De Christine à Retour vers le futur, les véritables stars automobiles du cinéma sont nombreuses, et nous en avons eu un (petit) aperçu durant notre saga de l’été qui s’achève aujourd’hui. Mais combien de film portent le nom d’une marque automobile ? Bien peu. Citons Pink Cadillac, Tucker un homme et son rêve, l’Homme à la Rolls ou encore la série Mr. Mercedes. Nous avons choisi La défense Lincoln, tiré du roman éponyme de Michael Connelly. Le film met en scène une Lincoln Town Car de 1986, voiture, et bien plus en fait de l’avocat Mickey Haller (Matthew McConaughey). La Town Car noir est présente tout au long du film, dès que l’avocat de Louis Roulet (Ryan Philippe) se déplace.
Par rapport aux autres films prenant leur nom d’une voiture, celui-ci est bien particulier. En effet, suite à celui-ci, Matthew McConaughey deviendra l’égérie de Lincoln dans plusieurs publicités…
Town Car ou Continental ?
Comme bien souvent, la Town Car a effectué ses débuts en tant que dérivé d’un autre modèle. En l’occurrence la Continental, qui fut jusqu’au début des années 80 le sommet de la gamme Lincoln. Et la version Town Car le sommet de la famille Continental. Ce fut ainsi le cas de 1969 à 1980. Le nom de Town Car peut sembler inapproprié vu les dimensions de l’engin. Il remonte en fait aux débuts de la carrosserie automobile. Les grandes limousines avec un compartiment fermé pour les passagers et ouvert pour le chauffeur étaient ainsi des « Coupé De Ville ». De Ville devient donc Town Car chez certains carrossiers américains, et Lincoln reprend cette appellation… face au DeVille de Cadillac !
La Continental Town Car apparaît sur la 5ème génération de Continental, pour l’année modèle 1970. Elle se distingue, entre autres, de la version classique en par son toit en vinyle. Et le coupé Continental propose quant à lui la version Town Coupé.
En 1980, une nouvelle génération de Continental apparaît. Plus compacte (5m56 contre 5m92…), elle repose sur la plateforme Panther, partagée avec les Ford LTD et Mercury Grand Marquis. La gamme comporte à nouveau la Continental, la Continental Town Car et la Continental Town Car coupé (et non plus Town Coupe). Mais en 1981, Ford révise complètement sa stratégie. Les Continental et Continental Town Car sont trop proches. Le nom de Continental disparaît donc pour le millésime 1981, et le modèle devient simplement Town Car. En 1982, le coupé disparaît, alors qu’une nouvelle Continental, plus « compacte », apparaît pour s’opposer à la Cadillac Seville.
La Town Car, ou Continental Town Car à son lancement, marque une nette évolution pour Lincoln. Par ses dimensions déjà, elle s’inscrit clairement dans une nouvelle génération de voitures, avec pour ambition de réduire les consommations. Son style très anguleux avec ses arêtes vives est une évolution de la précédente génération. Mais la nouvelle venue arbore à présent des phares fixes, une première pour une grande Lincoln depuis 1969, ainsi que des portes avec cadre. Les chromes disparaissent du sommet des ailes avant, mais habillent la totalité des bas de caisse. Trois types d’habillages sont proposés : un toit entièrement habillé de vinyle en série sur les modèles d’entrée de gamme, l’habillage de la moitié du toit sur les versions haut de gamme Signature et Cartier. Les modèles de base ou Signature peuvent aussi recevoir un habillage (plus rare) évoquant un cabriolet, et supprimant la petite vitre de custode. La Town Car conserve encore une lampe sur le pied B.
En 1985, un restylage fait surtout évoluer l’arrière. Les feux s’inclinent légèrement, et la malle est plus intégrée pour faire disparaître l’effet « ailerons » des ailes, dépassé.
Son moteur est un V8 5.0 à injection (carburateur au Canada jusqu’en 84), qui développe 130 ch. En 1986, une nouvelle injection séquentielle arrive et le moteur passe à 150 ch.
Deuxième et troisième générations
En 1989 arrive sur le marché la seconde génération de Town Car, avec une ligne actualisée par l’introduction de quelques rondeurs. Les toits en vinyle sont toujours disponibles, mais uniquement en option et se feront de plus en plus rares. Alors que la Cadillac Fleetwood est passée à la traction (jusqu’en 1993), la Town Car reste fidèle à la propulsion, et continue à exploiter la plateforme Panther. Elle reste une des préférée des constructeurs de limousines. Ses ventes restent au beau fixe jusqu’au milieu des années 90 avec plus de 100 000 unités quittant l’usine de Wixom chaque année.
Mais la troisième génération, toute en rondeur selon les codes stylistiques de Ford à l’époque, plonge. Lancée en 1998, elle trouve moins de 85 000 clients en 1999, soit moins que la dernière année du modèle précédent. Puis c’est la chute progressive : 60 000 unités en 2002, 47 000 en 2005, 26 000 en 2007… C’est que dans le même temps, Ford s’efforce de pousser les autres marques haut de gamme de son « Premier Automotive Group », Jaguar et Volvo. Lincoln en fait donc les frais. De 2009 à 2011, les ventes se stabilisent autour de 10 000 unités. Principalement des flottes de voitures avec chauffeur. Ils resteront les derniers clients fidèles à cette grande berline devenue anachronique, et techniquement obsolète par rapport à la concurrence européenne ou japonaise.
