Autoroutes : une hausse finalement moins élevée que prévue

C’est une information du Journal du Dimanche (JDD). Contrairement à ce qu’avait estimé le secrétaire d’Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, début novembre, la hausse ne sera pas entre 1 et 1,5%. Cela devrait coller plus à l’inflation et atteindre 0,85% (inflation à 0,7% en octobre selon l’INSEE).

Les tarifs des péages sont le fruit d’une équation complexe qui prend en compte l’inflation, les taxes de l’Etat, des compensations pour le « plan travaux » de 2016 ainsi que des compensations pour le gel des péages demandé en 2015 par Ségolène Royal, la ministre de l’époque.

Des variations disparates

D’après les chiffres du JDD, le réseau Cofiroute (Vinci) devrait voir une hausse de 0,71% en moyenne contre 1,07% pour Area (Eiffage). Ce seront donc 10 à 20 centimes de plus pour beaucoup de trajets dès le 1er février 2020.

Ces nouveaux tarifs doivent rapidement être validés par l’Etat, sans doute courant janvier 2020. Cette hausse est moitié moindre que celle de début 2019. Mais dans la période de grogne sociale qui s’annonce, est-ce qu’elle peut mettre tout de même le feu aux poudres ?

Où va l’argent des péages d’autoroutes ?

On accuse souvent les sociétés autoroutières de dégager de confortables bénéfices grâce aux péages, sur le dos des automobilistes et des transports routiers. Ce n’est pas faux avec des sociétés dites « historiques » qui dégagent plus de 3,2 milliards d’euros de bénéfice, et ce, sans compter les contrats que ces géants du BTP gagnent pour réaliser des travaux d’aménagement, mais aussi d’entretien.

Sur 10 € de péage, la plus grosse part revient à l’Etat avec 3,70 €. C’est la TVA, l’impôt sur les sociétés, la taxe aménagement du territoire et différents prélèvements. 1,60 € va aux frais de fonctionnement : salaires, matériel, énergie, etc. 3 € vont à l’entretien et à la création de nouvelles autoroutes ou équipements (aires, aménagement d’une nouvelle entrée/sortie, etc.). Enfin, 1,70 € sont des bénéfices. Ces chiffres, c’est l’ASFA qui les donne (Association des sociétés françaises d’autoroutes) dans un document sur « le péage ».

Oui, vous lisez bien : les résultats représentent 17% du prix d’un péage. Et ce n’est qu’une (grosse) part des bénéfices des sociétés concessionnaires d’autoroute. En effet, elles monnaient également les aires qui parsèment les parcours. Les restaurants comme les stations service doivent une redevance, souvent lié au chiffre d’affaire. Quand vous payez 2 euros votre café sur une aire, une partie retourne directement à la Sanef, APRR, ASF, et consorts.

Illustration : Vinci

(12 commentaires)

  1. Il est facile de taper sur les société d’autoroutes et leurs « juteux » bénéfices, mais ne pas oublier que l’Etat (n’était et) serait bien incapable d’entretenir le réseau dans les mêmes conditions…
    Cela a été démontré à de nombreuses reprises, notre cher Etat français est un bien mauvais gestionnaire.

    1. Donc le fait que l’Etat serait soit-disant mauvais gestionnaire justifierait un bénéfice de 17% ?

      En 2018 BNP Paribas fait 42,5 milliards de produit net bancaire, pour un résultat net part du groupe de 7,5 milliards d’€.
      Soit 17,64%…en gros péages et banques même combat 😉
      Pas de poujadisme mais très rares sont les entreprises à 17% de bénéf.

      1. Donc pour vous une entreprise doit etre philanthropique et ne dégager aucun bénéfice?? Ces entreprises n’ outrepassent pas les lois que je sache… Belle mentalité française de taper sur un groupe qui est leader mondial dans son domaine !

    2. …d’ailleurs tout est à vendre dans ce foutu Pays , n’est-ce pas ?
      Mais est- à affirmer qu’il faut applaudir ? c’est affaire de politiques, sauf quand il s’agit de mettre des portiques pour qui doit payer, paie… c’est impossible , c’est la chienlit . Donc pas facile non plus de diriger . J’ai écrit foutu, parce que ce pays est devenu ingouvernable !
      L’autoroute, je roule dessus, Suisse, Allemagne, Italie; en France j’évite à chaque fois . ( 1 avis , UN ) qui vaudra des moins , pas grave.

