Selon le principal groupe de réflexion politique du gouvernement indien, la dépendance de l’Inde vis-à-vis des composants importés pour les véhicules électriques pourrait rendre le pays vulnérable aux cyber-attaques.
L’Inde devrait doper sa production locale d’équipements
S’exprimant dans le cadre d’un entretien, V.K. Saraswat, un des membres du groupe de réflexion, Niti Aayog, a déclaré que l’Inde devrait fabriquer la majorité des pièces nécessaires à son parc de véhicules électriques. Il estime en effet que les équipements importés pourraient faire l’objet de malversations. Selon lui, l’ensemble des logiciels et au moins 55% des composants doivent être fabriqués au niveau national afin de sécuriser les véhicules électriques et le réseau. Il a ainsi exhorté à ce qu’une fabrication locale prenne rapidement de l’essor.
Une dépendance source de risques
«Alors que pour ses véhicules électriques la Chine fabrique tous les éléments de la chaîne de la puce au convertisseur, les constructeurs automobiles indiens utilisent des équipements électroniques importés», a mis en avant V.K. Saraswat.
Selon la firme d’audit PwC India, les constructeurs locaux de véhicules électriques importent près de 80% du cœur d’une voiture électrique, y compris la batterie et le système d’exploitation de la batterie. Elle observe parallèlement que la chaîne d’approvisionnement locale est naissante, les volumes étant très faibles à l’heure actuelle. Fin mars, l’Inde devrait compter 10 000 batteries pour véhicules automobiles et 100 000 pour les deux-roues.
De sources juridiques, on indique que dans plusieurs industries équipées via des instances étrangères, il y a eu des cas où une voie détournée est restée ouverte, laissant l’accès libre à une remontée d’informations aux fournisseurs d’équipement. Une situation « qui pourrait avoir des implications pour la sécurité nationale », précise même le partenaire d’un important cabinet de conseil juridique.
Un marché électrique naissant … et prometteur
L’année dernière, l’administration du Premier ministre, Narendra Modi, a déclaré que son objectif était que son pays soit en majorité équipé de véhicules électriques d’ici 2030. Pour rappel, à l’heure actuelle, environ 3 millions de véhicules à moteur à énergie fossile sont vendus chaque année en Inde.
Tentant de doper le marché naissant des véhicules électriques sur son territoire, le pays a récemment lancé son premier appel d’offres pour l’achat de 10 000 voitures électriques à usage gouvernemental. Ce dernier a été remporté par les constructeurs automobiles indiens Tata Motors et Mahindra & Mahindra.
Certains constructeurs étrangers cherchent également à entrer sur ce nouveau segment de marché. Hyundai est ainsi en passe de devenir le premier constructeur international à introduire un véhicule électrique sur le territoire indien l’année prochaine. Envisageant pour ce faire de mettre en place un procédé de Complete Knock Down (CKD), ensemble de pièces détachées nécessaires à l’assemblage complet d’un véhicule.
Bornes et véhicules séparés par un pare-feu ?
L’Autorité centrale de l’électricité, organisme de planification de l’Inde pour le secteur de l’électricité, a récemment présenté un rapport au gouvernement concernant la cyber-sécurité liée aux véhicules électriques. Une des propositions est de faire en sorte que les VE et les bornes de recharge n’aient pas le même système de communication, de telle sorte qu’il y ait un système de pare-feu empêchant une voiture de communiquer avec le réseau électrique.
Certains analystes estiment pour leur part qu’un tel discours de la part du gouvernement indien servirait avant tout à justifier le soutien à la branche de production nationale, car pour eux, le risque est d’ores et déjà avéré.