La Town Car a finalement survécu à la fermeture de l’usine de Wixom en 2007, site historique de production de la plupart des Lincoln depuis son ouverture en 1957. Le 31 mai 2007, le dernier modèle assemblé à Wixom est une Town Car. Ford avait prévu de mettre fin à sa production, mais a finalement prolongé sa carrière pour satisfaire le marché des limousines et voitures avec chauffeur. Les derniers exemplaires seront donc assemblés à St Thomas au Canada (Ontario), avec les autres modèles Panther. La dernière Town Car est produite le 29 août 2011. Le 15 septembre, une Ford Crown Victoria marquera la fin de la production de l’usine de St Thomas, et la fin de la plateforme Panther.
Voiture présidentielle ?
La Town Car est souvent imaginée, ou représentée, comme voiture présidentielle. Si elle a longtemps été une des principales bases de création de limousines, sa première génération a en effet été limousine présidentielle. Elle remplace ainsi en 1989 la Cadillac Fleetwood 1983 de la présidence Reagan (qui avait remplacé une Lincoln Continental de 1972). Mais elle aura en réalité une durée de vie bien courte. Utilisée par George Bush (père), elle sera remplacée dès 1993 par une nouvelle Cadillac Fleetwood, pour les deux mandats de Bill Clinton. Cette Town Car est la dernière Lincoln présidentielle à ce jour, et a intégré le musée de la présidence Bush.
Néanmoins, la Town Car a eu d’autres honneurs présidentiels par la suite… en Chine. La seconde génération est ainsi devenue la Hongqi CA7465, et la troisième Hongqi CA7460, en version standard ou limousine. Sous ces noms, elle a servi pendant plusieurs années de voiture d’état en Chine…
Illustrations : Lincoln / FAW / Captures du film
L’été 88, j’étais aux Etats-Unis où un cousin avait loué une Town Car… Une vraie américaine, grande, très exotique pour nous. Et un équipement qui m’épatait : non, pas la clim, déjà standard sur n’importe quelle petite japonaise là bas, mais le régulateur de vitesse, avec possibilité d’accélérer et de freiner depuis le volant.
Il y avait aussi beaucoup de limousines en version très allongée de ce modèle.
Le rapport poids-cylindrée-puissance des Lincoln Town Car, Mercury Grand Marquis et Ford Limited/Crown Victoria des années 70-80 était vraiment ridicule par rapport à leurs concurrentes directes de GM et Chrysler dont les plus grosses cylindrées tutoyaient les 320-350 chevaux, difficile de croire que des moteurs de 5L, (6L et 7.5 L de cylindrée pour les modèles les plus puissants avant l’application des nouvelles normes anti-pollution) dépassaient à peine 210 chevaux chez l’ovale bleu, j’imagine la consommation démentielle sur de tels paquebots sous motorisés.
Cette relative anémie n’était pas l’exclusivité de Ford / Lincoln. Toutes les américaines post ‘73-74 avaient des puissances spécifiques très faible, du fait de systèmes de dépollution relativement complexes. A partir de 1976, le 8.3L Cadillac sortait 190ch. Le 4.9 turbo des trans am dépassait à peine les 200ch.
Même une Ferrari 308 sortait tout juste 200ch sur le marché US, contre 255 en Europe.
De mémoire, au début des années 80, la voiture la plus rapide sur le 0-100 disponible aux USA le faisait en 7s, ce qui n’était pas glorieux, une « simple » r5 turbo faisait mieux.
J’imagine que les versions surpuissantes antérieures a la période citée étaient quand meme un peu justes pour le poids très important de ces paquebots….Est-ce que les systèmes de dépollution bridaient aussi le couple en plus de la puissance ?
Pour faire la correction qui s’impose : Matthew McConaughey joue l’avocat Mickey Haller, l’avocat (de la défense) à la Lincoln et Ryan Philippe joue son client Louis Roulet.
Il faut d’ailleurs noter la plaque de la Lincoln : NTGUILTY pour NoT GUILTY soit « Non Coupable ».
Merci pour cet article, qu’en tant que grand lecteur de Michael Connelly, j’apprécie beaucoup.
En effet, il manquait un mot dans la phrase « l’avocat DE Louis Roulet (Ryan Philippe) se déplace », le DE…
Bonjour. Je possède une continental town car de 1980. Construite en octobre 79, vendue neuve en Andorre, elle est en kms et non en miles, origine canada. Elle n a pas le v8 302 , mais le 351, d où sa puissance fiscale de 33cv. Elle ne possédait pas le rétroviseur droit ( maintenant oui ) et n a pas de régulateur de vitesse, bien qu elle en soit prééquipé. Question chrome, elle a ceux des arches de roues ( sur tout le tour )et ceux des bas de caisse. Elie n a pas ceux de l arrête en bas des portes et au bas des ailes ( au dessus des feux de gabarit latéraux ). Je pense qu elle a ainsi été construite, sinon les chromes des arches de roues n iraient pad jusqu en bas de celles ci.
Quand à la faible puissance des moteur, le miens sort 142cv ( dossier des mines attestant) , pour 5.8l. Le v8 windsor joue la carte du couple à très bas regimr. Le cleveland de même cylindrée est coupleux à contrario, en haut. La bva 4 vitesses, joue bien sont rôle. Ces voitures ne sont pas conçues pour rouler vite, mais pour cruiser à 90/ 100 kmh. Vu le comportement routier, il ne vaut mieux pas trop s amuser. Les films américains, donnent une image diamétralement opposée de la réalité de ces autos.
merci pour ton témoignage