Des bouchons de liège aux voitures
Créée en 1920 sous le nom de Toyo Kogyo et fabricant des bouchons de liège à son origine, Mazda se lance dans les petits camions en 1931. Le nom Mazda apparaît quelques années plus tard. Sa première voiture de tourisme lancée en 1960 (la R360 NDLA), Mazda acquiert les droits du moteur rotatif Wankel ce qui va bâtir la légende Mazda.
Pendant ce temps, Kenichi Yamamoto sort diplômé de l’Université Impériale de Tokyo en 1944 et travaille dans l’aviation jusqu’à la fin de la seconde Guerre Mondiale et la reddition du Japon. Dès la fin de la guerre, il rentre chez Toyo Kogyo qui a abandonné les bouchons et fabrique des camions ainsi que de l’armement.
Entré en bas de l’échelle
Entré à l’assemblage malgré ses diplômes, il gravit rapidement les échelons et travaille alors sur les moteurs. En 1960, le DG Tsuneji Matsuda lance une équipe de recherche sur le moteur rotatif. Yamamoto dirigera l’équipe Shijyu Shichi Shi. Connus comme les « 47 Samurais » ils seront en charge du développement du moteur Wankel (via l’accord avec NSU).
Pour Mazda, l’enjeu est énorme. En effet, le Japon se reconstruit et se transforme. Il faut tailler dans les entreprises et favoriser celles qui peuvent exporter et croître. Mazda n’est pas de celles-ci dans l’automobile, contrairement à Nissan ou Toyota. Le moteur rotatif « made in Mazda » fait ses débuts dans la Mazda Cosmo. Présentée en 1963 au Salon de Tokyo, la voiture prend la route en 1967. Mue par un bi-rotor de 110 chevaux, elle demande à être cravachée dans les tours. L’héritage du Wankel est là.
Le rotatif devient la signature de Mazda. Fort de ce succès, Yamamoto continue de gravir les échelons. Il prend la direction de la R&D à la place de Matsuda. Puis, il devient Directeur Général de Mazda fin 1984 quand le constructeur atteint son 10 millionième véhicule produit. 15% de ces véhicules ont un moteur rotatif. Il cédera la place à Masanori Furuta en 1987, devenant Président.
Miata, Flat Rock, partenariat avec Ford et Le Mans
Sous sa présidence, la Miata sera lancée en 1989. Mazda lance également son usine de Flat Rock aux USA. Mais, surtout, Mazda veut démontrer la supériorité du rotatif via le sport. Le rotatif est déjà présent en sport automobile via la RX-7 GT (1974) et Mazda s’est lancé dans les prototypes pour courir les 24 heures du Mans.
La 717C participe en 1983 et annonce une folle aventure vers la victoire finale. 717, 727, 737, 757 puis plusieurs évolutions de la 767 avant la 787B. Le bi-rotor a laissé place à un quadri-rotor, le R26B 2,6 litres. En 1991 c’est le climax du rotatif.
La Mazda 787B remporte les 59èmes 24 Heures du Mans en 1991. A ce jour, c’est le seul constructeur japonais à avoir remporter la course sarthoise et le seul moteur « sans piston ».
Ce sera également le point d’orgue de Yamamoto qui quitte Mazda en 1992. Entre temps, il a renforcé le partenariat entre Mazda et Ford. Mais, le constructeur japonnais y perd son identité pour beaucoup de fans.
Le rotatif lui est toujours en veille technologique, même s’il n’est plus vendu dans une voiture de série. On citera un rotatif fonctionnant à l’hydrogène en 2003 ou plus récemment un rotatif utilisé comme prolongateur d’autonomie en 2013.
Les hurlements du Wankel hantent les Hunaudières
Mais, pour tout le monde ou presque, le rotatif est l’identité de Mazda et à chaque fois que les prototypes quadri-rotors prennent la piste en hurlant dans les tours, un frisson de nostalgie parcourt le public.
Né le 16 septembre 1922, Kenichi Yamamoto est décédé en cette fin décembre.
Illustration : Mazda (la 787B fête les 20 ans de sa victoire au Mans en 2011, Yamamoto et le moteur rotatif)