    3. C’est sans doute car l’état est mauvais gestionnaire que les Vinci&Co se sont précipités quand De Villepin, le grand niais collé là par Chirac pour dézinguer le nain Sarkozy (on a vu le résultat) qui montait, a pris le contrepied de son prédécesseur Raffarin qui n’était pas non plus une flèche mais avait au moins encore assez de lucidité pour comprendre que dans ces conditions mieux valait pour l’état garder sa gagneuse! Le grand niais aura vraiment réussi à tout louper…

      Et comme le nouveau monde a tout de l’ancien, les financiers court-termistes de la fuck-up nation LREV (En Vente!) viennent de faire pareil avec la FDJ: Sans doute que là aussi, l’état la gérait tellement mal qu’il n’y gagnait rien!

      La mauvaise gestion globale résulte en partie de la vente de ce type de pépites qui participait à équilibrer des secteurs déficitaire qu’un état ne peut éviter (à moins de se passer d’éducation, justice, armée…), il ne faut pas confondre cause et conséquence.

    1. Indirectement, pour le contribuable, c’est le cas: Le prix des autoroutes y entraîne un report de circulation qui peut dans certains cas être conséquent et coûteux en entretien surtout quand il s’agit de PL.
      Ainsi, quasiment tous ceux roulant entre IDF et sud-ouest (dont une bonne partie espagnols) shuntent un bon tiers de l’A10 pour la N10 entre Bordeaux et Poitiers (via Angoulème).

      Certes, y’a pas encore de péages mais certains y songent… un début de révolution jaune a cependant dû faire réfléchir.

      En attendant, les seules nouvelles voies que je vois naître hors autoroute sont des sites propres de TC: Des voies payées par tous les contribuables à l’usage de transport collectif déjà largement subventionné (sinon leur rentabilité désastreuse apparaîtrait via le coût réel), totalement sous utilisées vs leur capacité théorique et sans que les compagnies de transport n’aient non plus à régler de redevance pour cette utilisation (cas des compagnies ferroviaires utilisant le réseau rail RFF) exclusive!

  2. Vous semblez reprocher aux sociétés d’autoroutes leurs 17% de bénéfice et ce sont bel et bien des entreprises françaises pour la plupart, l’argent reste en France c’est dejà pas mal car n’oublions pas que Vinci et consorts paient des impôts sur ces benefices

    1. Je ne fais qu’indiquer que ces sociétés font des 17% de bénéfices…qui sont redistribués pour une grosse partie et non réinvestis.
      Vinci paie en effet plus de 1 milliard € d’impôts mais sur le résultat, pas les bénéfices…
      Les bénéfices sont le résultat après impôt…ce que l’on choisit de conservé dans l’entreprise, d’investir, ou…de redistribuer.

      Ayant moi-même plusieurs sociétés, ce n’est pas moi qui vais leur reprocher de faire des bénéfices.
      Mais 17%…de bénéfices…pas de résultat avant impôt…

      Imaginez, votre banquier vous dit « Monsieur RS43, je vais vous mettre 17 euros d’agio car il faut que l’on fasse des bénéfices »…vous allez forcément râler non ?
      Et vous dire qu’ils pourraient ne mettre que 7 ou 8 € d’agio ils feraient toujours de gros bénéfices…non ? Ou vous êtes contents de payer des frais qui vont dans la poches non pas des employés de ces sociétés mais des investisseurs ?
      Les banques, en gros on n’a pas le choix, on est obligé d’en avoir une. Les autoroutes, sauf à vouloir passer le double ou le triple de temps sur la route, on n’a pas le choix non plus.
      Au final, ces routes qui sont un peu les nôtres, on nous les faits payer, au-delà de ce qui pourrait être le niveau avec 6 ou 7% de bénéfices.

      Si vous préférez, il y a un niveau à partir duquel les bénéfices (encore une fois tout ce qu’il reste après avoir tout payé) paraissent bien trop élevés.
      Pour information, tous les bénéfices ne restent pas en France puisque les dividendes sont payés aux actionnaires dont le fond blackrock, le Qatar, etc.

      Mais encore une fois, vous ne verrez pas dans mes propos un reproche à une société qui fait des bénéfices. Il en faut pour :
      – investissement (avenir)
      – payer les investisseurs au travers du coupon (même si depuis des dizaines d’années les investisseurs se paient surtout sur les variations du cours et non plus sur les dividendes)
      – éventuellement augmenter son auto-financement

      Profitons des « mauvais » jours pour (re)lire Kant, Marx, Rousseau, etc devant une tasse de thé 😀 (on va loin par rapport à l’automobile).

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