Et si l’Alsace devenait le coeur de la filière lithium pour la France et l’Europe ? Un lithium géothermique plus « propre » que les extractions à des milliers de kilomètres. Alors, un coup de pouce pour « l’Airbus des batteries » ?
Ce sont les sociétés Électricité de Strasbourg (ÉS), filiale d’EDF, et Fonroche Géothermie qui ont confirmé la présence de lithium sur plusieurs sites en Alsace. Ces sites sont explorés en sous-sol en vue d’y construire des centrales électrique qui utilisent la géothermie profonde (3000 m). Et le lithium y est à un niveau significatif, 200 mg/l.
Dans le cadre du projet de Fonroche Géothermie à Vendenheim (Bas-Rhin), « les analyses dans les eaux extraites des puits de forage confirment la présence de lithium en qualité et quantité très prometteuse permettant d’envisager la production annuelle de quelque 1500 tonnes de lithium », a indiqué cette société dans un communiqué reçu vendredi par l’AFP.
1 500 tonnes par an, c’est 10% des besoins estimés pour notre pays dans les années qui arrivent. C’est peu et c’est beaucoup. En effet, le programme en Alsace de Fonroche Géothermie compte 3 centrales géothermiques et cela pourrait donc fournir de 30 à 40% des besoins en lithium de la France d’ici 4 ans environ. Enfin, si le lithium n’est pas supplanté d’ici là et reste un élément très demandé.
Sous quelle forme se trouve le lithium en Alsace ?
Le lithium est un métal relativement peu rare sur la Terre (33e élément le plus abondant). Habituellement, on l’extrait depuis des salars (anciens lacs « fossilisés ») ou depuis des mines. Le lithium y est présent sous forme de sels (salars) ou de silicates (mines).
Ici, c’est du chlorure de lithium qui se trouve dissous dans les eaux du sous-sol alsacien. Les essais actuels visent à connaître la concentration et voir si une production serait intéressante financièrement ou non. Ces essais sont menés par le groupe minier Eramet dans le cadre d’un consortium de recherche qui réunit entre autres ES, le chimiste BASF et le constructeur automobile PSA, a rappelé M. Kempf, directeur du développement du projet.
Attention tout de même, ce n’est pour le moment qu’un projet et les étapes sont encore nombreuses. Les embûches possibles aussi. Si tout se passe comme il faut, la production industrielle pourra être en 2025. Toutefois, un démonstrateur devrait être créé d’ici 2021 pour étudier la pertinence de cette source de lithium.
Surtout, l’extraction du lithium en Alsace se ferait en complément de l’utilisation de la géothermie. Cela limite l’impact sur l’environnement en mutualisant la « pollution » issue de la création des puits et du pompage de l’eau du sous-sol. ES et Fonroche n’hésitent pas à parler de « lithium propre ». Et si on créait une filière de batteries en France ?
Quelle est la production de lithium dans le monde ?
La production mondiale de lithium explose dans le monde depuis des années. Dopée surtout par l’électronique grand public qui utilise les batteries li-ion, mais aussi par le véhicule électrique, la production de lithium est passée de 28 000 tonnes il y a 9 ans à plus de 45 000 l’an dernier (estimations de l’USGS United States Geological Survey). Ce chiffre est plus probablement au-delà des 80 000 tonnes. En effet, l’USGS n’inclut pas la production des Etats Unis.
Le producteur principal est l’Australie avec ses mines de pegmatite (1). Cette production est polluante avec des rendements médiocres. Les mines de la société Talison Lithium Ltd doivent produire plus de 300 000 tonnes de « spodumène » (2) pour, finalement, moins de 10 000 tonnes de lithium.
Du côté de la Bolivie, du Chili ou de l’Argentine, c’est via les déserts de sels fossiles, les salars, que le lithium est produit. On pompe au fond du salar une saumure (eau salée) riche en sels de lithium. Cette saumure est mise en évaporation dans d’immenses bassins. Les sels concentrés sont envoyés en usine pour être transformés en carbonate de lithium (Li2CO3).
Outre la destruction de ressources fossiles, les mines et leur faible concentration, ou les salars et leur accès très compliqué (montagne au-delà de 2000 m d’altitude) sont situées loin des usines de fabrication de piles pour les batteries li-ion. Avoir une production plus locale participe également à faire baisser la facture environnementale.
Avec AFP
(1) La pegmatite est une roche magmatique à très gros cristaux granitiques. Elle contient souvent des éléments rares comme le lithium, l’uranium, le thorium, le zirconium, le titane, etc.
