Dyson abandonne son automobile électrique

Depuis 2016, James Dyson, fantasque inventeur connu mondialement pour ses aspirateurs, mais aussi ses ventilateurs, chauffages, sèche-cheveux, etc. « spéciaux », s’était lancé dans un nouveau pari industriel, la voiture électrique.

Après avoir investi beaucoup d’argent, créé un centre R&D à Singapour, débauché pas mal de personnes un peu partout en automobile ou ailleurs, déposé des brevets (on avait par exemple l’allure de la première voiture Dyson) et beaucoup communiqué, Dyson arrête tout.

Pourquoi ? Et bien comme l’explique le patron, ce n’est pas un échec du produit ou de l’équipe. Le projet est tout bonnement non viable. En effet, Dyson n’avait visiblement pas l’intention de produire lui-même sa voiture et cherchait donc un porteur pour le projet. En vain.

Tout n’est pas stoppé

Mais, l’entreprise ne jette pas tout. Le travail sur les batteries état-solide (l’électrolyte permettant le transfert des ions lithium entre l’anode et la cathode n’est pas liquide, un gel, un polymère, etc. mais solide) va continuer. En effet, ces batteries pourraient être utilisées pour la voiture électrique, mais aussi pour tout les objets sans fil développés par Dyson. En plus, cela pourrait permettre un retour sur investissement.

Les brevets pourraient intéresser certains professionnels. En outre, Dyson indique vouloir développer certains composants de l’automobile de demain : systèmes de vision, l’apprentissage automatique (machine learning), l’Intelligence Artificielle et la robotique. On n’a peut-être pas fini d’entendre parler de Dyson dans l’automobile, mais ce ne sera pas pour une voiture électrique complète. Qui a dit ouf ?

Dyson n’est pas la première entreprise à envisager le passage à l’automobile, électrique qui plus est. On pourra citer Google qui a franchi le pas avec la Google Car (la voiture de Oui-Oui sans volant NDLA), ou Apple. Si Google continue dans le secteur de la conduite autonome, Apple a mis son programme Titan en veille technologique, en attendant de meilleurs jours comme Dyson ?

Communiqué de Dyson

Dyson Automotive update 10th October 2019

« The Dyson Automotive team have developed a fantastic car; they have been ingenious in their approach while remaining faithful to our philosophies. However, though we have tried very hard throughout the development process, we simply cannot make it commercially viable. We have been through a serious process to find a buyer for the project which has, unfortunately, been unsuccessful so far. I wanted you to hear directly from me that the Dyson Board has therefore taken the very difficult decision to propose the closure of our automotive project.

This is not a product failure, or a failure of the team, for whom this news will be hard to hear and digest. Their achievements have been immense – given the enormity and complexity of the project. We are working to quickly find alternative roles within Dyson for as many of the team as possible and we have sufficient vacancies to absorb most of the people into our Home business. For those who cannot, or do not wish to, find alternative roles, we will support them fairly and with the respect deserved. This is a challenging time for our colleagues and I appreciate your understanding and sensitivity as we consult with those who are affected.

Dyson will continue its £2.5bn investment program into new technology and grow our wonderful new University. We will continue to expand at Malmesbury, Hullavington, Singapore and other global locations. We will also concentrate on the formidable task of manufacturing solid state batteries and other fundamental technologies which we have identified: sensing technologies, vision systems, robotics, machine learning, and AI offer us significant opportunities which we must grab with both hands. Our battery will benefit Dyson in a profound way and take us in exciting new directions. In summary, our investment appetite is undiminished and we will continue to deepen our roots in both the UK and Singapore.

Since day one we have taken risks and dared to challenge the status quo with new products and technologies. Such an approach drives progress, but has never been an easy journey – the route to success is never linear. This is not the first project which has changed direction and it will not be the last. I remain as excited about the future of Dyson as I have always been; our ambitions have never been higher, our ability to invest has never been greater, and the team has never been stronger.

