24 heures du Mans 2018 – journée test : à chacun son programme

Pourquoi une journée test ?

Certains esprits critiques vous diront que les organisateurs ont eu cette astucieuse idée de rendre ces essais obligatoires, afin d’apporter une activité supplémentaire sur toute une semaine avant ce que l’on nommait depuis longtemps, la semaine du Mans.

La justification sportive -celle-là- est bien différente. La journée test doit permettre à toutes les équipes de prendre leurs marques avec les voitures sur un circuit très atypique et non permanent. Les pilotes n’ayant jamais participé aux 24 Heures du Mans ou ne figurant pas sur la liste des pilotes confirmés depuis 2013, sont tenus de rouler lors de cette journée.

De plus, conformément au règlement, les pilotes n’ayant jamais disputé l’épreuve, ne l’ayant plus courue depuis au moins 5 ans (toutes les éditions depuis 2013) ou pilotes de la catégorie bronze n’ayant pas participé aux 24 Heures du Mans 2017, auront obligatoirement suivi une formation sur simulateur agréé par l’Automobile Club de l’Ouest. Ils devront également effectuer 10 tours minimum lors de la Journée Test, dont au minimum 5 tours chronométrés complets.

Primordial pour les rookiers comme Jenson Button

L’ACO se réserve le droit de ne pas en retenir un, si ses performances ou ses aptitudes sont jugées insuffisantes. Précisons que pour les vrais rookies, un test préalable sur simulateur est nécessaire, comme l’a effectué par exemple un certain Jenson Button, pourtant pilote confirmé par ailleurs, avec 305 départs en F1 et un titre de champion du monde, en 2009.

Pour être précis, il convient de préciser que quelques pilotes retenus par une course en DTM ne sont pas présents mais ils sont dans les clous au niveau de leur expérience au Mans (Paul Di Resta -United Autosports N°22 licence Platinum-, Philipp Eng– BMW GTE N°81 licence Gold-, Loïc Duval –TDS Racing N°28 licence Platinum- et Augusto Farfus –BMW GTE N°82 licence Platinum).

Pour en terminer avec ce cadre particulier de la journée test signalons que chaque team peut faire rouler jusqu’à 5 pilotes différents, ce qui augure bien du fait que la composition des équipes peut encore, évoluer, à la marge, cependant.

Du point de vue technique, la course des 24 heures du Mans est tellement différente de toutes les autres au monde, que les équipes définissent un kit spécifique pour la disputer dans les meilleures dispositions, aérodynamiques, notamment. Cette fameuse ligne droite des Hunaudières conditionne en grande partie les réglages à adopter, mais pas que.

Pour définir le meilleur set-up de départ, convenant aux trois équipiers (en termes d’efficacité, de sécurité et de confort de pilotage), il est certain que les heures de roulage réalisées lors de ce dimanche vont être décortiquées et exploitées pour qu’au moment des essais libres une validation soit vite acquise en vue de l’obtention de chronos significatifs en qualification.

Une belle empoignade à prévoir en LMP2

A des titres divers, 3 pilotes français roulant dans la catégorie des LMP2, nous confortent dans notre analyse.

Tristan Gommendy, pour sa neuvième participation aux 24 heures du Mans, n’éprouve aucun stress particulier mais nous précise: « On a pas mal de travail pour cette journée test, avec diverses configurations aérodynamiques à essayer, afin d’arriver parfaitement au point aux qualifications. »

Effectivement, avec ses coéquipiers Vincent Capillaire et Jonathan Hirschi, Tristan semble un peu la référence pour guider les membres de l’équipe du Graff-Racing SO24 vers les réglages adéquats de leur Oreca N°39.

Nous retrouvons Paul Lafargue qui va disputer pour la seconde année consécutive les 24 heures sur l’Oreca N°48 d’IDEC Sport avec Paul Loup Chatin et le Mexicain Memo Rojas. Engagé en ELMS et roulant également en 24 H Series sur Mercedes AMG GT3, Paul reste modeste. Il sait qu’au Mans même si on connait un peu le circuit, on ne connait jamais les conditions de course.

Au cours la journée, appliquant un programme « visant à valider des idées de base concernant l’aérodynamique et à tester différents types de pneus », les trois pilotes se répartissaient le temps de roulage, avec un Paul Loup Chatin très vite aux avant-postes sur la feuille des temps.

Humilité et ambition

Pierre Nicolet aborde « toujours avec autant d’appréhension et d’humilité sa deuxième course en LMP2 depuis l’an dernier ». Il nous précise que « pour la Ligier JSP217 N°33, le joker prévu au règlement de la FIA a été utilisé pour procéder à des évolutions aérodynamiques, qui après travaux en CFD et en soufflerie contrôlés par l’ACO, doivent être validés maintenant en piste. »

On verra que la journée sera bien dense dans ce stand de Jackie Chan DC Racing au sein duquel, Pierre Nicolet encouragé par papa Jacques, pouvait compter sur les américains David Cheng et Nicholas Boulle, tout aussi déterminés que lui pour peaufiner des réglages efficaces en vue des qualifications et de la course, dans 2 semaines.

