La Ligurie réclame la gratuité de ses autoroutes

Une demande politique forte

Des autoroutes gratuites jusqu’à nouvel ordre ? C’est le vœu que vient de formuler le Conseil régional de Ligurie en adoptant, à l’unanimité, sa proposition à l’ordre du jour. Le député du M5S, Sergio Battelli, a dit: «Les citoyens liguriens se battent quotidiennement depuis près d’un an et demi contre les inconvénients et l’inefficacité du réseau autoroutier. Ajoutez à cela les moqueries des tarifs les plus chers en Italie. C’est pourquoi l’ordre du jour, qui a été approuvé à l’unanimité par le Conseil régional de Ligurie, demande des péages gratuits jusqu’à ce que les inconvénients résultant de l’effondrement du pont Morandi, du glissement de terrain A6 et des limitations de l’A26 ne soient pas résolus. Une situation vraiment paradoxale qui ne peut plus durer, c’est pourquoi je m’activerai pour faire respecter ce droit ».

Une Ligurie isolée

Reste que le dernier mot revient à Autostrade per l’Italia, qui exploite près de 3000 kilomètres d’autoroute dans la Péninsule, dont une partie du réseau ligure (notamment le tronçon allant de Savone à Gênes). Depuis la catastrophe du Pont Morandi en Août 2018, le trafic est considérablement perturbé et l’effondrement du viaduc de Monte au niveau de l’A6 la semaine dernière, sur le tronçon entre Savone et Turin, n’a pas arrangé les choses. « Nous sommes isolés comme dans les années 1930 lorsque la plupart des infrastructures n’existaient pas », s’est plaint le président de la Ligurie. Étirée comme un arc le long du littoral et cernée au nord par les contreforts du Piémont et des Apennins à l’est, la région souffre énormément des défaillances de son réseau autoroutier qui rend les communications et les contournements difficiles. Les conséquences économiques sont notamment très lourdes, et ce bien au-delà de la simple Ligurie, tant la région est un axe routier majeur dans les échanges est-ouest du sud de l’Europe. Par conséquent, le conseil régional estime sa requête logique jusqu’à ce que l’inconfort résultant de l’effondrement de Morandi, du glissement de terrain A6 et des limitations de l’A26 ne soit résolu.

Révélations accablantes

Autostrade per l’Italia est de plus en plus sur la sellette, avec les révélations récentes de la Republicca qui fait état de rapports de contrôles falsifiés minorants les problèmes de structure. Un autre rapport, datant de 2015,avait déjà mis en alerte la société sur les défaillances des capteurs du Pont Morandi ainsi que des contrôles non effectués. Depuis septembre, le procureur de Gênes, en charge de l’enquête sur la catastrophe Morandi, a étendu ses investigations à la maintenance des autres viaducs. Rien qu’en Ligurie, il y a un paquet (18 en liaison avec le Piémont sont dans le collimateur), mais les inquiétudes s’orientent aussi sur le tronçon Gênes-Livourne. D’autres tronçons d’autoroute, dans les environ de la capitale ligure, ont ainsi été fermés par principe de précaution pour de plus amples vérifications, rajoutant aux complications évoquées plus haut.

Sous pression, l’entreprise a annoncé le remplacement de la société Spea, habituellement mandatée pour la maintenance, par un consortium d’entreprises qui ont déjà 117 interventions de planifiées pour un montant de 100 millions d’euros. Mais la volonté politique de retirer les concessions au groupe est toujours d’actualité. De son côté, par l’intermédiaire du patriarche Luciano, la famille Benetton, dont la holding contrôle, visa sa filiale Atlantia, 30% de Autostrade per l’Italia (ainsi que…Spea), s’est fendu d’un communiqué de presse dénonçant la « cabale » menée contre sa famille, qui n’est pas le seul actionnaire du groupe et se sent également « lésé » par les erreurs de certains dirigeants négligents et irresponsables de l’entreprise.

Notre avis, par le blogauto.com

Dans le bras de fer qui met aux prises les politiques et Aspi, qui va réussir à faire plier l’autre ? L’enquête promet d’être encore longue, face à l’ampleur d’une supercherie chaque jour plus énorme. Près de 2000 ponts auraient besoin d’un entretien d’urgence. Et la Stampa, en publiant il y a quelques jours « viaduc: la carte de la peur », a pu mettre en évidence l’ampleur de la menace…et de la tâche à accomplir !

Sources : La Republicca, La Stampa, IVG.it

(3 commentaires)

  1. « « lésé » par les erreurs de certains dirigeants négligents et irresponsables de l’entreprise »…

    Les Benetton sacrifient un fidèle pour sauver leurs autoroutes en Italie.
    Giovanni Castellucci, au service de la famille depuis dix-huit ans, a démissionné de son poste de PDG d’Atlantia, la société gestionnaire d’autoroutes contrôlée par les Benetton.

      1. ça ne change rien

        une privatisation (ou pas) bien ficelée ne change rien. C’est juste une question de gestion, de vouloir faire tout le nécessaire pour maintenir le niveau ou de négliger. Espacer les contrôles, repousser les travaux, etc….soit pour cause de manque de finance, soit pour distribuer davantage d’argent aux actionnaires…

        Le réseau de routes et ponts (non privatisé) en France se dégrade.
        Le réseau autoroute belge (qui n’est pas privatisé) se dégrade aussi
        Le réseau autoroute allemande (qui n’est pas non plus privatisé) est plutôt en bon état. Il y a toujours des travaux sur les autoroutes allemandes

        Les industries russes privatisées se comportent à merveille, bien mieux que l’époque de l’URSS
        La privatisation du réseau autoroute française est pas trop mal. Celle en Italie un peu moins bien…
        La privatisation du réseau ferré anglais a été une catastrophe (l’entretien des voies ferrées a été négligé, aboutissant à des accidents, mortels, avant de revenir dans le giron du public)

        bref, ce n’est pas un problème de privatisation. C’est un problème de gestion par la suite, choisir de pérenniser l’activité ou privilégier les actionnaires

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