Un roi perspicace
En 1957, Maserati sort la 3500 GT, un coupé animé par un V6 3.5 litres de 220 chevaux. La voiture est un immense succès, appréciée autant par le prince Rainier de Monaco que par les stars du cinéma comme Tony Curtis et Anthony Quinn. L’année suivante, Reza Pahlavi, le souverain iranien, essaie la 3500 GT à son tour. Emballé, le Chah demande rapidement à Maserati une version plus performante et élitiste. Les séries exclusives et ultra personnalisées n’ont pas attendu les années 2010 pour exister ! Guido Alfieri, le directeur technique du Trident, tranche : il faudra dessiner une nouvelle voiture, afin d’y implanter un moteur plus puissant.
Dès 1959, la bête est là. Le châssis, dérivé de la 3500 GT, a été agrandi et renforcé pour accueillir un nouveau moteur. Il s’agit du V8 de la barquette de course, la 450S, qui a été légèrement domestiqué pour une utilisation « civile ». C’est une aubaine pour Maserati, puisque la catégorie Sport 5 Litres avait été supprimée à l’issue du championnat du monde des voitures de sport 1957. Contraint financièrement, le Trident avait stoppé son programme compétition mais se retrouvait avec des V8 sur les bras dont il ne savait que faire. La requête du Shah tomba donc à point nommé.
Cœur sportif
Réalésé, avec une cylindrée portée à presque 5.0 litres, il délivre 340 chevaux à 5800 trs/min (contre 400 CV à 7500 trs/min pour la version course). En 1960, une évolution destinée à rendre l’utilisation du V8 plus « docile » fait tomber la puissance à 325 chevaux. La technologie évolue néanmoins puisque les quatre carburateurs Weber sont remplacés par un système d’injection Lucas et le système d’engrenage à arbre à cames en tête, assez complexe, a été remplacé par un système de chaîne plus silencieux et plus simple.
Dans sa version d’origine, la GT 2+2 est ainsi propulsée à 270 Km/h, ce qui est tout simplement exceptionnel à cette époque. Pour comparaison, Ferrari réplique en 1960 avec la 330 GT dont le V12 4.0 litres délivre 300 chevaux. Malgré tout, la 5000 GT n’est pas considérée à l’époque comme la nouvelle détentrice du record de vitesse pour une voiture de série, car aucune mesure test précise ne fut effectuée et seuls les deux premiers modèles ont reçu le moteur le plus performant. N’empêche, il faudra attendre quelques années et des modèles comme la Lamborghini Miura et la Ferrari 365 GTB Daytona pour retrouver ce genre de performances dans des sportives de série.
Reine de mode
La première carrosserie est construite par Carrozzeria Touring, qui a déjà travaillé sur la 3500 GT. Présentée au Salon de Turin de 1959, elle est baptisée « Shah of Persia » en l’honneur de ce client unique qui, à l’époque, fait souvent la une des médias. Racée, élégante, parée d’une robe aux lignes à la fois fluides et dynamiques, c’est une réussite absolue.
Construite à seulement 34 exemplaires, la Maserati 5000 GT est passée entre les mains de 9 carrossiers différents qui ont créé des versions personnalisées destinées à des clients prestigieux ! Outre Touring, Allemano (pour l’acteur Stewart Granger et le président mexicain Adolfo Lopee), Pininfarina (pour Gianni Agnelli), Monterosa, Ghia, Bertone, Frua, Michelotti et Vignale y ont exercé leur savoir-faire.
images : Maserati
…Rien à rajouter – sublime création !
Cette époque n’a plus aucun point de comparaison avec les désirs actuels à 100 000 lieues du parfum de la belle, la bonne auto de cette époque .
On continue de rêver à voir ces autos . Je retiens que Le Shah, passionné, avait du goût. Ses autos continuent à changer de proprios à l’enchère…
Je suis tellement d’accord.
Il est difficile de trouver des équivalents aujourd’hui.
Résultat, je suis passé à l’acte, personnellement, et je me suis acheté il y a quelques semaines une Datsun 240Z! Sortie un peu plus tard (70′), mais dans le même esprit. Et faite de bon goût!
Le tout pour le prix d’une citadine. Pourquoi hésiter?
Ah ben Maserati avec de telles carrosseries devrait tout comme Alfa nous ravir et non nous faire attendre. Peste soit la mode du SUV. Ils salissent tout ces breaks surélevés.
Tu te rend compte qu’à l’époque, le tout venant ne roulait pas en Maserati mais en 2 CV ?
Oui mais Maserati n’a pas besoin de concurrencer un BMW X3 pour être rentable. Ils ont tous le syndrome Porsche sauf que Bentley, Aston, Jaguar et Maserati s’y pètent les dents à vouloir suivre Porsche dans sa stratégie! Maserati n’a jamais été gros mais exclusif!
Pourtant, Maserati en fait aussi des SUV break surélevés qui salissent tout pas exclusifs
Mais enfin, pourquoi n’existe t’il plus de marché du bon goût ? (Je sais, …subjectif diront certains).
Je peine à trouver des créations originales qui me plaisent vraiment. Certes, je n’en n’ai pas les moyens stratosphériques et le’ goût est affaire personnelle, mais qui irait critiquer celle ci (maintenant ou à l’époque ?).
La face avant est quand-même discutable…La plus belle à mes yeux reste la Allemano, plus subtile et fine sur cette partie. Époque bénie.
Je suis assez d’accord. autant le profil est très élégant malgré ses proportions particulières, autant la calandre est inutilement immense et pas du tout en phase avec la ligne générale.
Oui, c’est pas faux mais on dira le charme de la demoiselle qui bigle 😉
3500gt un v6? Non un 6 en ligne