Philippe Sinault, Alpine Signatech

Comme nous l’avons encore constaté ce dimanche le public se montre inconditionnel d’Alpine, qui en raison du championnat 2018-2019 incluant deux fois la course des 24 heures du Mans aligne une seule Alpine Signatech ( N°36) et ce pour des questions d’économie, comme nous le confirme Philippe Sinault le manager, que nous questionnons en cours de journée.

Quel plan avez-vous assigné à l’écurie pour la journée de test?

« Contrairement à l’année dernière nous n’avons pas d’inconnues puisque la voiture est identique. Nous avons par contre tout un tas de process à dérouler pour vérifier que tout marche bien: est ce que la radio marche bien, l’installation des pilotes, le retour des valeurs aérodynamiques, identification de la nouvelle partie du circuit (même si le tracé n’est pas très différent l’environnement diffère un peu. Ensuite, nous allons travailler sur les pneumatiques avec les nouvelles gommes que Dunlop nous a mis à disposition avec essai et contre essai. Enfin pour le moral on va passer un train de pneus pour tenter un peu la perfo. »

L’équipage a un peu changé, tous connaissent bien l’auto et Le Mans ?

 » Oui tous ont déjà fait le Mans et notre pilote Silver (Pierre Thiriet) a une grosse expérience ici. On a déjà roulé au Castellet et à Spa, l’osmose de l’équipage est en place. »

Dans cette écurie emblématique, 28 personnes sont mobilisées techniquement et logistiquement et nous pouvons vous assurer que chacun connait parfaitement sa feuille de route, ce qui nous avons pu vérifier in situ.

On jouera demain des équivalences techniques

En catégorie LM GTE Pro, on n’a pas tardé à constater sans doute la nécessité de rééquilibrer les forces en présence tant, d’entrée de jeu, les 4 Ford (UK et USA) paraissaient au dessus du lot. 3 à 4 secondes derrière les Ford, il est certain que Ferrari va attendre impatiemment un rééquilibrage avec la fameuse BOP, qui devrait octroyer quelques kilos supplémentaires aux fringantes Ford. A la fin de la journée, les écarts sont heureusement plus faibles (1,7 seconde entre les 10 premiers).

BMW réapparaissant dans cette course prestigieuse semble contrainte à refaire ses gammes et la journée test est vraiment une aubaine pour le team. Les Porsche, en force avec des équipages chocs dont certains directement issus des LMP1 triomphantes des années passées (Dumas, Berhnard, Bamberg) ont applique sans doute un programme rigoureux leur permettant en cours d’après-midi de se hisser au niveau des Ford.

En LM GTE AM la lutte sera sans doute comme à l’habitude très serrée entre Porsche, Ferrari et Aston Martin. Après des vérifications techniques matinales sur les réglages et les pneus ad hoc, l’après-midi était consacré à la validation de ces choix par les divers pilotes de chaque team.

Jeu de dupes ?

Comme on s’y attendait un peu dans la catégorie LMP1 on n’a pas eu l’impression d’une grosse attaque et effectivement, si Alonso se montrait le plus rapide la matin son temps était quand même en 3’21 »468 assez loin de la meilleure qualif Toyota l’an dernier en 3’14 »791. Pour autant on ne savait pas trop si voulant éviter toute remise en cause des questions subtiles d’allocation d’énergie, Toyota ne déroulait pas tranquillement son programme de mise en place des deux autos et de tous les pilotes, laissant venir vers eux les non hybrides.

En fait, chez Rébellion on ne se priva pas de démontrer qu’on pouvait tailler des croupières à l’ogre Toyota avec comme pilote de pointe un certain Thomas Laurent. Chez SMP Racing, l’expérimenté Stéphane Sarrazin N°17 apportait toute sa science de la course d’endurance pour les BR1, alors que, les Ginetta N° 5 et N°6 semblaient à la ramasse. La Bykolles N°4 quant à elle a déroulé un vrai programme d’essais, améliorant ses temps de 5 secondes par rapport à ceux réalisés l’an dernier.

A y regarder de plus près, il était clair que chez Toyota on permettait surtout à Alonso d’effectuer le maximum de tours pour assimiler et le tracé et l’ensemble des procédures complexes qu’il a déjà appliquées -avec maitrise- lors des 6 heures de Spa.

Nous nous garderons bien de tirer quelque enseignement hasardeux que ce soit, de cette journée, ponctuée de sorties de pistes, de drapeaux rouges, de voitures de sécurité, de convocations pour non respect des procédures ou de nombreux drapeaux jaunes partiels.

