Une équipe qui a fait ses preuves en GT
C’est cela qui est le plus intéressant dans l’affaire : la Scuderia Corsa est fondée en 2011 par Giacomo Mattioli, concessionnaire Ferrari et Art Zafiropoulo, propriétaire de Ferrari-Maserati Silicon Valley. L’équipe a engagé des 458 Italia puis des 488 GTE et GT3 dans divers championnats comme le Pirelli Challenge, le Ferrari Challenge Nord-américain mais aussi en IMSA et en United Sports Car, avec plusieurs titres de catégorie. L’équipe s’est aussi engagée aux 24 heures du Mans et a remporté la catégorie LMGTE-AM en 2016. La Scuderia Corsa, dont le nom intégral ajoute « Racing with Ferrari » est donc une référence du cheval cabré aux États-Unis et elle a sauté le pas de la monoplace en 2018, alignant en partenariat avec Rahal Letterman une monoplace à l’Indy 500 pour Oriol Servia.
En 2019, la Scuderia Corsa monte donc en puissance, s’associant au Carpenter Racing pour une saison complète, avant d’envisager peut-être un engagement autonome dès 2020. L’investissement en Indycar d’une structure autant liée à Ferrari ravive les rumeurs sur l’arrivée éventuelle du cheval cabré en Indycar, alors que la discipline prépare, comme en F1, l’arrivé d’une nouvelle règlementation moteur pour 2021. L’actuel moteur V6 Biturbo de 2,2l de cylindrée et 750 chevaux (60 chevaux supplémentaires avec le Push-to-Pass.) serait remplacé par un V6 BiTurbo non-hybride de 2,4 litres de cylindrée, avec une puissance annoncée à 900 chevaux (avec le Push-to-pass) et une zone rouge à 12 000 trs/min. Ce changement règlementaire vise clairement à attirer de nouveaux motoristes aux côtés de Honda et Chevrolet. Les motoristes nippon et américain maintiennent leur engagement mais ils souhaiteraient de nouveaux constructeurs pour réduire les coûts de production des unités de puissance. Après le fiasco Lotus, qui s’était associé à Judd mais dont le moteur fut un énorme ratage, c’est Cosworth qui s’est montré intéressé, mais à condition de lier son programme à un constructeur.
Indycar et F1, même combat pour 2021
Cette coïncidence entre l’approche d’une nouvelle génération de moteurs et l’arrivée de la Scuderia Corsa jetterait donc les bases d’arrivée à moyen terme de FCA en Indycar. L’implication de Ferrari, investie à fond en F1, semble peu plausible, mais celle d’une autre marque du groupe l’est. En début d’année encore, Sergio Marchionne avait déclaré aux médias « réfléchir » à l’engagement d’Alfa Romeo en Indycar, pour soutenir sa stratégie de reconquête du marché américain. On sait aussi que les dirigeants de l’Indycar ont multiplié ces derniers mois les rencontres avec des constructeurs européens pour les convaincre de venir. Cette idée d’Alfa Romeo n’est pas nouvelle et circule déjà depuis quelques années. Cosworth a manifesté également son intérêt pour l’Indycar mais à condition de lier son investissement à un constructeur, mais sans succès pour l’instant. Le manufacturier anglais s’était ensuite rapproché d’Aston Martin pour évoquer un éventuel projet F1 à l’horizon 2021, mais nous savons maintenant que cela est tombé à l’eau.
Rappelons qu’Alfa Romeo a déjà été présent en CART entre 1989 et 1991. Après l’arrêt du programme F1 en 1987 (Les moteurs Alfa qui équipaient Osella furent rebadgés du nom de cette même équipe, afin de ne pas entacher la réputation du Biscione), Alfa Romeo avait repris à son compte un moteur V8 Turbo qui avait été développé initialement par Ferrari pour son projet de Formule Indy.
La Ferrari 637 était en effet un concept sérieux qui avait germé courant 1986 dans la tête d’Enzo Ferrari pour tenter l’aventure d’Indianapolis, après quelques tentatives dans les années 50 avec des 375 modifiées. Le projet Ferrari, malgré des essais rapprochés avec Michele Alboreto et Bobby Rahal, n’avait pas abouti mais Alfa Romeo avait pris la relève, en collaboration avec March pour le châssis. Les résultats n’avaient cependant pas été probants, avec quelques maigres accessits.
Source : Indycar.com, fcaauthority, fcaheritage