I am looking forward to our future adventures together. »

(29 commentaires)

  1. Dommage, mais raisonnable.
    Dommage pour l’intérêt général, à chaque fois que Dyson sort qquch… c’est mieux !
    Raisonnable, c’est un coup à bouffer la baraque.

  2. Pourquoi ne pas s’adosser avec un grand constructeur qui cherche à développer son HdG en électrique.
    … Renault !? Par exemple, le profil de son SUV électrique évoquait un peu celui de l’Espace 5.

    1. Tu as oublié de lire cette phrase: « En effet, Dyson n’avait visiblement pas l’intention de produire lui-même sa voiture et cherchait donc un porteur pour le projet. En vain. » ? 😉

  3. Bah, c’est pas une surprise.
    Dyson nous fait le même coup que Apple et Google : d’abord prétendre travailler sur un véhicule, alors qu’en fait, il s’agissait d’un pur prétexte pour développer des technologies autour du véhicule en question, et ensuite entrer dans le marché de la sous-traitance automobile.

    1. Exactement. Entre developper une voiture et la produire en serie, il y a une enorme marche a franchir. Il a du appeler Musk ce qui a du le decourager…

      1. Bah, il faut avoir les finances suffisantes pour mettre à fonds perdu pendant 10-15 ans… Facile à le dire, pas facile à avoir les fonds pour le faire.

  4. il faut avoir les finances suffisantes pour mettre à fonds perdu pendant 10-15 ans…et c’est valable aussi pour un grand constructeur, qui de son côté se demande s’il ne faudrait pas temporiser un peu, histoire de laisser les autres se casser les dents en premier et de ne perdre de l’argent que pendant les 5 dernières années, voire les 2 dernières années, voire arriver pile poil au moment où ça décolle….

    bref, très difficile pour des simples particuliers que nous sommes de critiquer le choix que font les PDG des constructeurs, qui doivent ménager chèvre (thermique), chou (électrique ou hybride ou…) et proprio (actionnaires)

    1. Bah, c’est un peu ce que je dis.
      Vous avez plusieurs cas.
      Le cas Tesla : financement à fonds perdu depuis plus de 15 ans sans faire de bénéfices pour le moment et ils sont toujours là.
      Le cas Renault, qui à d’autres chats a fouetter avec les VT, qui ont investi des grosses sommes (peut-être trop tôt ?) au début des années 2010 et qui ont été refroidi entre-temps par le modeste succès des VE durant la décennie 2010.
      Le cas FCA, qui frôle le zéro investissement dans la VE pour donner de l’argent à ses actionnaires.
      Le cas BMW, un peu comme Renault, on démarre vite puis on freine pour ré-accélérer trop tard.
      Le cas VW Group, pour se refaire une virginité et avec la ferme attention de casser la baraque.
      Le cas PSA, prudent, qui semble démarrer avec le bon timing pour le moment du moins.

  5. L’ironie: une marque d’aspirateur qui abandonne l’idée de fabriquer une voiture…à moteur d’aspirateur 😀

      1. Et aussi une marque de pianos qui fait des voitures hybrides, à hydrogène, etc.
        Ou une marque de lames de scie et de moulins qui fait des voitures 🙂
        Ou une marque de climatiseurs, électroménager, etc qui fait aussi des voitures…
        J’ai même eu un ordinateur Daewoo…

    1. Effectivement, Dyson et Apple ont pensé que c’était facile de faire une voiture sous prétexte qu’elle est électrique et surtout ils ont pensé que les process de fabrication seraient identiques à leur business : on va voir les fournisseurs avec des cahiers des charges et des plans et on demande le meilleur prix.
      Si ça reste évidemment valable pour bon nombre de pièces d’une voiture, un constructeur automobile investit des centaines de millions d’euros dans ses propres usines pour sortir le produit final avec beaucoup d’employés dédiés à la fabrication d’un seul modèle.
      Il faut homologuer le véhicule dans tous les pays de commercialisation et le nombre de réglementations et normes à respecter est effarant pour une voiture.
      Et puis il faut un réseau de distribution (même si différent des concessions classiques), un réseau après-vente (autre que les comptoirs Darty ou Boulanger 🙂 ), un stock de pièces de rechange pour réparer rapidement les voitures en panne ou accidentées.