Objectif qualifications

La bonne météo aura permis de réaliser les vérifications souhaitées et d’enregistrer une somme considérable de données, que les teams vont s’empresser de digérer et d’interpréter pour être fins prêts pour les premiers essais selon le programme suivant:

Mercredi 13 juin

16 h 00 – 20 h 00 : Essais libres

22h 00 – 0 h 00 : Essais qualificatifs 1

Jeudi 14 juin

19 h 00 – 21 h 00 : Essais qualificatifs 2

22 h 00 – 0 h 00 : Essais qualificatifs 3

Bientôt donc pour de vraies aventures à venir.

Alain Monnot

Photos: Thierry Coulibaly et Alain Monnot (sauf en-tête : Mike HOYER (JEP – ELMS/WEC))

(14 commentaires)

  1. Euh la meilleure qualif toyota l’an dernier c’était 3:14

    J’espère en tout cas que l’ACO va prendre en compte que les Toyota on 5s sous le pied et pas eoté la tronche des privés…

    1. @BlablaPaige : tout à fait. 3:14.791 même. Merci de votre vigilance
      (pour info 3:16.887 était le temps de 2015).

      Cette année, il faut que Toyota gagne avec le LMP1…
      Sinon c’est seppuku pour tout le monde.
      Car il se dit de plus en plus que l’an prochain ce sera GTE pour le constructeur japonais.

      On vous prépare différentes interviews des acteurs comme chaque année pour cette quinzaine du Mans.

      1. GTE avec la supra……Pourvu que d’autres équipes s’inscrivent en lmp1…ou alors il faut lacher la bride aux gte pour avoir des voitures rapides (j’étais sur place hier, quand on voit que la meilleure gte été a 300 dans les hunaudières, ça fait sourir le grand public qui regarde auto moto ou on lui montre qu’il peut acheter une porsche qui va a 350….)

      2. @Thibaut Emme jamais, toyota n iras meme pas en GGTE, je ne sais en aucun cas d ou tu sort tes conneries, stop les fakes news

        1. @ Vic « @Thibaut Emme jamais, toyota n iras meme pas en GGTE, je ne sais en aucun cas d ou tu sort tes conneries, stop les fakes news »

          Et le « concept » de la Supra, tu en fais quoi ?! Pourquoi ça serait impossible ? Vu la tournure du LMP1, ça me paraîtrait logique.

        2. @Vic : déjà si on pouvait éviter certains mots, le site ne s’en portera que mieux. Merci 🙂

          Ensuite, la supra est compatible avec le règlement et Toyota est près à regarder toutes les opportunités.
          On vous prépare une ITV de Pascal Vasselon avant les 24h.

          Après ce n’est pas fait, mais cela semblerait logique vu qu’ils sont seul constructeur en lmp1 hybride. A vaincre sans péril….

          Et avouez qu’une bataille de chiffonniers en GTE++ (brides relevées) cela rappellerait qq années glorieuses des 24H non ? 😉

          1. Oui, mais non, toyota ne partira pas l’an prochain, il resterons jusqu’en 2020 pour le new rules. Et cette année ils vont dominer. Mais j aime les surprise, mais rebellion n’a aucune chance car ils ont tout donner pour finalement peu

  2. Au début j’ai cru que c’était pour 2016, mais au final c’était 3:20…

    Vu tout le bordel avec l’EOT qui tourne au ridicule, pour cette année j’espère vraiment que c’est un privé qui l’emporte, restera celle la course de 2019 pour Toyota…

    Après vu que je soutiens les privé, ça veux dire qu’aucun d’eux ne va finir la course, l’année dernière les voitures que j’ai soutenu ont tous….eu une course tragique, sauf la Rebellion n°13 qui à fini 3è….avant d’être disqualifé :s

  3. Je crois que la comparaison avec les temps de l’année dernière ne s’impose pas forcément puisque, me semble-t-il, pour égaliser les chances entre hybrid et non-hybrid, les Toyota ont reçu un tour de vis qui abaisse leurs performances. Cela ne les empêchera certainement pas de dominer, mais pas sûr qu’elles soient aussi rapides qu’en 2017.

    1. La qualif à Spa était relativement la même que celle de 2017.
      Oui Toyota a moins de quantum d’énergie (ou je ne sais plus quelle règle de l’EOT) mais les temps devraient être similaires.
      Bon on n’en est encore qu’aux tests, mais beaucoup d’observateurs estiment que les TS050 cachent leur jeu.
      Une domination à outrance ne sera pas bon en terme d’image. Mais savoir qu’on a de la marge permet d’être plus sereins.

    2. Les gars, vous etes srx ou ????? C est le test day, chaque equipe ne joue pas le temps, et encore moins les photos, Les LMP1 sont ici pour le réglage, mais comprenez qu au qualif (quasi et non essai) Les chronos de ginetta, dragonspeed, bykolles et sms vont s envoler, tout comme toyota qui va tout niquer (rebellion ont eu le malheur d avouer qu il avaient tout donner pour avoir des chrono comme cela), mais je veux être surpris

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