(2) Silicate de formule idéale LiAlSi2O6
Illustration : EDF (une centrale électrique utilisant la géothermie profonde)
EDF ! En espérant que ça ne finissent pas en EPR bis ?
ce n’est pas EDF qui a planté l’EPR, mais bien AREVA. Edf est le repreneur du naufrage industriel et se contente de découvrir une à une les mines laissées par Areva… nuance.
Ca peut sembler intéressant mais je pense que le jour où le forage fonctionnera, le lithium chinois à prix cassés aura inondé le marché ou les batteries seront au sodium.
https://www.geo.fr/environnement/quand-la-chine-fait-main-basse-sur-le-marche-mondial-du-lithium-196911
la Chine ne produit que 7% du lithium mondial. Elle risque de ne pas en avoir assez pour alimenter son parc de véhicules élect, et non plus pour approvisionner ses nombreuses usines d’appareils électroniques (téléphone, montre, jouets, etc….). Aucune chance de voir le lithium (matière première) chinois inonder le monde. Et puis, ils sont tout sauf cons: ils ne vont pas exporter la matière première à faible valeur ajoutée. Ils vont fabriquer des cellules lithium-ion avec, et les vendre à prix d’or
Nope, le Sodium a une densité pratique de 90Wh / kilo pour l’instant. (2.5x moins que le Li-Ion)
et le Li-solid et Li-S permettent encore un gain de x5.
Donc on a de la marge. « peut être », si on a un miracle coté électrode, que le Li pourrait être détrôné un jour par le Calcium ou le Magnésium, mais c’est pas sûr du tout.
A voir si les écolos ne vont pas s’en mêler?
Par contre il semblerait que d’autres régions Françaises (Massif-Central, Massif Armoricain…) pourraient abriter du lithium dans leurs sous sols
c’est justement la réflexion que je me faisais ! Et cela serait un comble, quand on sait oh combien les écolos ont fait le forcing pour imposer la voiture électrique ptdr
1.500 tonnes de lithium ou 1 500 tonnes.
1 500 (le point était surnuméraire dans la citation AFP).
Si on croise avec la concentration avancée de 200 mg/l cela fait 7,5 millions de m3 d’eau géothermale à traiter par an.
@Thibaut : que d’eau, que d’eau.
Combien de temps avec, en France, une manifestation NIMBY (not in my backyard ) ?
Car la production controversée ailleurs du lithium pourrait être plus visible, même moins salement extrait.
Le lithium fait toujours aussi peur aux femmes enceintes, (une fois sur deux bien plus qu’aux bipolaires 😉 ). La filtration arrière est assez contraignante et les rejets sont à même d’effrayer la ménagère et son fort mari.
Pour rire un peu, ou non….
https://www.usinenouvelle.com/article/amnesty-international-denonce-la-pollution-des-batteries-de-voitures-electriques.N820985
(Oui, tout n’est pas blanc dans le pétrole non plus, c’est pas une raison).
Disposer d’une ressource de lithium (même faible) au coeur de l’Europe industrielle est une bonne nouvelle pour l’avenir de la voiture électrique.
Encore faut-il pouvoir réaliser une extraction respectueuse de l’environnement sinon cela devient un contresens parmi le but recherché.
ce sera forcement respectueuse, vu le contexte
Dans les pays manquant d’eau potable, ils en fabriquent à partir de l’eau de mer. Une des techniques, voire LA technique, est l’osmose inverse. Grosso modo, on utilise des filtres ultra fins ne laissant passer que l’eau. Le sel et autres matières solides dissous sont retenus et rejetés en mer.
Ici, ce sera pareil, sauf qu’on gardera les matières solides dont le lithium, et « rejettera » l’eau pure.
De cette eau pure:
-soit on la réinjecte dans le sous sol en boucle fermée
-soit on l’utilise pour la consommation humaine ou industrielle, et qu’on pompe l’eau du Rhin non potable pour l’injecter dans le sous sol à la place.
En Bolivie, l’eau est une matière rare. Utiliser le peu d’eau existant pour récupérer le lithium dans les salars est mauvais pour la nature, pour l’environnement. Ce n’est pas le cas chez nous.
Il avait déjà eu l’exploitation du pétrole en Alsace, maintenant, il aura l’exploitation du nouveau « pétrole » en Alsace !
la logique de l’histoire…
sauf que le pétrole :
1. ne peut etre utilisé dans l’économie circulaire cntrairement au lithium
2. est majoritairement brulé et contribue au réchauffement climatique contrairement au lithium
…le lithium…le lithium… c’est pas ce que l’homéopathe prescrit aux anxieux, autres dans la déprime ??? – Les Alsaciens feraient bien d’en conserver sous le pied…
l’homéopathe en prescrit une dilution, là il en faut du concentré 😉