A couteaux tirés
Carlos Sainz avait bien débuté la saison avec une victoire solide au Monte-Carlo. Il n’avait remporté qu’une seule autre course, en Nouvelle-Zélande, mais avait fait jouer son expérience avec une belle régularité : 1 seul abandon et 5 secondes places, un peu à la manière de Piquet en 1987. Mäkinen de son côté avait connu un début de saison délicat, avec 1 seule victoire (Suède) et 4 abandons sur les 6 premiers rallyes de la saison ! Mais dans la seconde phase du championnat, le finlandais était revenu comme une balle avec 3 victoires de rang (Finlande, Italie, Australie). Ainsi, à l’entame du RAC Rally, Mäkinen compte 58 points contre 56 à Sainz.
Le début du rallye est survolé par McRae, mais le premier rebondissement se produit dans la 6ème spéciale, lorsque Tommi Mäkinen heurte un bloc de béton sur un freinage trop tardif et une glissade trop appuyée. Le choc lui arrache sa roue arrière droite. Les images sont incroyables : dans des gerbes d’étincelles incessantes, le finlandais continue de rouler de manière spectaculaire sur 3 roues et se fait doubler par Sainz, jusqu’à ce que les forces de l’ordre l’obligent à s’arrêter par sécurité et donc à abandonner (pas de Super Rallye à l’époque !) Sainz peut donc se contenter de la 4ème place pour être titré et la situation paraît encore plus favorable lorsque McRae doit renoncer à son tour sur panne moteur. Quand les journalistes demandent à l’espagnol d’évaluer ses chances, Sainz répond dans une franche rigolade « 99% Sainz, 1% Mäkinen » …
Pour si peu…
Margam Stage, 28e et dernière spéciale. Richard Burns, l’équipier de Mäkinen, caracole en tête du rallye devant les Ford Escort (qui tirent leur révérence, remplacées dès 99 par la Focus) de Juha Kankkunen et Bruno Thiry. Sainz est 4e, avec plus de 2 minutes d’avance sur la Subaru de Grégoire de Mevius. Serein. 500 mètres de l’arrivée. Les caméras filment l’arrivée de la Toyota Corolla de Sainz, à quelques encablures du finish, mais roulant assez lentement. Et soudain, de la fumée sort du capot ! Sainz stoppe la voiture, son équipier Luis Moya sort et se rue sur les extincteurs pour asperger le moteur. Sainz essaie de redémarrer, sous les hurlements et les jurons de Moya qui trépigne et n’en croit pas ses yeux. Rien à faire, la Corolla reste scotchée sur place et fumante. Bruno Thiry passe en trombe avec sa Ford et n’en revient pas quand les journalistes le questionnent à l’arrivée. Après des centaines et des centaines de kilomètres de lutte intense aux quatre coins du globe, Sainz perd le championnat à quelques centaines de mètres de l’arrivée. La Corolla en sera quitte pour une lunette arrière brisée, transpercée par le casque de Luis Moya jeté avec rage.
Et Tommi Mäkinen ? Ce dernier est en train d’être interviewé sur son abandon, valises prêtes, lorsque son portable sonne. A bout du fil, on lui annonce l’incroyable nouvelle. Mäkinen répète ce qu’il entend comme pour mieux y croire : il est bel et bien champion du monde. On n’avait jamais vu un tel dénouement.
Quel souvenir!…ainsi que la malchance de Didier Auriol lors du championnat 1992.
Ah oui quand même….comme quoi le mans 2016 n’était pas une première
Merci pour l’aide à la réminiscence. Bon récit à réitérer encore pour les jeunes générations !
2 ans plus tôt, Sainz avait cote d’enfer. Sa subaru était assaillie de voyeurs à chaque arrivée au parc ou assistance au Mte Carlo.
Mäkinen était inconnu du Gd public. j’étais allé le voir sur le parcours, managé qu’il était par le Gd Bjorn Waldegard ( pull rouge Toyota). Mäkinen décloutait une roue de la Mitsu . Bjorn le doigt dirigé vers le pilote Mitsu courbé sur Sa Roue :
« LUI: Il est fantastique ! » ( 6 titres quand même pour confirmer dont le 1er en 96 cette année là) – Il n’y avait personne près de la caravane pour entendre ça que moi et 1 ami.
Merci au 2 Grands champions .
Evidemment que Carlos Sainz, opiniâtre talentueux , lui ,est toujours une légende.
Je me souviens encore des larmes de Carlos Sainz appuyé sa voiture après avoir en vain essayé de la pousser jusque l’arrivée. Toyota ont une compétence spéciale pour perdre devant la ligne d’arrivée: Le Mans, WRC…
« 28e et dernière spéciale »… Ca fait réfléchir quand à l’évolution des rallyes.