Les essais hivernaux de la F1 ont débuté hier à Barcelone. Michaël Dautremont nous réserve une sélection de photos, mais ce qui agite le paddock aujourd’hui, c’est le volant étrange de Mercedes.
Sur les vidéos de la Formule 1, il est vite devenu évidant que le volant de la Mercedes peut être tiré et poussé, tout en roulant. Un peu comme on peut le faire dans une voiture de tous les jours. Mais, quel peut bien être l’intérêt d’avoir un tel jeu dans la colonne de direction ?
Devant la torpeur d’essais qui se déroulent sans casse ni sortie de piste (autre que quelques tête-à-queue en pneus froids NDLA), cette nouveauté amène une agitation bienvenue ! Très contents de leur petit effet, chez Mercedes on joue les faux modestes et on renvoie à la FIA pour la légalité du système. Alison nomme le système DAS (ou D.A.S.) alias « Dual Axis Steering ».
Sur les vidéos embarquées, on peut voir que Lewis Hamilton tire le volant en sortie de virage, puis le repousse avant le prochain virage. Même si ce n’est pas flagrant, il apparaît aussi que cela influe sur les roues avant. Mais pourquoi ?
Décryptage du système
En fait, le système jouerait – légalement car manuel et mécanique – sur la pince des pneus avant. La pince (ou toe-in toe-out en anglais) c’est, vu de dessus, l’angle que forment les roues par rapport à l’axe de roulage. La pince peut être positive (toe-in ou pneu en-dedans) ou négative (toe-out ou pneu vers l’extérieur). C’est la perpendiculaire du carrossage (ou camber). En F1, on cambre les pneus (cela permet de passer plus vite en virage), et on met une pince négative pour pouvoir inscrire plus facilement la voiture en virage (voiture moins pointue).
Avec des pneus parfaitement alignés, on minimise les frottements. En revanche, pour mieux tourner et avoir plus de grip, il vaut mieux dé-pincer les pneus (vers l’extérieur donc). Ainsi, en ligne droite, tirer le volant de la Mercedes reviendrait à mettre à 0 (ou augmenter) la pince, tandis qu’avant un virage et un freinage, pousser le volant diminue la pince (toe-out) et met les pneus vers l’extérieur. On peut donc avoir deux pinces pour deux configurations plus optimales en fonction de la portion de la piste sur laquelle on est.
Quel est le gain ? Difficile à chiffrer. Mais, cela permettrait surtout de réduire l’échauffement des gommes sur les lignes droites sans perdre en performance dans les virages. En effet, des pneus vers l’extérieur vont avoir tendance à surchauffer en ligne droite, à s’user prématurément, et en F1, à sortir de la fenêtre de performance optimale. Avec ce système, Mercedes pourrait donc mieux gérer les pneumatiques, aller plus vite en ligne droite, tout en tournant mieux, ou au moins aussi bien qu’avant. Et peut-être économiser 1 ou 2 tours par train de pneumatiques.
Un système « pas nouveau »
Selon Mercedes, la FIA et la F1 ne découvrent pas le système. Il est pratiquement certain que la firme à l’étoile a déposé un tel développement dès l’an dernier et que la FIA n’a rien trouvé à redire. Sur de son fait, l’écurie n’hésite pas à montrer à la face des concurrents un système « simple » sur le papier, mais sans doute difficile à mettre au point, et sans doute pas en quelques semaines.
Ainsi, Mercedes annonce la couleur et promet peut-être 6 mois de domination le temps que les autres écuries copient le système. A moins que la F1 y mette le holà, mais ce n’est pas le son de cloche à Barcelone.
Illustration : Michaël Dautremont, Mercedes modifiée par leblogauto.com
L’an dernier, les allemands avaient déjà remportés les 8 premières courses de la saison sans DAS…
Le team Mercédès n’a même pas besoin de cet artifice pour remporter une nouvelle fois les titres constructeurs et pilotes en 2020. Il faut être réaliste.
Cela dit ce système est très ingénieux et très simple. Sera-t’il utile ? Sera-t’il légal. À suivre.
En fait, il est légal à première vue car mécanique, manuel, et ne joue pas sur les suspensions.
Les autres écuries commencent à attaquer en disant que c’est dangereux pour le pilote…à priori c’est le seul angle qu’ils ont pour l’instant.
Le système aurait été développé en DTM…
L’écurie (Mercedes) est sure, c’est sûr !
Il se passe pas totalement, rien qui s’attendait à ce que la Racing Point soit la Mercedes de l’année dernière?
Surtout quand chez Racing Point on montrait du doigt Haas qui soit disant ne jouait pas le jeu en reprenant bcp de la Ferrari de la saison d’avant…
RP fait pareil et c’est ultra-flagrant. Ce sera évoqué dans notre bilan des 3 premiers jours, demain ou samedi.
Je nuancerais la chose, c’est Bob Fernley qui avait tenu ces propos, et il a été viré moins de deux semaines après le rachat de Force India
Le système doit demander un entrainement certain de la part des pilotes.
Salut Thibaut, tu écris qu’en sport auto on ouvre pour rentrer plus vite dans les virages…sur circuit? En rallye (sur une traction surtout), on ferme la pince pour mieux tourner…non?
J’ai modifié pour préciser « en F1 ». Car oui, dans d’autres discipline, on met du « toe-in ».
Cela dépend du comportement naturel de la voiture. Si elle est souvireuse, on mettra plutôt du toe-in.
En F1, on met généralement toe-out à l’avant (ainsi le pneu intérieur est déjà tourné vers l’apex), et du toe-in à l’arrière.
Ouf, merci!
Je pense qu’il vont pouvoir avoir un train arrière beaucoup plus droit et donc passer plus de couple…
La pince pourra être plus accentuée en virage…
L’équilibre serait presque parfait !!!
Quand vous allez faire vos courses à Leclerc avec votre clio diesel, vous pincez ( du cul) ou vous ouvrez..?
Ce qui m’étonne, c’est que, ne serait ce que sur une voiture de tout les jours pour la sécurité, un prototype, une voiture de rally ou autre, pour montrer un savoir faire; au lieu d’en rester a une simple direction arrière, personne n’ai inventé une voiture dont la géométrie change en permanence.
De quelque degrés ou centimètres. l’empattement pourrait varier sur 10cm etc.
de même pour le carrossage, pincement etc
cela rendrait la voiture hyper performante ou sécurisante.
au passage un systéme de direction arrière permettrait, mais il ne le font pas, de changer le pincement arrière …
Le problème comme toujours c’est l’anticipation et l’intention, et ça il n’y a que le conducteur qui sait. C’est le gros problème dans l’idée de véhicule autonome.
Impossible de pré-rêgler suffisamment à l’avance avant de savoir quel accident va arriver ou ce que le conducteur va vouloir faire.
Le problème dans ce cas c’est qu’en cas de crach ou de danger le pilote va avoir tendance a tirer ou pousser ce qui pourrait être contraire à l’effet idéal…
Est ce que le train arrière autodirectionnel de PSA ne serait pas une voiture dont la géométrie change en permanence?
juste la direction des roue oui
Et le pilote ? Cette gymnastique qui se rajoute au reste ?
L’étape prochaine: plus de pilote.
Une equipe trouves une astuce pour performer et les autres crient au loup … normal business en F1.
Ceci dit, c’est ingenieux et va rajouter a une probable domination de Mercedes en debut de saison …
Bravo a eux et les autres au boulot 🙂