au pilote Tony Crook, lequel sera par la suite le dépositaire de la marque après la disparition de White. Les années 50-60 sont un véritable âge d’or pour Bristol, qui produit des modèles sportifs réputés et performants, comme la 404, la 405 Drophead coupé ou encore la 407 Zagato. La marque s’engage aussi Mans et comme motoriste en F1, entre 1952 et 1957, avec un seul podium à la clé. Au début des sixties, l’ère du 2.0 litres 6 cylindres BMW s’achève, Bristol trouvant auprès de Chrysler et ses V8 des moteurs plus puissants et adaptés à ses nouveaux modèles statutaires.

Puis, dans les années 70-80, le rythme des nouveautés s’essouffle. White est victime d’un grave accident en 1973 et cède les commandes à Crook. A partir des années 2000, les difficultés financières s’accentuent. Bristol dégaine néanmoins en 2004 la Fighter, un coupé à portes papillon embarquant un V10 dérivé de la Dodge Viper de 630 chevaux.

Sauvée en 2011 après une première liquidation judiciaire, la marque refait parler d’elle et entretient le « buzz ». En 2016, le projet Bullet est dévoilé à Goodwood et devait renouer avec les moteurs et transmissions BMW. Mais dans un monde automobile toujours plus rationalisé et en pleine mutation, et peut-être aussi à cause de coûts de développement trop élevés, la Bullet en est restée à 1 seul et unique exemplaire.

Notre avis, par leblogauto.com

Déjà sauvée une première fois par le groupe Kamkorp, propriétaire de…Frazer Nash Reasearch, Bristol est morte dans une certaine indifférence. Quand il a été décidé en décembre de dissoudre la société et de vendre les actifs, personne n’était présent à la session pour représenter ou défendre la marque. Les clubs et passionnés feront vivre évidemment ce blason, mais il n’a pas su ou pu s’adapter pour survivre. Darwin, on vous disait.

(19 commentaires)

  1. Une des rares marques à positionner la roue de secours comme les premières autos (entre la roue avant et l’habitacle)

  2. Dommage, la Bullet était un beau projet et corrigeait/ne reprenait pas l’avant peu avenant de la Figurer.

    Faut il espérer un jour une Phenix. ?

  3. Très bel article ( mortuaire ) sur cette marque  » so british  » . A l’image de l’industrie auto britannique elle n’a pas su s’adapter à temps. Mais ses modèles désuets avaient un charme fou.

  4. La même approche que TVR. Une association aurait peut-être été possible. Malheureusement, ce type de voiture va disparaître progressivement.

    1. oui hélas , pr n’avoir plus que électriques , VW , Toyota , et autres coréennes insipides . . .

    2. Connaissant très bien les deux marques, j’avoue avoir un mal fou à trouver la moindre similitude entre elles, si ce n’est qu’elles sont britanniques et artisanales. Pour être tout à fait honnête, dans le milieu des petits constructeurs anglais, on ne pourrait pas trouver plus différents que ces deux là, tant en philosophie, qu’en technologie et en clientèle, sans parler du business model. Invoquer une possible association relève de l’ineptie malheureusement. Finalement, pour ce qui est de la prochaine disparition de ce type de voiture que vous prévoyez(je comprend les Bristol), elle déjà eu lieu il y a des années, c’est un fait acté.

      1. @Peeter Wheeler : il n’empêche qu’une Bristol ou Jensen gagnerait en charme sur un châssis de série 8 ou en remplacement d’une SL, d’une A6+ et qu’une TVR reste un autre objet, rêve, fort sexy qui finira bien par sortir.

        Ce qui manque aujourd’hui terriblement c’est le charme en automobile associé à la précision et à la fiabilité attendue ( là où la Granturismo a péché).

  5. Bristol symbolisait et était l’unique marque survivante de l’aristocratie automobile anglaise, depuis que Bentley et Rolls étaient passées dans le giron allemand. Dommage, mais inéluctable dans notre monde devenu autophobe, cette disparition…

    1. Pour en savoir plus sur la marque, je vous invite à aller voir sur l’Official Website Bristol dont l’adresse est : .

  6. Bristol c’est plus exclusive que Rolls ou Bentley.
    Avec Tatra je crois que c’est la marque haute de gamme le plus sélecte.
    La Bristol 411 est un monument. Assez triste de l’apprendre ainsi avec un p’tit billet qui passe par là.

    Monde de M… Pour rester poli.

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