« Duffy » Livingstone (1925-2017) : le karting est orphelin

Frank Stanley Livingstone était né à Springfield, dans l’Illinois. Il n’avait qu’un an lorsque ses parents partirent pour Pasadena, en Californie. En 1939, il décrocha un stage chez un fabricant de maquettes. Ses collègues l’appelèrent « Duffy » (il avait oublié pour quelle raison.) Sa première voiture, ce fut une Ford T, payée 12 dollars (dont 4 prêté par un ami.) Mais il ne s’éloignait jamais de ses parents. Du coup, il préféra faire du vélo ! Durant la deuxième guerre mondiale, il fut marin dans le Pacifique.

En 1946, il fut démobilisé et il retourna à Pasadena. L’heure était aux hot-rods. Alors il en acheta un à un certain Dave « Mitch » Mitchell. Mitch était préparateur de rod et il n’était pas content des silencieux. Ainsi, Duffy se lança dans la fabrication de silencieux pour rods. Grâce au roman Hot rod, le phénomène prit de l’ampleur et Duffy se retrouva à la tête d’une PME.

En 1955, Chevrolet remplaçait facilement ses V8 sous garanti et il ne récupérait même pas les blocs cassés. Des concessionnaires marrons donnaient quelques coups de maillet juste avant de livrer une voiture neuve. Comme ça, le propriétaire se plaignait d’un « bruit », Chevrolet envoyait un nouveau moteur et le vendeur de revendre le V8 « cassé ». Duffy récupéra ainsi un V8 Chevy. Il l’installa dans un rod qu’il baptisa Tihsepa et il voulu faire du dragster avec. Il prétendait que c’était un nom italien… Jusqu’à ce qu’un responsable des inscriptions eu l’idée d’inverser les lettres. Et en 1955, les responsables de piste manquaient d’humour… Faute de dragster, Duffy tenta sa chance au circuit de Ponoma. En fait, il voulait surtout un pass « pilote ». Un ami imprimeur reproduisit le pass dans la nuit  et tous les copains de Duffy purent rentrer gratuitement… Il termina tout de même 8e de l’épreuve.

Avec tout ça, Duffy commençait à devenir une célébrité en Californie, dans le monde du rod. Un beau jour de 1957, il visita les ateliers du constructeur de roadsters d’Indycar Kurtis Kraft. Dans un coin, il repéra une drôle de machine. Art Ingels, un mécano, avait monté un moteur de tondeuse sur un châssis tubulaire. Emballé, Duffy demanda à Ingels s’il pouvait copier l’idée. Dans un surplus, il trouva un moteur de drone et il baptisa son véhicule, le Drone. Il en fabriqua un deuxième pour un ami. Le Rose Bowl est un stade de foot (NDLA : oui, de foot « européen ») qui servait à l’occasion de piste en terre battue. Un soir de course, Duffy, son ami et Ingels squattèrent le parking, transformé en piste improvisée. Les concurrents de la course furent intrigués et Duffy eu plusieurs commandes de Drone. Ainsi, week-ends après week-ends, il y avait de plus en plus de Drone sur le parking du Rose Bowl… Jusqu’à ce que la police leur dise de débarrasser le plancher. Duffy et sa bande -toujours plus nombreuse- écumèrent les parkings. Duffy laissa tomber les silencieux et il songea à produire en série ses petites puces. Il lui fallait un nom. Un ami publicitaire lui proposa dart kart, zip kart, fun kart et go-kart. Ce fut « go-kart ». Il fonda alors le Go Kart Club of America.

A partir de là, tout va très vite. En juillet 1959, il y a une course internationale à Nassau avec un prix de 1000$. Dan Gurney fait le mur pour y participer. Un journaliste de l’Auto-journal aperçu un kart. Il écrivit un papier très enthousiaste. Son patron, Jean-Marie Balestre, flaira le filon et il fonda le Kart-club de France. En 1963, le fabricant de vélo Birel se lança dans le karting. En 1964, le motard Guido Sala remporta le premier championnat du monde de karting. Les pilotes de kart étaient toujours plus jeunes et toujours plus ambitieux. 10 ans plus tard, Riccardo Patrese devenait champion du monde et l’année suivante, en 1975, un certain Alain Prost devint champion de France de kart…

Duffy, lui, il s’était retiré dès le début des années 60. Il n’avait pas vocation à être pilote ou à produire des kart en quantité industrielle. Il se retira dans l’Oregon, devenant éleveur d’animaux et une figure de l’aéromodélisme.

Crédit photo : British Historic Kart Club

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