Journée test des 24H du Mans 2019 : de la nécessité d’ajustements techniques

Ce weekend, les 24 heures du Mans 2019 commencent à prendre corps. Si la course n’a lieu que dans 15 jours, ce sont les vérifications techniques et la journée test.

La journée test offre aux différentes équipes un temps de roulage fort appréciable pour  valider les choix techniques et affiner les réglages particuliers sur un circuit aussi typé que celui du Mans. Les pilotes ne boudent pas leur plaisir d’effectuer leurs gammes sur ce tracé unique au monde. Les responsables techniques de l’ACO et de la FIA -quant à eux- ne manqueront pas de travail, pour tenter d’ajuster au mieux l’Equivalence de Technologie dite « EoT » (Equivalence of Technology).

A la recherche d’une équivalence impossible

Si initialement, cette formule fut établie pour permettre aux prototypes à moteur diesel de se mesurer équitablement aux voitures  à moteur essence dans une même catégorie, les choses ont pris un tour plus compliqué encore avec une concurrence en apparence fort dissymétrique, entre les hybrides (les 2 Toyota officielles) et les non –hybrides (écuries privées).

C’est d’ailleurs ce qu’explique très bien Thierry Bouvet, le directeur technique de l’ACO :

« Aujourd’hui, du fait des règlements techniques différents entre les LMP1-H et les LM P1-NH (aérodynamique, poids total de la voiture…), et au sein même des LMP1-NH (suivant qu’ils soient mus par des moteurs atmosphérique ou turbo), nous avons opté à nouveau pour une EoT. L’EoT en LMP1 est ainsi finalement constituée de deux Equivalences De Technologies : l’équivalence entre les voitures hybrides et non-hybrides, puis l’équivalence entre les voitures non-hybrides à moteur atmosphérique et turbo. De plus, il existe une EoT adaptée pour les circuits WEC et une autre pour les 24 Heures du Mans, (atypique du fait de la typologie du circuit et aussi du facteur hybride différent entre les circuits WEC et le circuit du Mans). La règle étant posée, vous comprenez la complexité de toutes les facettes de l’EoT. »

Globalement, on constate, que même si l’équité a été recherchée avec ces ajustements savants, le public aurait souhaité assister à des courses plus disputées entre hybrides et non-hybrides. Il faut bien reconnaître que les 4 roues motrices et les suspensions très évoluées des Toyota garantissaient -presque de fait- une supériorité des usines par rapport aux écuries privées.

Qu’en sera-t-il pour les 24 heures, Monsieur Bouvet ?

« Nous avons publié l’EoT pour la journée test du Mans et nous avons laissé les paramètres physiques pour les voitures non-hybrides au potentiel maximum (puissance moteur et masse voiture). De plus, la Toyota sera 10 kg plus lourde que l’année derrière pour la course du Mans. Nous étudierons pendant la journée test les consommations, afin de pouvoir calibrer les différentes quantités d’essence pour la course. La performance des voitures sera très proche en termes de temps au tour. »

On voit bien l’importance de cette journée test quant à l’incidence sur les paramètres qui seront réétudiés avant d’être redéfinis et imposés pour la course.

Des bagarres sublimes

De fait, cet équilibre quasiment introuvable pour les autos de la catégorie « reine » des LMP1, conduit tout naturellement le public à reporter son engouement vers les LMP2, où les autos sont mues par un même type de moteur : Gibson, pour trois constructeurs de châssis : Oreca/Alpine, Ligier et Dallara.

Pour la catégorie LMGTE, comme toutes les voitures ont recours à la même technologie, il n’est pas besoin de recourir à l’ EoT. Par contre, un calcul du rapport poids/puissance permet d’équilibrer la Balance de Performance ou BoP. Si les règles de calcul sont automatiques pour tous les circuits du championnat du monde, pour tenir compte de la spécificité du circuit des 24 heures, les officiels AO/FIA prendront en compte : l’analyse de la course du Mans de l’année précédente, le comportement des constructeurs entre la journée test et la course de l’année précédente et l’analyse de l’amélioration de performance pour les nouvelles voitures depuis la course du Mans de l’année précédente, pour définir la nouvelle BoP.

A l’évidence, techniquement la journée test, est source de données hautement précieuses pour tenter de garantir la plus grande équité possible en vue de luttes sportives aussi indécises que spectaculaires, lors de cette course des 24 heures, dont tout le monde s’accorde à dire qu’elle est unique et toujours superbe.

Alain Monnot

Photos : Toyota et Thierry Coulibaly

(5 commentaires)

  1. Quelle stupidité cette EOT ! Cela fausse les résultats et le travail des ingénieurs sur la conception de l’ auto .

  2. Avec cet EOT, les 24h ne sont plus les 24h .
    Allourdir et handicaper le seul constructeur n’est pas la solution .
    Encore qu’il yai une equivalence atmo / turbo voire hybride, ok.
    Apres, c’est le reglement qui est mal fait.

  3. Que d’artifices… compliqués qui plus est. Le public ne veut pas le spectacle à tous prix, Le Mans n’est pas la NASCAR ! Cela fausse la donne. Au Mans, c’est normalement le meilleur qui gagne, après il y a divers classements basés sur les équivalence. à quoi bon travailler pour voir son boulot réduit à néant par un règlement qui ne respecte pas l’excellence et le travail des ingénieurs ?

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