      1. et aussi ils s’attendaient sans doute au même marges opérationnelles, ce qui est loin d’être le cas. C’est un secteur beaucoup beaucoup plus compétitif que l’électronique grand publique.

  6. James Dyson, l’homme qui a prôné le Brexit et qui depuis est parti s’installer à Singapour. Cela donne une haute confiance dans les paroles de ces hommes qui ont toujours les moyens de s’extraire d’un guêpier sans avoir à en payer les conséquences. Je ne risque pas d’avoir un Dyson chez moi, cet homme m’en aura guéri.

  7. Tesla perd de l’argent, tous les grands constructeurs investissent des millirads dans les VE et Dyson pensait faire mieux avec moins d’argent!!!! Utopie….
    Aucun grand constructeur n’a et n’aura besoin de ces services, ni dans les voitures, ni dans les batteries. La batterie à électrolyte solide est le Graal de la batterie, mais ce Graal n’a pour l’instant pas dépassé le stade des laboratoires quelque soit les composés utilisés et là aussi penser que Dyson pourrait damer le pion a des laboratoires de renoms, c’est également de l’utopie…..
    Que Dyson retourne à ses aspirateurs, sèches-cheveux ou ventilateurs et sans faire de bruit,…….. contrairement à ce qu’il vend très chère aujourd’hui!!!

  8. et toi, comment sais tu que ce serait le bon moment, ou pas, pour avoir tant critiqué leur immobilisme, ou ce que tu penses être immobilisme (parce que pour toi, si un constructeur ne vend pas, n’a pas plusieurs modèles élect dans les concessions, alors ça voudrait dire qu’ils ne font rien)

    1. C’est tout l’art de commander !
      Ne sont-ils pas un peu payer pour ça ?
      S’ils y n’arrivent pas… Ils rejoindront l’ex PDG de BMW à la pêche.

  9. Non mais les VE ce n’est pas depuis 2010 hein.
    On ne va pas remonter au noir et blanc mais au début des années 80 (je me souviens des soirées où l’ambiance était chaude….ah non le MIA enfin la MIA c’est plus tard) on avait déjà de la voiture française électrique.
    Qui n’était achetée que par EDF GDF et la Poste sur demande de l’état….

    Des 106/Saxo électriques on en trouve encore (certains changent les packs batterie pour des plus récents et roulent au quotidien avec).
    Même avant, EDF crée un proto de R5 électrique…

    C’est quoi le bon timing ? Cela fait des années qu’on annonce le bon timing…là, certains ont compris la BIIIIIIIP de certaines lois qui favorisent les gros machins de 2,5 tonnes électriques.
    Mais, ils s’en foutent de les vendre…comme ils sont dans la gamme cela leur évite de grooooooosses amendes et leur permet de continuer de vendre de gros moteurs (leur fond de commerce).
    Bref l’investissement dans l’électrique c’est pour l’image, la com, et le financier. En vendre ? Mais LOL

    1. C’est clair que pour l’instant les constructeurs établi font tout pour vendre des VE (l’image, …) mais pas trop (préserver les marges…). On voit cependant les choses qui bougent ces derniers mois, je pense notement au groupe VW qui mise la baraque…

    2. Ben là « l’investissement dans l’électrique », c’est obligatoire maintenant !
      Ils ne vont pas vendre des autos thermiques à perte avec la taxe carbone !?

