Les concepts-cars français : Renault Megane (1988)

Pour inaugurer notre nouvelle saga, quoi de mieux que la Renault Megane de 1988 ? L’un des premiers concepts cars modernes de nos constructeurs nationaux ?

Le concept Renault Megane est dévoilé au Mondial de Paris de 1988. S’il n’est pas le premier concept de Renault au sens propre (on rappellera l’ItalDesign Renault Gabbiano de 1983), c’est le premier de « l’ère moderne ». On fêtera d’ailleurs ses 30 ans en 2018. En 1988 il fut accompagné par la Citroën Activa et la Peugeot Oxia que l’on traitera également sous peu.

Avant de s’intéresser à son style, la fiche technique du concept Megane est alléchante. En effet, grande berline 4 places, elle est mue par un V6 turbo de 3 litres, développant 250 chevaux. La puissance est transmise aux 4 roues.

Ce V6 PRV se retrouvera sous le capot de l’Alpine A610 un peu plus de 2 ans plus tard. Certains regretteront sans doute ce temps où les motorisations françaises étaient encore en V et dépassaient les 4 cylindres.

Le conducteur peut se mettre en mode automatique, ou bien manuel pour passer les vitesses. Les suspensions sont pilotées électroniquement.

Première de Patrick Le Quément chez Renault

Mais, le concept Megane est une grande première sur plusieurs plans. Tout d’abord, la régie Renault (encore publique) vient de nommer, un an avant, un jeune designer chargé de redynamiser la marque. Son nom ? Patrick Le Quément. Sa première pierre à l’édifice, c’est donc ce concept Megane. Il succède au maître Robert Opron (qui a signé la Citroën CX ou SM).

C’est aussi la première fois depuis très longtemps que Renault donne un nom à l’une de ses voitures et non plus un numéro. Enfin comme un clin d’œil de l’histoire automobile, ce concept Megane est présenté 3 mois après la nouvelle Renault 19, voiture à laquelle succédera la Megane de série, 7 ans plus tard.

Prémisses de 20 ans de style Renault

Esthétiquement, cette Renault Megane Concept ressemble à tout, sauf à une Renault de l’époque. Et c’est une volonté de la Régie Nationale d’en finir avec les codes de Opron. De face, l’absence de calandre, des feux en bandeau, assez fin, on pourrait croire avoir affaire à une Citroën comme la XM (qui sortira 1 an après NDLA).

En revanche, de profil, on retrouve le style que Patrick Le Quément développera tout au long de sa carrière chez Renault. La bulle et la malle arrière sont les prémisses de la Vel Satis ou d’autres véhicules qui n’arriveront que bien plus tard.

Le bas du bouclier se retrouvera presque tel quel sur la phase 2 de la Renault 19 en 1992. L’arrière avec son large bandeau de feux, fait également penser à la Safrane dont le développement vient d’être mis en route chez Renault et qui sortira en elle aussi 1992. Ce concept Megane est d’ailleurs la première pierre de la nouvelle grande routière de Renault.

Le concept Renault Megane est « très lisse ». Comme beaucoup de concepts de cette époque, il vise le plus faible CX possible. Ici, 0,21 ! Le capot est très plongeant et pratiquement dans l’alignement du pare-brise. Ce dernier est très arrondi et se poursuit avec le toit, sans angle marqué.

Les vitres des portières suivent le même style tout en rondeur et l’absence de montant extérieur amène Renault a n’avoir qu’une toute petite ouverture à l’avant. En cela, ce concept est très représentatif de son époque. Pour améliorer encore plus l’aérodynamique, le Concept Megane n’a pas de rétroviseur mais des caméras.

Salon roulant, vitre arrière mobile

Ce concept Megane 1988 se veut dans la lignée du Renault Espace, une voiture à vivre. La voiture est très longue et dégage un vaste espace intérieur. Les portières avants et arrières sont coulissantes en opposition et il n’y a pas de pied milieu.

Résultat, les occupants ont 1,65 m de large pour monter dans ce salon roulant. A l’intérieur, il y a 4 énormes fauteuils recouverts de velours et de cuir. Ils sont réglables électriquement. Le fauteuil conducteur, à mémoire, recule et pivote de 60° pour aider à la montée/descente. Mais, le siège passager peut, lui, pivoter à 180° pour se retrouver face aux deux passagers arrières.

Ces derniers sont sans doute les plus chouchoutés avec des fauteuils qui peuvent s’incliner (et avec repose jambes dépliable). L’une des astuces pour pouvoir faire cela réside dans la bulle arrière qui peut reculer sur 35 cm !

La Megane Concept ne dispose pas d’un hayon mais d’un coffre. Pour aider à mettre et sortir les bagages, le plancher coulisse avec une partie du bouclier qui suit.

Technologiquement visionnaire

Outre son dessin, l’autre aspect intéressant de ce concept, c’est la débauche de technologies dont il dispose. Sauf que certaines n’existaient pas, ou à peine. Mais, avec le recul, Renault était sacrément visionnaire.

En effet, nous avons déjà vu qu’il dispose de caméras. Au nombre de 3, elles permettent la rétrovision via des écrans positionnés au niveau des compteurs. A noter que la troisième caméra (qui remplace le rétroviseur intérieur) est positionnée à l’arrière, légèrement décalée. Si ce n’est toujours pas dans nos voitures de série pour les rétroviseurs/caméras, cela ne saurait tarder.

Pour accéder à la voiture, on utilise une télécommande. Plus de clé pour cette Megane. La télécommande se positionne sur le tableau de bord pour autoriser le démarrage (via un bouton). Ce positionnement déclenche aussi le réglage automatique du fauteuil conducteur. Des technologies que nous avons désormais. On notera aussi des concepts de boutons sur le volant.

Le concept dispose également d’un système audio-vidéo avec lecteur de CD-Rom (moderne pour l’époque). Les passagers arrières ont même deux écrans pour se divertir. Ces derniers s’escamotent dans le plafond et son reliés à un lecteur VHS (époque oblige). Évidemment, la voiture dispose d’une climatisation automatique, vitres électriques, portières électriques. Mais aussi d’un capot électrique et même d’un volant réglable électriquement.

Mais, il y a aussi un téléphone intégré au système audio (!) ainsi qu’un moyen de positionnement avec écran tactile. Oui, un GPS embarqué. Renault le voyait déjà indiquer les hôtels, les restaurants, les embouteillages et même les places de stationnement libres. Visionnaire on vous dit ! Le véhicule sera même exposé 2 ans plus tard au Consumer Electronics Show de Las Vegas, sur le stand de Philips qui signait toute l’électronique intérieure.

Le début de la fin des grandes routières au losange

Hélas, ce concept préfigurant le renouveau de la grande berline à la française par Renault sera le début d’une période chaotique sur ce segment. La Renault 25 (dessinée par Robert Opron) s’est écoulée à près de 800 000 exemplaires en 8 ans, son successeur, la Renault Safrane atteindra péniblement 310 000 unités en 10 années de carrière.

Quant à la Vel Satis, un peu plus de 62 000 unités en 7 ans finiront d’achever pour un temps les ambitions de Renault dans le segment.

L’an prochain, on fêtera les 30 ans de ce concept. Espérons que Renault lui souhaite son anniversaire car il fait parti des concepts-cars français un peu oubliés, alors que c’est un jalon dans l’histoire automobile française.

Illustration : Renault

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