Ou quand Merkel lance un pavé dans la mare. Dans un entretien au magazine allemand Super Illu, la chancelière allemande a ni plus ni moins laissé entendre que l’Allemagne devrait à terme interdire la mise en circulation de nouveaux véhicules diesel. Emboîtant ainsi le pas à d’autres pays européens. Plus encore, elle a pour la première fois admis que la fin du diesel était inéluctable. Le scandale des émissions polluantes lui aurait donc été fatal.
Une bien bonne manière de relancer l’économie soit dit en passant … contraignant à plus ou moins loin terme nombre d’automobilistes à acquérir de nouveaux véhicules afin de se conférer aux normes, envoyant au rebut une foultitude de voitures utilisées vaille que vaille. Les charges de recherche et développement et les frais générés par cette conversion de grande ampleur – permettant de renouveler en partie le parc automobile – pourraient alors être contrebalancés par les rentrées d’argent sonnant et trébuchant issues des ventes générées par cette percée écologique. Certes, à l’heure actuelle, Angela Merkel exclut d’imposer le retrait de la circulation des véhicules polluants déjà en service, une telle démarche revenant selon elle à « punir ceux qui ont acheté des voitures en toute bonne foi ».
La dirigeante allemande a toutefois refusé de s’engager sur un calendrier précis, ni même sur une année précise. Elle a toutefois estimé que les projets du Royaume-Uni et de la France de supprimer progressivement les voitures à combustion interne d’ici à 2040 allaient « dans le bon sens ».
Désormais, le défi des constructeurs pourrait bien être d’être prêt à répondre à la demande des consommateurs, en conformité avec les nouvelles normes à venir. Sous peine de se voir damer le pion par les industriels ayant misé sur les nouvelles motorisations sans être contraints de se cannibaliser. Or, les constructeurs allemands ont été dans l’ensemble plus lents que leurs concurrents étrangers à se tourner vers la voiture électrique, bon nombre d’entre eux dopant leurs chiffres d’affaires via la vente de grosse cylindrées depuis de nombreuses années.
A noter que cette déclaration d’Angela Merkel intervient au tout début de la reprise de sa campagne électorale pour les élections fédérales du 24 septembre, alors qu’elle avait observé trois semaines de pause. Rappelons que le secteur automobile constitue la première source d’exportations de l’Allemagne et représente environ 800.000 emplois. De ce fait, il constitue un enjeu politique et économique outre Rhin.
Pour rappel, au début du mois d’août, le gouvernement et les constructeurs allemands ont signé un accord prévoyant de modifier les moteurs de 5,3 millions de véhicules diesel en vue de les rendre moins polluants. Une démarche motivée notamment par la volonté de redorer le blason d’un secteur fortement secoué par le scandale Volkswagen. Les ministres et porte-parole du gouvernement avaient refusé de s’engager en suivant sur une disparition progressive des voitures diesel, en l’absence d’Angela Merkel, en congés.
A l’occasion de son entretien au journal allemand, la chancelière a de nouveau affirmé qu’il était de la responsabilité des constructeurs de retrouver la confiance des consommateurs après le scandale des émissions polluantes, y compris via des promotions et des mises à jour de logiciels. Martelant à nouveau que les consommateurs « trompés » devaient pouvoir compter sur les performances promises en matière de respect de l’environnement. Elle a toutefois tenu à préciser que les avantages fiscaux favorisant les voitures diesel resteraient en vigueur pour le moment, ces véhicules émettant moins de dioxyde de carbone que les moteurs à essence.
Angela Merkel a par ailleurs indiqué que la priorité des années à venir devait aller au développement d’infrastructures de recharge de batteries permettant une circulation plus aisée des voitures électriques.
Sources : Reuters, Presse allemande
Crédit Photo : VW