  10. L’histoire de Dyson, c’est un peu de volonté, et la chance d’avoir le bon timing

    Pendant longtemps, les aspirateurs étaient avec des sacs. C’était une manne extraordinaire pour les fabricants. L’obsolescence programmée n’était pas encore généralisée, et donc ces anciens aspirateurs duraient longtemps (souvenez vous des aspirateurs chez vos grands parents: combien ils en avaient acheté?). Les fabricants ne faisaient pas du fric dans les ventes des aspirateurs mais avec les sacs: des modèles exclusifs, différents, incompatibles les uns avec les autres. Dyson avait osé bousculé tout cela, en lançant un modèle sans sac. Et comme il était le premier, et le seul pendant quelques temps, alors le succès était fulgurant

    Pendant longtemps, les moteurs électriques étaient simples, mais gros, et pas très puissants. C’était des gros aspirateurs à traineau. Quant aux batteries, leur capacités étaient très faibles. Les aspirateurs à main étaient tout juste assez puissant pour aspirer des miettes de pain sur une table lisse, et pour quelques minutes d’autonomie.

    Dyson est un type qui ose. Lorsque les super aimants étaient disponibles, il avait osé équiper ses aspirateurs de ces composants. Idem avec les batteries ithium. Comme Dyson était une jeune société, ce timing avait été parfait (parce que 50 ans plus tôt, oser ou pas, il ne pouvait pas faire mieux que les autres Bosch, Siemens et consort). Et donc Dyson avait encore gagné son business avec des aspirateurs très compact (ces aspirateurs balai), et ses modèles à main pouvaient aspirer sur les canapés et tapis, et pendant plus longtemps que ceux des autres concurrents des années plus tôt (avec la vieille technologie existante en leur temps)

    Le melon est là, et Dyson pensait pouvoir se lancer dans la voiture électrique avec succès, tout comme il avait réussi à révolutionner les aspirateurs. S’il avait réussi avec les aspirateurs, c’était parce qu’il avait osé mettre des nouvelles technologies, MAIS ce ne sont pas SES technologies: il se fournit en aimant néodyme et batterie lithium, comme tout le monde, se fournir chez les Chinois notamment. Et cette fois ci donc, pour la voiture électrique, il n’a aucune avance, en temps ou en technologie, tout en ayant des années de retard dans le domaine automobile, dans l’expérience engineering.

    Bref, à part pour les geeks ou ceux trop enthousiasmés par 3x rien, sinon c’était mort d’avance. Les mastodontes comme VW ou Toyota font des bénéfices autour de 10 milliards par an, en moyenne, et ce tout en ayant déjà investi. Il suffit qu’ils changent la nature de leur investissement (annuler le développement du prochain moteur diesel et développer une motorisation électrique à la place…), voire faire un effort supplémentaire (facile quand on fait 10 Mds de bénéfice). Et en moins de temps qu’il faudra, ils vont rattraper tout leur retard, et dominer le marché…et tant pis pour ces start up, les doux rêveurs….

    ex: le marché bio existe depuis longtemps, mais représentait peanut. Des gens se sont lancés sur ce segment, mais la taille ne dépassait pas celle d’une petite épicerie. Les grandes surfaces n’ont même pas bougé le doigt….MAIS ils surveillaient la tendance. Et lorsque cette clientèle fut assez nombreuse, alors les Carrefour, Auchan et consorts ont déployé leur savoir faire, leur matrise de la chaine de distribution, leur maitrise de la chaine d’approvisionnement, et leur puissance financière. Et en l’espace de quelques années, ils ont déjà accaparé la moitié du marché bio. Et de ceux qui se lançaient dans le bio au début, la plupart sont déjà morts lorsque ça se bousculait dans ce business. Ce sera pareil en automobile et les mastodontes s’en sortiront, sans l’aide de ces « entrepreneurs avant l’heure » (parce que tout le monde ne commet pas l’erreur de Kodak envers le numérique)

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