4 ans déjà que Jules Bianchi a eu cet accident à Suzuka qui lui sera fatal quelques mois plus tard. Ce weekend, plusieurs jeunes pilotes comme Leclerc, Gasly ou d’autres vont vivre un GP riche en émotions.
Il y a 30 ans, Ayrton Senna décrochait le premier de ses trois titres mondiaux sur cette piste de Suzuka. Cette piste, elle en a vu des accidents, et des mortels. Que ce soit à moto – Daijiro Kato en 2003 par exemple – ou en voiture comme Jules Bianchi en 2014. Ce circuit est un mélange de sentiments pour les pilotes. A la fois de la crainte, mais aussi de l’envie.
En 2014, la F1 de Bernie Ecclestone se fiche du typhon annoncé et maintient l’heure du départ au lieu de l’avancer d’une heure. La pluie s’abat sur le circuit et Sutil se sort. Une dépanneuse entre alors sur le circuit mais la course n’est pas neutralisée. Bianchi et sa modeste Manor roule sur une rigole d’eau créée par les pluies intenses. La voiture entre sur l’herbe et file tout droit vers cette foutue dépanneuse. Le choc à la tête est violent. Jules ne s’en remettra pas.
La FIA et la FOM se dédouanent joyeusement dans une « enquête » hypocrite. Jules est mort, c’est de sa faute selon la FIA, pas celle d’une direction de course qui laisse un engin à quelques mètres de la piste sans voiture de sécurité. « Tant pis », il servira la cause du Halo. Les responsables sont toujours en poste et ce weekend, un typhon est annoncé sur le Japon. Même s’il est loin de Suzuka, pluie et rafales de vent seront au programme des qualifications.
Un circuit comme on aime
Le circuit de Suzuka a été conçu au début des années 60 par John Hugenholtz. Le designer hollandais a à son palmarès Zandvoort, Jarama ou Zolder. Son climax est sans aucun doute ce circuit en 8 (la piste se croise NDLA). Tout d’abord piste d’essai de Honda, le circuit accueille officiellement la Formule 1 depuis 1987 pratiquement sans discontinuer.
Il n’y a qu’en 2007 et 2008 que le grand barnum de la F1 ira à Fuji selon la volonté de Toyota. Le circuit n’a été que peu modifié au cours des années. On notera surtout le dernier virage rapide qui conditionnait la ligne droite des stands qui a été transformé en chicane. Chicane elle-même modifiée pour la rendre un peu plus rapide.
Le circuit a aussi la particularité d’avoir des murs de protection très proches de la piste à plusieurs endroits. Les enchaînements des virages 1 à 7 sont très difficiles. En fait, ils se passent « facilement », mais y passer à la limite relève de la gageure tant il ne faut pas se rater d’un millimètre. On noter aussi dans les « morceaux de bravoure » le « spoon » (virages 13 et 14) ainsi que le « R130 » (virage 15) qui se passe « à fond »…sur console uniquement.
Théâtre de bastons mémorables
Pendant longtemps, Suzuka sera le théâtre d’explications pour le titre mondial. Avant-dernière ou dernière épreuve du championnat, on se souvient du titre mondial de Senna en 1988, ou de la double confrontation Prost-Senna en 1989 et 1990. De nombreux titres sont attribués à Suzuka comme ceux de Häkkinen, ou le troisième de Schumacher, le premier d’un pilote Ferrari depuis 1979 et Scheckter.
Cette saison, Suzuka n’est pas en avant-dernière position. Après le GP du Japon, il restera 4 autres GP à disputer et 100 points à attribuer. Avec 50 points d’avance, Hamilton ne peut pas être titré ce weekend. En revanche, il peut définitivement « tuer le championnat » s’il arrive à faire mieux ou aussi bien que Vettel.
Les 4 saisons dernières, on a vu une Mercedes l’emporter, et 3 fois Hamilton. L’an dernier, Vettel a dû abandonner dès les premiers tours sur un ennui moteur. Cette année, le moteur Ferrari a rattrapé son retard et a même été un moment devant le Mercedes. Jusqu’à, apparemment, la pose d’un second capteur de contrôle de la partie hybride par la FIA (*). Depuis Singapour, la Ferrari semble de nouveau très légèrement en retrait.
Mercedes, encore ?
Pour Mercedes, il faut vite faire oublier l’épisode de la consigne. Consigne dans laquelle Bottas a rangé son amour-propre et ses ambitions personnelles. Ce weekend, les meilleurs ennemies de Mercedes pourraient bien être les Red Bull. Même si elles ne disposent pas encore du « merveilleux » moteur Honda que Verstappen, Horner et consort appellent de leur voeux, elles devraient être à l’aise avec leur châssis « made in Newey ».
Derrière, on devrait voir une bataille Haas / Racing Point. Renault, Toro Rosso, McLaren ou Williams vont encore vivre un weekend compliqué. A moins que la pluie ne rebatte les cartes et offre une grille bouleversée et des remontées folles comme celle de Verstappen en Russie ? Premier élément de réponse demain avec les qualifications. Les qualifications débutent à 8h samedi 6 octobre heure de Paris, la course à 7h10, dimanche.
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(*) Selon les rumeurs du paddock de Formule Un, Ferrari aurait trouvé un moyen d’utiliser une « zone grise » du règlement pour pouvoir gagner 20 chevaux en qualification en utilisant intelligemment la partie hybride. La batterie de la Ferrari est en fait constituée de deux batteries. L’une est reliée au MGU-H (système de récupération d’énergie par les gaz d’échappement) et l’autre au MGU-K (récupération d’énergie cinétique). En ayant 2 batteries au lieu d’une, on peut relancer le turbo électriquement, tandis que l’on continue d’emmagasiner de l’énergie par le MGU-K. Sur les données GPS, on voit les Ferrari ressortir plus vite des virages.
Illustration : Suzuka Circuit
L’accident de Jules aux conséquences terribles. La direction de course n’a pas fait son travail car la course aurait du être neutralisée. C’est une honte pour les dirigeants de ce sport qui n’ont pas assumé leurs responsabilités. Il y a bien eu erreur humaine mais personne n’assume.
Bon article. Triste.