Brexit : les constructeurs automobiles allemands s’alarment

Les constructeurs britanniques ne sont pas les seuls à redouter les affres du Brexit. Leurs homologues allemands s’alarment eux aussi des possibles conséquences d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord.

Des conséquences fatales selon les constructeurs allemands

Les constructeurs automobiles allemands ont mis en garde mercredi contre les conséquences d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans avoir préalablement réglé les modalités techniques de leur divorce.

« Les conséquences d’un » non-accord « seraient fatales », s’est ainsi alarmée la VDA, association de l’industrie automobile allemande, à l’issue du vote.

Ce cri d’alarme voit le jour alors que l’’accord promu par la Premier ministre britannique Theresa May pour la sortie du Royaume-Uni de l’UE a subi une défaite écrasante au parlement mardi dernier. Laissant l’avenir du pays dans le flou et des constructeurs prêts à affronter ce qui constitue à leurs yeux le “pire scénario”, selon le terme même employé par BMW : un Brexit sans accord.

«Sans une solution ordonnée, pratique et concrète pour les entreprises, des emplois dans l’industrie automobile, en particulier du côté britannique, sont en jeu » ont fait savoir les constructeurs allemands.

Appel à des échanges exempts de droits de douane

Prévoyant qu’une telle situation conduise à des pertes d’emplois outre Manche et sur le continent européen, BMW, Volkswagen et Daimler, société mère de Mercedes-Benz, ont par ailleurs appelé les politiciens britanniques à clarifier le Brexit et à redoubler d’efforts pour qu’un commerce exempt de droits de douane puisse continuer.

«Nous exhortons toutes les parties prenantes concernées à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour établir la certitude dont nous avons tant besoin pour notre entreprise et pour maintenir le commerce véritablement sans friction sur lequel repose notre réseau de production international», a déclaré BMW.

Les enjeux liés au libre échange également importants pour l’Allemagne

Certes, le Royaume-Uni serait le premier à pâtir de la perte du libre-échange avec les marchés européens, 80% des véhicules assemblés dans le pays étant exportés, et qui plus est, principalement vers l’Union européenne. Mais pour l’Allemagne, les enjeux sont également importants.

En 2016, le marché britannique représentait le plus grand marché d’exportation des constructeurs automobiles allemands. Lesquels avaient y vendu 800 000 véhicules neufs au pays de sa Majesté, soit 20% de leurs exportations mondiales totales. Les groupes automobiles allemands exportent des volumes moindres vers la Chine et les États-Unis, étant dotés de capacités de production dans ces deux pays.

Volkswagen confronté à l’absence de site industriel VW au Royaume-Uni

Les droits de douane constituent particulièrement un problème pour les constructeurs à bas volume et à forte marge comme Toyota, qui a une usine à Derby, et Nissan qui dispose de sites de production à Sunderland, mais également pour Volkswagen qui n’a pas d’usine au Royaume-Uni et qui compte sur les importations pour servir ses clients britanniques.

« Nous avons pris note avec regret des résultats du vote au parlement britannique », a déclaré pour sa part Volkswagen.

«Cela représente une nouvelle phase d’incertitude et entrave notre capacité à planifier. Nous et l’ensemble du secteur avons besoin de clarifier la nature des relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Chaque nouveau retard dans le processus de décision du Brexit met en péril les investissements et les emplois », a déclaré VW.

Craintes d’un blocage au niveau logistique

BMW, qui assemble 60% de ses Mini dans une usine à Oxford, dans le sud de l’Angleterre, dépend largement des composants importés des usines allemandes de BMW. En préparation du Brexit, Il a renforcé sa procédure logistique pour y inclure des options de fret aérien.

Daimler a déclaré de son coté que son objectif était de garantir que les marchandises puissent continuer à entrer et à sortir du Royaume-Uni rapidement après le Brexit.

Sources : Reuters, VW, BMW, Daimler

(16 commentaires)

  1. Mini, BMW, Audi, VW et Mercedes ont profité de ce marché automobile qui vend à outrance en leasing ou aux banques qui font des location longue durée …

    Vauxhall, Ford, Nissan et Peugeot ont trinqué de cette concurrence au RU.
    Avec une sortie sans accord avec l’UE, c’est un eldorado qui pourra s’ouvrir pour l’industrie automobile chinoise!

    1. ah bon SAM

      Que les sociétés de leasing achètent des voitures aux constructeurs et qui ensuite les louent aux particuliers, aux entreprises, je vois bien ce que c’est

      Mais en revanche, que les banques achètent à outrance des voitures aux constructeurs!!??? Il faudrait que tu nous expliques ce principe….
      Pour un week end, ou un mois, ou plus, si j’ai besoin d’un gros break, alors comme presque tout le monde j’irai en louer chez Avis, Hertz, Europcar, ou chez les sociétés de leasing… Mais toi SAM, tu vas chez qui? Crédit Agricole, Caisse d’Epargne, BNP Parisbas???

    2. oui mais voilà, quand un problème touche un constructeur lambda, on ne fait rien, mais quand cela touche un constructeur allemand, là, on va tenter de faire quelque chose !

      1. C »est pour ca que l’Allemagne, donc l’Europe, refuse de taxer les GAFA. Par peur de represailles pour leurs exportations automobiles aux US

  2. « les constructeurs à bas volume et à forte marge comme Toyota, qui a une usine à Derby, et Nissan  » N’est-ce pas plutôt des constructeurs à FORT volume et FAIBLE marge ?

  3. A part pour des raisons fiscales ou bien peut être aussi un jeu sur les taux de change euro/£/Usd, j’ai jamais compris l’intérêt de mettre une usine sur l’île britannique (cout & pb logistique) Vs l’Europe occidentale. Si qqun connait l’intérêt éco/technique ?

    1. Il y avait des constructeurs britanniques, donc leur présence est logique.
      Et les iles britanniques sont un assez grand marché, la main d’oeuvre est qualifiée, il y a un savoir faire automobile reconnu dans le monde entier, la politique économique est plutôt libérale. On peut faire un parallèle avec l’Allemagne d’avant guerre grande puissance automobile, et après guerre la RDA n’a pu produire que la trabant et la wartburg, 2 modèles pitoyables qui n’ont pas évolué, incomparable avec la production de la RFA. La politique économique peut tout détruire. Je ne sais pas si le Brexit détruira tout, mais je suis certain qu’il ne va rien améliorer

  4. ça ne change rien que les entreprises de leasing appartiennent à des banques. Le prix de TOUTES les voitures va augmenter au Royaume Uni dès qu’il y a aura des restrictions sur le commerce avec l’UE : frais de douane, normes divergentes, plus de libre circulation des capitaux, temps de transport (donc cout de transport). Le marché automobile du RU va donc diminuer

  5. Si 80% de la production était exportée, c’est l’occasion de relocaliser la production plus près du consommateur et donc réduire la pollution.

    Ceux qui souhaitent voir crever les gens qui font quelques kilomètres quotidiens en voiture pour travailler devraient aimer.

    Peut-être devrions nous faire adhérer à l’UE les USA, le Mexique, la Chine et tous les autres pays qui abritent des usines allemandes aux même conditions que le RU.

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